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samedi 22 décembre 2007

"Une semaine à la montagne".

Je viens de passer une semaine à Arcs 1800, en espérant bien m'y refaire des globules rouges et une santé. 

Je dois dire que j'aime ce pays et que les paysages m'enchantent.

Le temps a été magnifique et j'ai pu faire du ski tous les jours, ou presque. 
Le "presque" est du à une chute arrivée l'avant dernier jour. Il y a deux ans je m'étais fracturé le poignet droit, une mauvaise fracture qui m'a handicapée un bon bout de temps . Cette fois ci, c'est le poignet gauche(http://giboulee.blogspot.com/2006/04/poignet-cass-fvrier-avril-2006.html).
Je suis tombée à l'entrée d'une piste que je connais bien, mais ayant fait des pistes nouvelles (ce dont je suis très contente) je me sentais fatiguée et j'aurais peut-être du ne pas rentrer par là. J'ai pu me relever (presque) sans efforts, utiliser quand même mon poignet et malgré la douleur et le choc que j'avais ressenti lors de la chute, je ne voulais pas envisager l'hypothèse d'une fracture. Ceci pour dire que j'ai hésité avant d'aller voir un médecin. 

Il a eu du mal à identifier la fracture qui est une fracture par tassement, mais je me suis quand même retrouvée avec un plâtre et une énorme envie de râler. Il a souhaité que je vois un orthopédiste dans une dizaine de jours.

Le soir, la douleur était là, bien présente. Certes je pouvais utiliser le clavier de l'ordinateur, mais pas le soulever pour le déplacer. J'avais l'impression d'avoir une main molle, incapable de faire quoique ce soit. C'est une impression presque désespérante: avoir une main en cire qui ne vous obéit pas, qui se dérobe et qui vous fait mal. Les gestes habituels sont devenus 
problématiques, que ce soit dévisser un bouchon, tenir un objet, et même manger.

Comme je l'ai déjà écrit, la douleur ce n'est pas mon truc, alors j'ai pris ce qu'il fallait et pour ne pas avoir mal et pour dormir.

Le jeudi, je dois dire que l'idée de ne pas skier et d'être privée de ce sport pendant un mois, m'a été douloureuse. Mon mari a eu l'idée d'une promenade en forêt et ce fut un vrai régal.
 


En surface la neige était recouverte de lamelles cristallisées; je n'avais jamais vu cela.

Quitter les Arcs m'a été un peu difficile. 

En rentrant chez nous, j'ai décidé de prendre un rendez vous en urgence avec l'orthopédiste, spécialiste de la main, sans attendre le moindre délais. J'ai pu avoir un rendez vous pour le samedi.

En rentrant chez moi, il y avait aussi une autre bonne nouvelle, les résultats des examens de sang consécutifs à l'anémie trouvé le 26 novembre. D'une part tous les indicateurs sont bons, mais surtout en l'espace de 15 jours la numération est redevenue normale. Je doute fort que le ferograd ait pu remonter le taux hémoglobine de manière aussi spectaculaire. J'ai du mal à admettre une faute de mon laboratoire habituel, alors je ne comprends pas et il y a là comme un petit miracle qui s'est produit et qui correspond un peu à la sensation que le cancer était enfin derrière.

Aujourd'hui j'ai donc eu mon rendez vous. Le chirurgien n'est pas certain qu'il y ait une fracture et me propose de revenir dans 15 jours avec une nouvelle radiographie et l'ablation du plâtre. S'il retrouve la fracture, il me mettre une attelle, si elle n'y est pas, rien du tout. Je dois dire que cela c'est un super cadeau de Noël, d'autant que ma main est un peu moins sensible et un peu plus vivante.

Je crois, et c'est important pour moi de le dire, que si j'apprécie autant ce médecin, c'est que depuis que je le connais, j'ai toujours eu l'impression d'être "unique" pour lui, et pourtant Dieu sait qu'il en a vu des choses et des patients depuis qu'il pratique ce métier.
   


Il reste toujours la question des angiomes de mon foie, mais la normalisation de la formule sanguine est pour moi une sorte de petit miracle (je n'ai pas d'explication) qui me donne beaucoup de joie.


jeudi 13 décembre 2007

"Anémie suite".

J'avais donc rendez-vous lundi avec mon oncologue. Le patient qui avait rendez vous avant moi n'était pas encore passé, et le temps s'écoulait assez lentement. Avec un livre c'est un peu plus facile, mais quand même. Comme il manquait un résultat pour ce monsieur j'ai pu avoir sa place, donc mon retard a été relativement léger. Mais quand même de l'ordre de la demi heure. 

Un certain nombre de réponses m'ont été données: 
- la taille de mon sein (plus gros que l'autre) et la douleur dans le bras:normal. Irradiation et chirurgie. 
- les cellules inflammatoires et hémorragiques dans les frottis: normal aussi: tamoxyfène.
- la fatigue: pas normale mais peut -être liée à l'anémie.
- l''anémie: pas normale. Ce n'est pas une anémie par carence de fer, donc il faut chercher ailleurs. Une analyse de sang plus poussée pourrait donner des pistes. Cela a été fait tout de suite après la consultation, mais les résutats ne me seront communiqués qu'au début de la semaine prochaine et moi, la semaine prochaine je suis à la montagne (pour me refaire des globules rouges).

Une autre piste possible: les angiomes "géants" de mon foie qui ont augmenté de taille depuis le mois de mai et qui pourraient provoquer une hémolyse du sang. Donc IRM en janvier et nouvelle consultation le 7 janvier.

Moi qui espérais bravement que le ferrograd réglerait la question de l'anémie, je suis un peu déçue et un peu perplexe, parce que ce qui touche au foie je n'aime pas trop. J'ai connu dans ma pratique à l'hôpital des enfants porteurs d'angiomes internes et les traitements étaient très difficiles avec des phases d'alimentation très complexes. Mais je doute fort que ce soit mon cas. 

Il est possible que cette augmentation soit liée au tamoxyfène. Dans ce cas ce médicament ne serait plus bénéfique et devrait être arrêté. Comme je ne peux pas prendre l'autre molécule qui déminéralise les os, cela pourrait signifier que je ne prendrai plus rien... Après tout le nodule ne mesurait que 7mm a dit le cancérologue et si le remède doit être pire que le mal alors il faut réfléchir avant d'agir.  

Mais ce je trouve très curieux c'est que dans ma tête, malgré cette fatigue qui perdure et m'attaque comme je l'ai déjà écrit, le cancer est enfin derrière. Une étape est franchie: j'ai eu un nodule cancéreux, j'ai été soignée pour cela et maintenant je vais bien.

Comme je l'ai dit, je ne peux pas employer le terme de guérison (peut-être un reste de superstition enfantine) , mais en moi, quelque chose a été nettoyé, purifié si je puis dire. 

Je ne sais pas ce que vont donner les investigations du foie, malgré l'utilisation du mot nodule qui est employé dans le compte rendu des radiologues. J'ai juste l'intention de profiter de la semaine à la montagne et des fêtes de Noël. 

angiome: malformation vasculaire circonscrite, le plus souvent d'origine congénitale, constituée par une agglomération de vaisseaux sanguins (hémangiome) ou lymphatiques (lymphangiome)




jeudi 6 décembre 2007

"Encore un dragon".


Le dernier billet"brisement" traduisait un état que je peux qualifier d'un peu dépressif. Pour schématiser, je me sens attaquée en profondeur tant par le cancer que par les traitements. Il ne s'agit pas d'un raisonnement rationnel, mais d'une réaction affective, émotionnelle.

Lundi j'ai eu des examens radiologiques: poumons, seins et des échographies abdominales et pelviennes. Je dois dire que je me demandais ce qu'on allait encore trouver comme dysfonctionnement de mon pauvre corps.

Pour ces examens il fallait que je sois complètement à jeun (pas de boisson) pour l'échographie du foie et la vessie pleine pour l'échographie pelvienne. Je n'était pas de très bonne humeur à cause de ces deux contraintes.

L'échographie du foie a pris un certain temps car il semble que les angiomes géants excitent la curiosité des radiologues. Ceci dit on verra bien si d'autres examens sont à faire. Le foie est pour certains un organe symbolisant la colère.

Celle de l'utérus est bonne me semble-t-il. L'endomètre (puisque c'est lui qui est sensible à l'action du tamoxyfène) est normal actuellement, ce qui est le principal pour moi.

La manipulatrice radio était amicale et attentive à mon confort, ce que j'ai apprécié.

L'un dans l'autre ces examens ont quand même pris deux heures.

En rentrant chez nous, j'ai eu comme des envies destructrices: cracher du feu sur tout le monde, écraser tout ce qui était sur mon passage (ou celui de notre voiture) bref être tout sauf quelqu'un de civilisé. Et je m'imaginais en dragon crachant du feu par petites bouffées.

Cela peut tout à fait s'entendre comme une bascule de l'état dépressif à un état un peu hypomaniaque, mais je dois reconnaître que cela fait du bien. Cela me permet (parce que je suis bâtie comme cela) de m'imaginer en animal mythique et mythologique, capable de voler, de dominer (enfin) de détruire, mais aussi comme me l'a appris un de mes petits patients de ronronner en cas de bien être.

Alors j'ai un peu oscillé entre des moments où le feu sortait et des moments où le ronronnement interne me calmait.

Un massage "shiatsu" était prévu pour mardi et je dois dire que je l'attendais avec une certaine impatience.

Ma thérapeute n'a pas trouvé le foie volumineux, ce qui est un peu rassurant. Par contre elle a trouvé que l'émotionnel était vide. Il s'est fait un travail sur le bras gauche qui est le bras du sein opéré. Ce bras est douloureux depuis un certain temps. Et lors du travail sur les méridiens qui sont dans ce bras j'ai ressenti un moment de profonde détente de grand bien-être. J'ai eu beaucoup moins froid cette fois ci que lors du massage précédent. D'une fois sur l'autre, en fonction de l'état dans lequel on est, les sensations sont très différentes.

J'ai ressenti dès le début du massage une grande chaleur dans l'abdomen. Cette chaleur n'est pas induite par la chaleur des mains du thérapeute, même si elle est induite par le mouvement des mains. C'est une chaleur difficile à décrire, car à la fois c'est brûlant, mais en même temps doux. Quelque chose se remet à circuler. je ne sais comment ce quelque chose doit s'appeler. Il y a le terme d'énergie, mais pour moi c'est un peu un mot valise dans lequel on mettre des masses de significations.

Peut-être qu'il s'agit de rétablir le courant, comme si l'eau de la source était bloqué partiellement par un éboulis de pierres et que le fait de déplacer une seule pierre (parfois il suffit de peu de choses) permet à l'eau de sourdre puis d'irriguer ce qui doit être irrigué.



Aujourd'hui? L'euphorie est un peu passée, la fatigue est présente. A mon phlébologue qui me disait "c'est derrière" j'ai simplement rétorqué: non cette maladie là, elle ne se met pas derrière si facilement.

dimanche 2 décembre 2007

"Brisement".



Amandes dans leur coques d'un vert tendre, amandes de mon enfance.


Un de mes amis me disait il y a quelques jours que pour certains pères du désert des premiers temps du christianisme, les épreuves pouvaient s'entendre en terme de "brisement". Briser ce n'est pas écraser. Pour manger l'amande qui est le coeur, il faut bien briser la coque, la briser, ce qui nécessite finalement une certaine habileté. Mais en ce moment ce que je vis est plus de l'ordre de la destruction que de la brisure et c'est là où aujourd'hui le bât blesse.

Alors pourquoi ce préambule? Simplement parce que différents résultats d'examens (sang et frottis) me posent des questions et que l'examen radiologique de demain me fait peur.

J'aurais pu attendre demain pour rédiger ce billet, mais c'est aujourd'hui que quelque chose me taraude.

Ce que je ressens aujourd'hui c'est une espèce de destruction de ce que j'étais depuis le début des rayons et la prise du tamoxyfène (l'anti-hormone utile pour traiter mon cancer).

Je n'ai pas ressenti cela après la chirurgie. Mais il y a bien un avant les rayons et un après les rayons, un avant le tamoxyfène et un après. Je supporte mal ces petites atteintes que je pense liées aux rayons et aux médicaments: petite diminution de l'hémoglobine, présence de cellules peu inflammatoires et de cellules hémorragiques dans les frottis (ce qui n'avait jamais été le cas). J'ai l'impression d'avoir été quelqu'un de sain sans gros problèmes avant la détection de ce nodule cancéreux et de basculer dans une espèce de dégradation.

Il faut dire que l'idée d'une possible atteinte de la paroi utérine me fait peur. Si cette partie de moi devait être enlevée, je sais que je le vivrais très mal, même si je fais la fière (à mon âge, je n'en ai plus besoin).

Ce matin j'ai fait un rêve un peu étonnant: nous avions décidé mon mari et moi-même de faire une courte promenade en bord de mer. Nous voulions aller jusqu'à un promontoire et faire demi-tour ensuite. De fait arrivés à cet endroit, le chemin changeait complètement d'allure: il se mettait à grimper en longeant une sorte de cuvette assez grande, remplie d'eau noirâtre. Dans cette cuvette qu'il fallait soigneusement contourner il y avait une sorte d'énorme crabe (un peu comme celui décrit par Kipling dans les "histoires comme ça": le crabe qui jouait avec la mer). Nous avons fait demi tour sans trop nous poser de question en essayant de rester hors d'atteinte. Nous ne sommes pas tombés dans la mare, nous n'avons pas été saisis par les pattes, mais il fallait faire vite, se dépêcher et d'une certaine manière lutter contre le temps car la nuit tombait.

Le positif de ce rêve c'est que mes deux jambes fonctionnaient ce qui est loin d'être le cas dans d'autres rêves ou il m'est impossible de franchir la moindre côte ou le moindre escalier (belle représentation de la maladie qui paralyse).

Mais l'association crabe et cancer est la première qui vient, et là le crabe était assez monstrueux, ce qui montre je le crois à quel point, cette maladie est vécue par moi comme quelque chose de potentiellement très destructeur.




Les rayons en détruisant des cellules cancéreuses (?) m'ont détruite d'une certaine manière.Il y a ce que j'étais avant et ce que je suis aujourd'hui, ne sachant pas ce que je deviendrai dans les années à venir.

Qu'il y ait en moi de la colère, c'est certain. Que cela altère d'une certaine manière la confiance que je pouvais avoir en moi, c'est certain également. C'est ne plus pouvoir compter sur son corps. C'est faire entrer une certaine représentation de la mort en soi. C'est en tous les cas reconnaître sa fragilité.

Mais la question qui est pour moi importante c'est de vivre ce que j'ai à vivre, non comme un écrasement, mais comme un brisement pour que le coeur qui est dans la coque puisse être révélé.

Pas facile du moins aujourd'hui.

jeudi 29 novembre 2007

Anémie et fatigue.





Petit préambule.

début du préambule

Quand je suis rentrée dans le secondaire, le trimestre de rentrée n'a pas été un très bon trimestre, et pourtant je travaillais de manière très consciencieuse. Mon père à cette époque là, était directeur d'usine. Il avait instauré une bonne médecine du travail dans son usine où il y avait pas mal de solvants. Il avait pris l'habitude de travailler avec l'institut médico légal, pour les examens de laboratoire.

Ne comprenant pas à quoi était due cette baisse de rendement (scolaire), il m'a envoyé faire une prise de sang dans cet établissement que je ne savais pas être la morgue.

La prise de sang a montré qu'il y avait une anémie. Le remède à l'époque était des piqûres de vitamine B12, ce dont je garde un très mauvais souvenir. Cela sentait mauvais et le liquide huileux rendait l'injection (que je me suis très vite fait toute seule) douloureuse.Et puis c'était la grosse seringue en verre qu'il fallait faire stériliser, bref pas drôle.

Après tout était rentré dans l'ordre et "la machine à ronger le granit de la science de ses jeunes dents"que j'étais censée être, fonctionnait à nouveau parfaitement.On avait trouvé la cause du dysfonctionnement, on avait trouvé la parade, donc tout était pour le mieux.

Bien entendu quand on a 11 ans, on ne se plaint pas d'être fatigué. Mais il s'est fait dans ma tête une association entre anémie et fatigue et quand mon taux d'hémoglobine est en dessous de 12 en général je ne vais pas très bien.

Fin du préambule.


Je fais partie des personnes ayant une formule sanguine normale mais limite inférieure du moins pour les hématies et l'hémoglobine. En général cela tourne autour de 4.200.000 et 13.5.

J'ai eu un certain nombre d'analyse de sang depuis l'intervention chirurgicale du mois de mai.

Le cancérologue qui me suit m'a demandé de faire un bilan sanguin avant de le revoir, la consultation étant prévue le 10 décembre.

J'ai eu les résultats avant-hier et je n'en suis pas ravie. Tous les marqueurs sont bons donc de ce côté là, parfait. Par contre en ce qui concerne la numération globulaire, force m'est de constater que entre la fin des rayons et maintenant, il y a un petite chute des globules rouges (de 3.990.000 à 3.750.000) et de l'hémoglobine (de 12.3 à 11.7). Les plaquettes ont baissé: elles étaient à 250.000 avant la radiothérapie, 175.000 à la fin du traitement et 160.000 maintenant. Je me demande si une partie des problèmes de cicatrisation que j'ai avec mon oeil ne sont pas liés à cette baisse des plaquettes..

En soi, ces chiffres ne sont pas du tout catastrophiques. Je pense qu'ils peuvent peut-être expliquer en partie la persistance de la fatigue, alors que les rayons sont terminés depuis 3 mois.

J'espère que mon oncologue pourra me donner une raison à cette baisse. Bien évidemment je l'attribue aux rayons, car j'avais lu qu'il fallait faire des NFS de manière régulière pendant et après les séances, ce qui laissait à supposer que les rayons ont une incidence sur la formule sanguine. Mais je n'ai rien trouvé de significatif sur le net pour le moment.

Mais pour dire ce qui est, ces résultats, ont provoqué chez moi un profond mécontentement.

Je ne suis pas contente.

Je sais que cela peut paraître stupide, mais je ne suis pas contente parce que je veille à mon alimentation et à ma santé. Constater que les chiffres descendent alors que j'espérais qu'ils auraient remonté pour se rapprocher de ce qui est mon équilibre n'est pas pour moi source d'inquiétude, mais source de colère, colère contre ces rayons qui continuent à détruire.

Je n'aime déjà pas beaucoup ce que les rayons ont fait sur la structure de mon sein, mais là comme on dit, ça en rajoute une couche... Et après on viendra me dire que la fatigue c'est dans la tête.

Comme je crois l'avoir dit, je suis incapable de parler de mon cancer au passé et de dire "j'ai eu un cancer du sein". Chaque jour je vis avec ce cancer qui renvoie à ma mort. J'apprends à vivre avec lui, ce qui est certainement une très bonne chose pour moi et mon cheminement.

Peut-être que cette numération en soit relativement banale et pas dramatique, m'oblige à admettre qu'il faut laisser du temps au temps, et que les rayons comme toute médication efficace ont des effets secondaires qui ne lâchent pas prise si facilement.

Je vais être un stroumpf grognon aujourd'hui:


j'aime pas les rayons,
j'aime pas la fatigue,
j'aime pas le cancer,
j'aime pas pas être contente,
j'aime pas être en colère

J'aime pas le "ferrograd", mais faut ce qu'il faut non?

j'aime pas être un stroumpf grognon, c'est pour cela que j'en ai choisi un autre...

mardi 20 novembre 2007

"6 mois"



La biopsie date de la mi-mai, l'intervention chirurgicale du 23 mai, le début des rayons du 16 juillet et l'hormonothérapie du 25 septembre.

Où en suis-je aujourd'hui? A dire vrai je ne sais pas trop.



Quand on est trop gourmand, on peut confondre bouche et oeil et voilà alors ce qui arrive: un oeil tout noir...

L'incident de mon oeil a été difficile à vivre. Ce qui se voit n'est pas évident à gérer. En fait quand mon sens de l'humour a pu reprendre le dessus, c'était déjà beaucoup mieux: je suis devenue "mamie panda" l'espace d'une dizaine de jours, après je me suis vue en "lapin russe", et maintenant, je redeviens presque normale, sauf que ce n'est pas terminé et que les deux yeux me semblent très dissymétriques. Je me supporte mal comme ça, mais comme tout n'est pas résorbé j'espère que mon oeil récupérera une taille normale dans les prochaines semaines. Je veux dire que quand je me regarde dans une glace je n'aime pas ce que je vois. Quand j'étais petite il y avait une vieille dame avec une paupière un peu tombante et cela me faisait très peur. Il n'y a pas eu de dégâts dans l'optique de l'oeil et je peux me consoler un peu avec ça. Mais une atteinte reste une atteinte.


Je crois que pour comprendre ce que je vis dans cette aventure avec une maladie qui vient du dedans de moi et qui peut tout à fait me détruire (même si le pronostic est un bon pronostic), il faut parfois aller voir ce que j'écris dans mon autre blog.

Un blog c'est un peu comme un miroir. Il réfléchit un jour après l'autre des états qui sont différents, il renvoie à des facettes, et en fin de compte pour moi il est très thérapeutique. L'écriture a toujours été pour moi une sorte de thérapie. Ce n'est peut-être pas pour rien que beaucoup de mes écrits professionnels sont des questions, mais ceci est une autre histoire. Le blog me permet de dire ce qui se passe en moi, aussi bien dans une recherche spirituelle que dans ce compagnonnage avec la maladie. Dissocier ces deux aspects est plus simple pour moi. Je suis scientifique de formation donc analytique. Le blog est le lieu de mes découvertes.

Mon désir profond depuis quelques années est de m'alléger, de me transformer, de muer. D'une certaine manière ce désir se réalise; pas du tout comme je pouvais l'imaginer, mais c'est bien que cela se passe ainsi.

Peut-être aurai je du "crier" plus que je ne le fais, mais j'ai connu trop de choses dans ma vie professionnelle pour ne pas être lucide sur ce que je vis et qui n'est pas dramatique. Peut-être que je me plains beaucoup des relations que j'ai avec le monde médical, mais cela est très lié au travail d'écoute que j'ai essayé de pratiquer depuis des années. Je sais que l'on est parfois tellement secoué par une phrase prononcée pourtant très gentiment par un médecin qu'on devient comme sourd à tout le reste de l'entretien.

Je sais que les abréviations (j'en emploie aussi dans mon métier) doivent être expliquées, mais que lorsqu'elles sont employées journellement, on n'y pense plus. J'ai la chance de savoir ce qu'est un Glasgow dans les comas, mais peu de personnes le savent. Pourtant comprendre ce qui se cache derrière des lettres et des chiffres est important.

Pour en revenir au titre de ce billet, oui cela fait 6 mois que beaucoup de choses ont basculé.

Pour parler de mon sein en tant que tel,d'une certaine manière, je le regarde, je le touche, mais il ne m'appartient pas vraiment. Il n'est pas mort, mais il n'est pas vivant non plus. Il reste nettement plus volumineux que le sein sain. Il y a parfois des sensations douloureuses au niveau de la cicatrice qui irradient un peu dans l'épaule. Alors bien entendu des questions naissent quand ça fait mal. Et si quelque chose se passait, et si... Mais normalement les échographies et mammographies du début décembre devraient donner des réponses. Ceci pour dire que l'angoisse liée à cette pathologie reste présente.

Aujourd'hui il reste la fatigue qui se manifeste par une sensation d'épuisement. Elle est différente d'une fatigue de dépression (je connais). Cette fatigue elle est moi, elle fait partie de moi et je vais peut-être apprendre au fil des jours à la regarder autrement. Peut-être est-elle aussi préfiguration de la vieillesse et des pertes qui l'accompagnent? Peut-être disparaîtra-t-elle?

Il est certain qu'elle augmente aussi ma compassion pour toutes les personnes qui connaissent cette sensation où l'on se sent vide, incapable de faire, même si par ailleurs les gestes restent quand même possibles. Oui je peux faire ce que j'ai à faire dans ma maison et parfois ce faire est joie, mais parfois il est effort, effort qui coûte et qui ne procure pas de plaisir.

Il reste (ou il restait) les bouffées de chaleur liées au tamoxyfène. Ma gynécologue que j'ai rencontrée jeudi m'a donné un médicament (non remboursé) qui répond au doux nom de SERELYS. Je le prends depuis moins d'une semaine et hier soir, pour la première fois depuis deux mois, j'ai passé une soirée quasiment normale. Là c'est un très beau cadeau. Ma gynécologue m'a demandé de la tenir au courant de l'effet de ce médicament, ce que j'ai apprécié, car le prochain rendez vous est dans un an, ce qui veut dire que je peux téléphoner pour donner ainsi de mes nouvelles. Quand je parle d'humanité chez les soignants, c'est à cela que je fais référence.

A chaque jour suffit sa peine. J'espère que les personnes qui me lisent et qui sont parfois choquées par un certain exhibitionnisme, comprendront mieux le travail qui se fait en moi en ce moment est un cheminent vers un "autrement". Ce cheminement que j'ai la chance de ne pas faire seule, même si ce travail de fond reste quand même très individuel.

mardi 6 novembre 2007

"Une histoire d'oeil"

J'utilise un peu le blog pour sortir ma rogne...

Voici le coupable: un arbuste que j'ai soigné hier avec amour en enlevant la mousse qui était à son pied.

En fait je plantais des oignons de tulipes, le jardinier était passé le matin, le jardin était propre et il faisait très beau bref les conditions idéales pour jardiner un peu.

Et brusquement un choc dans l'oeil, comme si je m'étais empalée sur une branchette. Pas très mal, mais une sensation bizarre. Comme la vision ne semble pas altérée je continue mon travail presque jusqu'au bout.

Je rentre à la maison et voilà ce que j'ai vu:

Alors je m'affole un peu, je téléphone chez mon optalmo qui me reçoit dans l'heure qui suit.

C'est superficiel. Aucun traitement, même pour désinfecter, attendre. Les traitements homéopathiques, manifestement il ne connaît pas. Je suis donc rassurée. Je vais prendre de l'arnica, et mettre de l'hémoclar.

Alors pourquoi mettre ce billet dans le blog du cancer?

Voilà la solution.

Je prends pour lutter contre une récidive un médicament qui favorise les thromboses. Mon phlébologue après avoir injecté mardi dernier le produit pour scléroser une veine, m'a demandé de prendre de l'aspirine 2 grammes par jour pendant 5 jours. Je n'aime pas prendre de l'aspirine, parce que je sais que si je me blesse, il y a un petit risque hémorragique.

Et de fait c'est ce qui s'est passé. La rupture du capillaire a provoqué une véritable hémorragie. Alors qui est responsable de mon oeil?


mon oeil ce matin au réveil. Pas beau le n'oeil!

Bien sûr, je pourrais dire ma maladresse, mais si je n'avais pris d'aspirine, les séquelles auraient été minimes.

Alors d'une certaine manière je retombe sur le cancer qui est quand même à l'origine de cet incident.

A nouveau j'ai été confrontée à cette fatigue qui porte au coeur, et pourtant ce n'était pas très douloureux.

Alors ce matin je ressens cet incident comme si dans le match qui m'oppose à cette maladie, j'avais perdu un point.

Faut-il jardiner avec des lunettes?

jeudi 1 novembre 2007

Deux mois...



Deux mois, deux mois quoi?

Deux mois que les rayons sont terminés, un mois qu'ils n'agissent plus avec la même virulence. Deux mois, cela fait quand même 60 jours.

Un mois que je prends l'anti oestrogène et que je dois accepter ces bouffées de chaleur que je hais, même si elles sont peu nombreuses et de courte durée. Je sais que la semaine après ma naissance, par une chaleur étouffante, il y a eu l'exode et que pour se reposer ma mère me couchait dans un oreiller de plume (normal à cette époque). Et là j'ai l'impression que la chaleur qui envahit tout mon être est du même ordre que la chaleur secrétée par ce coussin dans lequel je m'enfonçais sans pouvoir rien faire, sans pouvoir me retourner, sans pouvoir y échapper..

En fait cela revient toujours à la possibilité d'être actif et là, il n'en est rien. C'est une sorte de chaleur en trop que j'aimerais parfois communiquer à ceux qui vivent dans un sentiment d'abandon de froid. Si au moins ça pouvait servir à quelque chose, à quelqu'un?

Je vais bien et je ne vais pas bien et cela c'est difficile à supporter. Je me rends compte qu'avoir de la compassion envers soi-même cela n'est pas évident du tout. Je me demande parfois si je mets un peu trop de grains dans le moulin, peut-être pas au bon rythme, ou si le moulin a un problème avec les engrenages. Et si c'est le cas, alors cela renvoie à autre chose, en particulier avec le vieillissement et cela, honnêtement, je n'aime pas.

Ce qui est certain c'est que le moulin il aime moudre, mouliner, il est fait pour ça. Il aime le bruit de l'eau dans les aubes de la roue, il aime le bruit du grain entre les meules, il aime la douceur de la farine et quand ça s'arrête, il ne comprend pas, il n'aime pas.

Chaque fois que je sens que je dois m'arrêter, que ça ne va pas, que j'ai envie de m'allonger, de fermer les yeux, d'attendre que ça passe, il y a de la révolte en moi. Je ne fais pas grand chose et ce "pas grand" est parfois du trop. Et cela je n'aime pas.

Bien entendu, je vais apprendre à vivre avec cela et puis peut-être que dans quelques mois, ce sera derrière moi. Mais aujourd'hui, avec l'automne qui est là, les feuilles qui tombent, les journées qui racourcissent, le moral est un peu en accord avec la saison.

Ce qui est certain aussi, c'est que même si mes deux seins extérieurement se ressemblent, ils restent très différents. Le sein traité a beaucoup moins de sensations, un peu comme s'il était mort et cela aussi c'est désagréable. Il n'est plus douloureux, puisque je peux me coucher sur lui, mais il a en lui une partie que je ressens comme non vivante.

Bref je vais bien et je ne vais pas très bien. Il y a quand même des petits coins de ciel bleu derrière les nuages.

Je me dis que le ciel est bleu quelque part.

dimanche 21 octobre 2007

le moulin à eau (ou à vent).


Au fur et à mesure des jours je me rends compte - et cela ne me plait guère - que beaucoup de faits qui touchent à mon corps (ce que je pourrais appeler des bobos, des douleurs) ou à mon rythme de vie (comment vais-je réagir si je fais telle ou telle chose, si j'en fais plus, si j'en fais trop-mais le trop c'est quoi?-) m'inquiètent.

Les bouffées de chaleur qui m'assaillent surtout le soir, me sont très pénibles. Impression que le corps veut d'un coup évacuer quelque chose, se débarrasser de quelque chose, mais de quoi? Cette chaleur, c'est une mauvaise chaleur. J'ai parfois l'impression qu'elle est lié à de l'émotionnel, bouffée de colère, bouffée d'impuissance? Il y a cette transpiration fine qui m'envahit de la tête aux pieds, l'impression presque de brûler, d'avoir trop chaud, et il n'y a pas de raisons, sauf bien sûr le médicament que je prends depuis un mois maintenant et que l'un dans l'autre je supporte très bien.

Que ce soit purement "mécanique" je veux bien, mais en fait à ces moments là, je vis une dessaisie complète de mon corps. Il faut que j'attende que ça passe et même si ce n'est pas très long (il y en 3 ou 5 par soirées) j'aimerais trouver ce qui provoque ce phénomène. Est ce lié à la digestion, à la fatigue du soir?

Ce qui est certain c'est que ces "attaques" de chaud ne me permettent pas d'évacuer la peur insidieuse de cancer et peut-être de ma mort.

Quand je passe du temps pour moi, à laisser mon corps respirer à son rythme ou au rythme d'une phrase, je me rends compte que la zone du foie est chaude, alors que je m'attends à trouver de la chaleur beaucoup plus au centre de mon ventre. A-t-il besoin d'une aide pour évacuer les effets résiduels des rayons et l'effet du tamoxifène? Peut-être bien.


Lors du massage Shiatsu, la praticienne, qui est une amie, m'a dit plusieurs choses et j'ai une grande confiance dans ce que peuvent percevoir les mains d'une kiné. Elle n'a pas retrouvé la carapace défensive de la première séance, ce qui montre bien que quelque chose est réellement advenu.

Ma colère est beaucoup moins intense, elle se serait transformée en rancune. Moi, je dirai plutôt rancoeur, parce que cette maladie, je peux dire qu'elle me pompe l'air. Car maintenant il y a en moi une vilaine petite voix qui sussure: si ce cancer là est stoppé, momentanément, qu'est ce qui prouve que d'autres cellules ailleurs ne vont pas faire la même chose?

Car je continue à croire que le cancer n'est pas uniquement lié au vieillissement ou à la biologie, mais aussi à l'impact de certains événements qui peuvent être vécus comme traumatiques. Des traumatismes liés à la vie "normale", personne n'est à l'abri et j'ai appris maintenant que toute psy que je sois, avec mon habileté à mettre assez rapidement des mots sur les événements qui ont un fort impact émotionnel, mon corps peut fort bien se mettre à dysfonctionner. J'ai peut-être perdu une espèce de croyance en une toute puissance de la pensée.

Si c'est un fruit de cette atteinte, alors je dois reconnaître que c'est un très bon fruit, même si mon narcissisme doit un peu en souffrir.

Le foie et la vésicule seraient les lieux de "la colère", et chez moi elle a senti qu'il y avait un gros travail à faire de ce côté là. Elle a eu une phrase curieuse: cette zone appelle de la chaleur. Comme si la circulation était bloquée ou comme si elle consommait plus d'énergie que mon corps n'est capable de lui donner ou de créer.

Cette idée là me plaît bien: participer à fournir l'énergie dont un organe a besoin. je ne sais pas comment, à part apporter de la chaleur soit avec mes mains, soit avec une bouillotte, mais je sais que c'est un travail qui me plait beaucoup d'inventer mes propres représentations.

Peut-être l'image d'un moulin à eau, un gros moulin qui a besoin de beaucoup d'eau pour moudre. Et le courant a faibli, il se ralentit, mais si on lui apporte toujours du blé et encore du blé, alors ça va bouchonner et se boucher. Il faut apprendre à donner moins de grains et aussi à draîner le cours d'eau sur lequel le moulin est installé



Lors de ce massage, du fait que j'avais déjà eu un premier contact, les sensations ont été très différentes. Il y a certainement une élimination importante car mon alliance, tourne beaucoup plus facilement autour de mon index, mes doigts ne sont plus gonflés. Il y a eu des gargouillis dans l'abdomen en soi agréables car sensation de détente ou plus exactement d'organes qui se retrouvent à la bonne place, sans tension. La sensation de froid peut-être plus intense cette fois ci. J'ai aussi été surprise par le contact des doigts que j'ai ressenti comme très rugueux. Des doigts qui savent ce qu'ils veulent, une sorte de volonté puissante de l'autre. Se laisser agir.

La place aussi faite à la parole. Pour moi qui suis habituée à écouter, parler à une autre professionnelle est une expérience très positive et très importante. Mais je crois que la fatigue qui a été presque plus intense et surtout plus lente à se dissiper est aussi liée à certaines de mes paroles. Parfois on peut nommer les choses, parler du ressenti et puis ceci fait, cela redescend en arrière fond. Le remettre au premier plan réveille d'autres affects, d'autres images et la métabolisation prend toujours un certain temps et consomme également de l'énergie.

Je crois que cette lente et profonde fatigue est actuellement quelque chose qui me mine un peu. Peur du lendemain!

J'ai assisté cette semaine à une conférence passionnante mais en soirée sur le livre d'Esther. Cela a nécessité de moi un effort d'attention considérable donc une fatigue assez intense le jour suivant.

Il se trouve que cette conférence s'est passée dans la ville où j'ai "subi" la radiothérapie, et je crois que cette route qui m'est très désagréable a aussi un impact sur mon "émotionnel" donc sur ma fatigue.

Je crois que j'espérais que le Shiatsu m'aiderait un peu magiquement à vaincre cette fatigue, mais elle a persisté et c'est là l'autre peur: comment récupérer? Comment prévoir qui je serai et comment je serais d'un jour sur l'autre.

J'ai participé ce week-end sur les psaumes. Je suis rentrée dormir chez moi et le matin je n'arrivais qu'au début de la session. La fatigue n'a pas été une gêne réelle. Le soir, malgré une petite peur du lendemain, je me suis sentie bien comme si mon organisme avait eu besoin de beaucoup de temps pour se remettre en phase.

Il est aussi possible que outre l'âge, parce que je dois bien en tenir compte, le drôle d'automne que nous avons eu jusqu'à maintenant, avec la reprise d'une végétation presque printanière (il y a des pâquerettes un peu partout) joue aussi en déréglant mes mécanismes internes.



Ce matin, après une bonne nuit, j'ai enfin nettoyé l'aération de la cuisine. C'est un bon point. Du coup l'état du plafond reste un peu inquiétant, mais là chaque chose en son temps, ne pas donner à moudre du grain qui ne peut être moulu sous peine de bourrage et d'arrêt.

vendredi 12 octobre 2007

Mots



L'automne est là; les feuilles prennent d'autres colorations et à ma grande surprise de nouvelles fleurs sont là écloses ou à éclore. Signe que même à l'automne de sa vie, des éclosions, des floraisons et des fécondations restent possibles.

Il y a quelques jours, en pensant à cette maladie: le cancer, je me disais que les mots savants qui la désignent sont des mots que je n'aime pas que ce soit sarcome (cancer des tissus conjonctifs), carcinome (nom générique du cancer que j'ai fabriqué) lymphome, mélanome et autre. Est ce le son "ome"? Je crois que c'est plutôt l'association des syllabes. Ces mots en tant que tels ont une sorte de pesanteur que je n'ai jamais aimée. Quant au mot "tumeur-tu meurs" n'en parlons pas. C'est peut-être pour cela que le mot de "nodule" me convenait beaucoup mieux.

Je reprends une vie normale. Simplement tout petit plus provoque de la fatigue. J'en viens à me demander si je n'en rajoute pas. Est-ce l'âge (donc la vieillesse), la suite du traitement de cet été? Ce qui reste certain c'est que tout ce qui sort de la vie habituelle provoque (enfin pas toujours) une sensation de fatigue qui pèse brusquement dans mon corps. Quand elle s'abat, je n'ai plus de jambes, je n'ai qu'une envie: m'asseoir ou mieux m'allonger et attendre que ça passe. Ce qui est nouveau, c'est que ça passe relativement vite et cette reprise de ce que j'appelle dans mon jargon "la pulsion de vie" est un rayon de soleil, un espoir: c'est comme ça, mais cela devient de moins en moins invalidant.

J'avais lu, mais je n'arrive pas à retrouver le texte original, que lors qu'on apprend que l'on est atteint par cette maladie, la question du pourquoi, d'une origine se pose. On a besoin de savoir ce qui a provoqué ça. La réaction d'un de mes enfants me disant, mais tu ne fumes pas, tu ne bois pas et tu fais du sport, alors ça n'aurait pas du t'arriver, montre bien que quelque part la question du pourquoi se pose.

L'auteur de l'article pense que lorsque le traitement a (bien) fonctionné, on rentre dans la guérison (terme que je n'aime pas, car je lui préfère et de loin celui de rémission, la vie reprend son cours là où on l'avait laissée (ce dont je ne suis pas sûre du tout car il y a un avant, un pendant et un après -surtout quand il y a un autre traitement et des examens fréquents). La question du pourquoi passe aux oubliettes.

Si pour moi, la question du "pour quoi" est relativement claire, celle du pourquoi reste quand même présente. Et je me porte en faux contre cette affirmation d'un absence de questionnement. Pourquoi à un moment donné de sa vie, des cellules qui jusque là étaient détruites ne le sont plus? Qu'est ce qui provoque cette invasion, car c'est bien une invasion voire une colonisation de l'intérieur, qui se fait?

Peut-on dire que certains événements peuvent favoriser cette chute de la défense normale? Pour ma part et compte tenu de la formation universitaire que j'ai reçue , j'aurais tendance à répondre par l'affirmative, tout en sachant qu'il n'y a jamais une cause unique, mais des nombreux possibles.L'être humain est un tout et le réduire à une horloge biologique ne me séduit pas.

En fait je viens d'apprendre le décès d'une personne qui vient de faire une récidive que l'on pourrait appeler foudroyante d'un cancer du sein. C'est quelqu'un de plus jeune que moi, dont en fait je ne sais rien. je sais qu'elle avait mal au dos, que les examens ont révélé des métastases dans le bassin et que les poumons ont été envahis quelques jours après en nécessitant une assistance respiratoire. Elle est "partie" alors que personne ne s'y attendait.La brutalité de ce décès pose question: que s'est il passé pour que l'on passe d'une victoire à une défaite? Est ce que quelque chose a lâché? Et pourquoi à ce moment là? Cela reste pour moi un questionnement.

Je reste assez marquée par l'histoire de la maman d'un garçon qui était porteur d'une fente labiale (bec de lièvre) et division palatine (les deux parties du palais ne sont pas soudées).La première fois que je l'ai rencontrée, elle était catastrophée. Sa demande: dites moi que mon fils n'est pas débile. Il avait 4 ou 5 ans et était à la maternelle. J'ai pu après un bilan psychologique la rassurer un peu et au fil des interventions réparatrices de son fils, une amitié s'est nouée entre nous.

Il faut dire que ce type de pathologies, du moins dans les années 80, nécessitait un nombre très elevé d'interventions et ce jusqu'à parfois l'âge de 20 ans.

Quand son fils est entré au collège, elle a eu un cancer du sein, et ce cancer l'a complètement transformée. Elle s'est mise à écrire, à être autre. Il faut dire que la malformation de son fils l'avait anéantie et qu'elle n'avait pas pu s'occuper réellement de lui avant que la lèvre ne soit réparée. Le cancer lui a permis de sortir d'une relation fusionnelle (tout à fait normale) et de reprendre une vie centrée sur ce qu'elle avait à vivre et de vivre un véritable transformation.

Je l'ai revue tous les ans, car la chirurgie plastique était encore nécessaire pour son fils.

Il y a eu récidive. Elle est morte le jour des 18 ans de son fils, et je ne crois pas que ce soit le fruit du hasard.

jeudi 4 octobre 2007

Effets indésirables.

Si on réfléchit un peu, en général quand on prend un médicament on s'attend à ce qu'il vous guérisse et non pas qu'il vous fasse du mal. Mais quand un médicament est efficace, il y a une rançon, un prix à payer: à savoir les effets indésirables, ceux qui souvent vous compliquent bien la vie au quotidien.Je ne sais pas si "rien ne se perd, rien ne se crée", mais l'efficacité d'un médicament a bien souvent un coût!

Les rayons ont eu pour moi beaucoup d'effets indésirables. Même si je reprends jours après jours une vie "normale", la fatigue insidieuse, sournoise reste prête à resurgir n'importe quand et n'importe où. Sa signature reste toujours cet état nauséeux, certes en arrière plan, mais bien présent. La différence c'est que après un temps de repos -car quand le corps parle, je l'écoute- je peux faire ce que j'avais prévu de faire et y trouver du plaisir.

L'hormonothérapie a elle aussi des effets indésirables. Comme certains touchent à mon intimité sexuelle, je me rend compte qu'il est difficile d'en parler.

Je vais simplement noter les effets indésirables du tamoxifène et noter ce qu'il en est pour moi, sans me répandre outre mesure.

Je prends ce médicament depuis 10 jours ce qui est peu. Souvent les effets négatifs diminuent avec le temps. Je peux supposer qu'au début du traitement, il y a certainement une restimulation brutale du système hormonal donc de l'hypophyse, qui provoque des effets qui se dissiperont ou diminueront avec le temps. J'espère que ma gynécologue pourra me donner des explications.

Je ne retiens que les troubles qui sont repérables pour moi et non ceux pour lesquels des analyses de sang ou des examens radiologiques ou médicaux seront nécessaires.

- Troubles visuels..............non
- Bouffées de chaleur. ...... oui, surtout le soir.
Accélération cardiaque, transpiration, chaleur. La durée est relativement courte: moins de 5 minutes. En général il y en a 3 ou 4 ce que je trouve bien suffisant.
- Démangeaisons au niveau de la vulve....... non
- Nausées qui cèdent en fractionnant les prises....... non.
- Pertes gynécologiques peu importantes... oui. L'oncologue m'en avait parlé en parlant de lubrification vaginale. Je dois dire que c'est assez surprenant et en ce qui me concerne pas très agréable parce que relativement important. Heureusement que les protèges slips sont bien au point!
- Maux de tête.......non
- Douleurs au niveau des seins...... non.

Je sais qu'il y a un risque non négligeable de prise de poids (puisque là encore mon oncologue a parlé d'une espèce de réactivation des effets pervers de la ménopause), mais j'essaye d'être très attentive, en particulier en ce qui concerne le sucre. Le poids étant un de mes ennemis, je suis prête à me battre pour ne pas le laisser me vaincre.

Il me semble aussi que mes intestins fonctionnent de manière très curieuse. Il faut que j'apprenne à les connaître, mais ce fonctionnement qui est proche de la rétention pour le moment me pose question.

Je pense m'être suffisamment étendue sur mon "petit moi" pour aujourd'hui, mais comme je sais que beaucoup de choses s'effacent quand on ne les subit plus, j'ai pris le parti de noter au fur et à mesure.

samedi 29 septembre 2007

Un mois depuis la fin des rayons.

Cela fait juste un mois que les rayons sont terminés: 30 jours.

Le traitement anti-hormonal est commencé depuis 5 jours et pour le moment pas d'effets secondaires, ou si peu.

Depuis le début de cette semaine j'ai l'impression de redevenir "normale" avec une fatigue "normale" conséquence normale d'une vie normale.

Et puis voilà, depuis hier soir, la fatigue se rappelle à mon bon souvenir, comme si elle ne voulait pas lâcher prise. Hier soir c'était fugace, mais présent. Aujourd'hui c'est insistant. Je sais bien qu'elle doit se manifester, que ses apparitions ne seront pas de longue durée, mais voilà, elle me gâche la vie.

Aujourd'hui elle s'est manifestée dès la fin du petit déjeuner: manger c'est fatigant, soulever une tasse de café aussi. je suis allée me recoucher, mais cela n'a pas suffi.Quand j'ai l'impression d'être faible, pas solide sur mes jambes et que je n'ai qu'une envie: aller m'allonger, avec un petit vertige, je sais que la fatigue a retrouvé sa proie.



Cette photo, je l'ai faite il y a quelques jours et je me demandais si cette buse (ou busard ou épervier) pouvait symboliser pour moi le cancer, car on voit bien la proie entre les pattes. Aujourd'hui je la ressens plutôt comme une symbolisation de la fatigue qui fond sur moi et qui voudrait m'entraîner dans son aire.

Alors l'écriture est certainement un petit moyen de ne pas me laisser entraîner là où je ne veux pas, de freiner, de gagner du temps.

J'ai du travail à faire dans le jardin: planter des pensées et des cyclamens. Le temps humide sera une bonne excuse pour reporter à demain, mais j'ai bien l'intention de ne pas me laisser arrêter trop longtemps par cet oiseau de mauvais augure.

Mais peut-être devrais-je me soumettre pour un temps, écouter ce que dit mon corps, en tenir compte. Peut-être laisser glisser comme une peau sans utilité des obligations que je me suis mise sur le dos, les laisser se dissoudre, ne plus y attacher trop d'importance, car la fatigue si elle alourdit d'un côté peut certainement en me faisant lâcher prise ( juste l'inverse de ce que fait la buse dans mon jardin!), continuer le travail d'allègement qui se fait en moi.

mardi 25 septembre 2007

Une journée particulière: 24 septembre 2007

Ce 24 septembre, j'avais rendez vous en fin d'après-midi avec l'oncologue qui me suivra pour les 5 années à venir. Car maintenant c'est parti pour 5 ans.

Je dois dire que je redoutais un peu cette rencontre. J'avais téléphoné à sa secrétaire le matin pour savoir si le compte rendu de la radiothérapie était arrivé de manière à demander une photocopie pour moi. Et je savais donc qu'il était arrivé.

Ce que je redoutais c'était le morcellement du corps lié à ce traitement par hormonothérapie. Je veux dire que du fait de ce traitement, il faut faire un suivi gynécologique, un suivi oncologique, et je craignais qu'il y ait en plus un traitement rhumatologique, puisque malheureusement j'ai de l'ostéoporose.

Je dois cependant dire que cette journée du 24 a été la première où j'ai pu travailler normalement dans le jardin et y prendre du plaisir. Certes il y avait des choses à faire: ramassage de feuilles, mauvaises herbes, se débarrasser d'un genêt moribond, mais cela faisait des semaines que je ne mettais pas le nez dehors, pour ne pas voir.

L'automne est là, relativement précoce et il y a des choses que je peux faire à nouveau sans compter totalement sur le jardinier. Bien entendu mon corps rouspète, mais c'est une douleur normale. Il y a me semble-t-il un travail à faire pour remettre de l'huile dans les rouages.



Se retrouver au moins une fois sans cette fatigue que j'ai appris à connaître, quelle joie. Je n'ose crier victoire, parce que je sais que les réactions que certains effets secondaires de l'hormonothérapie,et l'action dans le temps des rayons, peuvent permettre à cette fatigue de prendre encore beaucoup de place.

Pour en revenir à ce traitement, compte tenu de l'ostéoporose, je vais prendre une molécule qui s'appelle tamoxifène, 20mg pendant les 5 années à venir.

Je ne peux pas prendre les anti-hormonaux nouvelle génération qui eux favorisent la décalcification. Ils sont inhibiteurs de l'aromatase (secrétée par les surrénales), ce qui entraîne le diminution de la synthèse des oestrogènes.

Les cellules qui se cancérisent dans la glande mammaire sont des récepteurs hormonaux. Le but de cette thérapie qui scientifiquement me plaît bien est de bloquer ces récepteurs et c'est donc valable pour les deux seins.

Comme je n'ai pas de problèmes de diabète et que je fume pas, les effets négatifs en particulier sur la formation de thromboses profondes devraient être peu importants voir nuls.

Par contre, cette molécule favorise, mais semble-t-il chez 1% de femmes prenant ce médicament, la possibilité d'anomalies endométriques (paroi utérine). Je cite les effets notés par le fabricant: atrophies pseudo-hyperplasiques, hypertrophies, polypes, cancer. De ce fait une surveillance gynécologique avec échographie pelvienne est indispensable. Par ailleurs sont citées aussi les bouffées de chaleur, et la reprise des inconvénients de la ménopause. Le positif pour moi est une action contre la décalcification.

J'ai rendez-vous dans trois mois avec mon oncologue, mais comme ce serait juste au moment de Noël, je vais fixer cela avant le 15, date de notre départ à la montagne. Il y a outre le rendez vous avec ma gynécologue, des examens de sang, en particulier pour les marqueurs; des radios: poumons et seins; des échographies. Bref de quoi analyser la "bête" que suis sous un certain nombre de coutures..

Par rapport à mon ressenti de cette consultation, il y a l'impression d'avoir quand même à quémander les informations autres que les informations standard délivrées par le praticien. J'avais préparé un petit aide mémoire le matin et je pense que c'était une bonne chose car on perd vite les pédales au cours de ce genre de consultation qui n'est pas une consultation de routine pour le patient.

J'ai quand même eu l'impression d'être "une glande mammaire", qu'on palpe pour être certain que tout est en ordre. Il m'a semblé que le médecin était surpris par le bon état de ma peau 3 semaines après la fin des rayons.Peut-être que la visualisation et le massage énergétique y sont pour beaucoup.

La longue marche pour 5 ans est commencée. Dans 5 ans, je me promets bien de boire le champagne.

Mais ce blog est loin d'être clos.

samedi 22 septembre 2007

" Des carapaces, une carapace".



Une amie m'a proposé de me faire un massage énergétique shiatsu. C'est un massage qui utilise les méridiens de l'acupuncture chinoise (et japonaise) et qui par des appuis et des pressions des doigts sur grand nombre de points, permet à l'énergie qui est bloquée de circuler.

Dès le début de cette séance elle m'a demandée si j'étais en colère... Question qui m'a un peu interloquée. Oui, il demeure en moi une certaine colère après ce traitement que je considère comme très invasif, et dont je supporte mal les effets secondaires. Non, car il me semble que le travail qui se fait en moi au fil des jours aurait quand même du atténuer cette émotion. Pourtant, ce qui demeure c'est la perception du corps morcelé, chaque praticien en ayant un petit morceau. Et cela me met réellement en colère car le sujet que je suis ou espère être, n'a pas d'existence. Alors cette colère qui finalement n'est pas massive mais présente de manière sous-jacente a bien sa raison d'être. Tout ce qui touche à l'identité est difficile à gérer.

Elle m'a ensuite dit qu'elle sentait (et c'est la où un thérapeute qui a une formation de kinésithérapeute est précieux, car les mains d'un kiné sont des mains qui savent toucher et ressentir) comme une carapace. Elle a suggéré que je prenais peut-être trop de choses sur les épaules et que pour encaisser, je faisais le dos rond. Comme malheureusement ceci, "le dos rond" correspond à une certaine attitude un peu voûtée (que je pense tenir de mon père) je pense qu'il y a quelque chose pour moi à entendre.

Pendant cette séance longue (une heure) où il y a eu un très long travail sur l'abdomen qui s'est mis à chanter, il s'est passé plusieurs choses.

Je me suis rendue compte que durant la durée des rayons je m'étais fabriqué (et je pense que c'est nécessaire) une carapace, mais que celle-ci n'avait plus sa raison d'être. Alors comme le lézard qui figure en liminaire de ce billet et que j'ai photographié en Bretagne, je pouvais muer, laisser de côté un vêtement qui n'avait peut-être plus sa raison d'être. J'ai senti glisser cette vieille peau, et et ceci m'a procuré une sensation d'allègement, allègement qui reste un de mes désirs.


Lors du travail sur le dos, le long de la colonne vertébrale, j'ai eu un peu mal. Pas beaucoup , mais quand même. Quand est venu le moment du deuxième passage, je me suis rendue compte que j'avais peur de cette douleur pourtant fugitive et qu'il fallait dune certaine manière déconnecter la peur (qui crée d'emblée une contraction) et la sensation en tant que telle. Je crois avoir appris quelque chose.

Le travail sur le visage avec des gestes très doux, a évoqué un travail en piscine, dans l'eau, les yeux fermés en se laissant diriger par une collègue psychomotricienne, et aussi la sensation du bébé lorsque sa mère a pour lui des gestes doux et rassurants au moment de la toilette.

Après le départ de mon amie, qui m'avait prévenue que je pourrais me sentir très fatiguée, j'ai pu dormir d'un bon sommeil.

C'est donc une expérience très positive pour moi.

Il y a eu la perception de carapaces multiples, dont certaines ne servaient plus et dont il fallait se débarasser, même si cela semble toujours un peu dangereux, car la mue est une période où tout peut arriver. Une certitude que des carapaces il y en aurait toujours, mais qu'il est possible d'en créer de nouvelles qui tout en donnant une certaine protection, ne rigidifient pas trop mouvement et qui peuvent avoir un beau dessin.

Lundi j'ai rendez-vous avec l'oncologue et je redoute cette visite. Normalement il doit me faire commencer l'hormonothérapie, mais peut-être aussi prescrire des examens, des radiographies et c'est la que ma peur du morcellement revient.

jeudi 20 septembre 2007

"Aloès Vera" et autres médecines parallèles.

Un certain nombre d'amies m'ont proposé des médicaments dits "complémentaires" pour soit me remonter, soit éliminer les cellules cancéreuses.

Pour des raisons personnelles je n'ai pas utilisé la plupart de ces thérapeutiques, mais peut-être pourraient elles être utiles pour certains des lecteurs de ce blog.

Et c'est un moyen pour moi de remercier ces amies de leur sollicitude.

1- la méthode Beljanski www.beljanski.com/fran. produits américains achetés chez www.oronat.com
Un certain nombre de médecins dans chaque région pratiquent cette méthode.

2-L'Association solidarité pour le Soutien aux Malades qui propose une pharmacopée africaine ainsi qu'une écoute. Je n'ai pas pu trouver le gel à base de silicium organique recommandé par eux, mais un autre: l'arthrosilium qui pour moi a été d'une grande efficacité dès la fin du traitement., car il n'était pas question pour moi d'utiliser un produit qui aurait pu provoquer une allergie pendant le traitement.

L'adresse de cette association: solidaritemalades@wanadoo.fr. Une permanence téléphonique les mardi et vendredi de 8h30 à 10h: Dr Françoise Borras 05 56 49 68 44 ou 07 56 63 06 88

3- l'aloès vera.
Un des distributeur est forever living products.
Ses propriétés (entre autres car l'éventail semble très très large)
- L’aloès renouvelle les bonnes cellules
- Renforce le traitement médical
- Renforce le système immunitaire

L’aloès contient beaucoup de nutriments, dont la vitamine B12 qui augmente les globules rouges. C’est un excellent complément alimentaire.

Un des problèmes de ces médecines dites parallèles c'est qu'elles ont un coût non négligeable et que l'on se trouve avec une médecine à deux vitesses avec une sélection par l'argent, ce qui me dérange quand même énormément.

La crème au calendula prescrite par le médecin radiothérapeute étant un produit homéopathique n'est pas remboursé (ou alors je me suis mal débrouillée) mais le coût n'est pas anodin.

Comme je l'ai déjà écrit, j'ai pour ma part pris du pollen 3 c. à café, avant le début des rayons, et pendant les 4 premières semaines.J'ai aussi consommé de la vitamine C. Mais cela n'a pas permis de lutter contre la fatigue provoquée par les rayons.

Je sais que certains hôpitaux travaillent avec "des passeurs de feu", mais peut-être qu'il y a des associations qui ont un fichier avec des adresses dans les différentes régions. Pour ma part, l'arrêt de la brûlure interne a été un énorme soulagement tant physique que psychique.

vendredi 14 septembre 2007

Sois sage ô ma fatigue et tiens toi plus tranquille...

16 jours depuis la fin des rayons.
Il reste toujours un rectangle assez rose là où il y a eu l'irradiation par les électrons. Le reste est bronzé.Il me semble que le volume du sein traité a un peu diminué, mais il reste quand même différent du sein droit et la texture me paraît étrange. Un peu comme si ce sein n'était pas, n'était plus le mien.

Depuis que nous sommes en Bretagne, je sens en moi deux fatigues. Il y a une fatigue de fond, qui s'est fait discrète jusqu'à aujourd'hui, et qui est liée au traitement. Il y a la fatigue physique que je ressens comme une bonne fatigue, une fatigue normale pour quelqu'un qui reprend la randonnée et dont les muscles ont le droit de protester.
Cette fatigue là, elle est un peu comme une amie, elle a sa raison d'être.

Mais aujourd'hui c'est la mauvaise fatigue qui s'est manifestée tout au long de la journée, fatigue à avoir envie de pleurer (et pourtant la promenade d'aujourd'hui valait la peine, d'autant qu'il y avait beaucoup d'oiseaux marins et que la côte était très belle), fatigue qui donne envie de se mettre au lit, et d'attendre que ça passe. En arrière plan il y a toujours ce fond nauséeux que je supporte mal car il est la signature de cette fatigue.

Plusieurs amies m'ont parlé de ces coups de pompe. Je trouve cela difficile à vivre, même si je sais que ces coups d'arrêt brutaux de ma petite vie de tous les jours devraient non pas disparaître mais être moins fréquents puisque les rayons "travaillent" encore.

Simplement la fatigue est là et actuellement elle n'est pas mon amie. Je voudrais tant qu'elle soit sage et qu'elle reste plus tranquille car cette fatigue est finalement comme l'écrit Baudelaire une sorte de douleur. Et cette douleur que je ressens est à la fois physique et psychique.

lundi 10 septembre 2007

10 jours après la fin du traitement.

La semaine qui a suivi l'arrêt des rayons a été une des plus épuisantes de ma vie. Une fatigue qui se traduit par une sensation d'épuisement ou l'impression d'avoir sur les épaules un sac trop lourd à traîner. L'envie de mettre le nez dehors, de profiter du jardin est comme morte, abolie, inexistante.

Durant cette période j'ai fait un rêve où je devais monter un escalier. Peu importe les théories Freudiennes ou Jungiennes qui sont derrière l'escalier. Pour Freud que je connais mieux, cela renvoie à la sexualité, et il faut bien reconnaître que les rayons ne sont pas un facteur favorisant la relation amoureuse.

En fait c'est chez moi une sorte de rêve récurrent. Une de mes jambes refuse le service que l'on attend d'elle. Elle ne marche pas, refuse de bouger. Je dois me servir de mes mains pour la soulever afin qu'elle se déplace et/ou se plie.

Là, c'était les deux jambes qui refusaient de marcher et je devais en fait me hisser avec la force des bras, ce qui est loin d'être évident et qui est épuisant. Ce rêve est comme la traduction de la paralysie induite par la fatigue.

J'ai écrit une thèse de psychologie dont le titre est "Alors ça marche?" consacrée aux enfants porteurs d'un handicap, congénital ou acquis, concernant la motricité des membres inférieurs. Ce rêve me plonge dans une situation où justement ça ne marche pas.

Ce même jour, j'ai du aller à Paris et à ma grande joie, les escaliers ne m'ont pas posé de problèmes, même si monter deux marches à la fois n'était pas évident...

J'ai eu une séance avec mon étiopathe. je dois dire que j'estime avoir beaucoup de chance et de le connaître et de pouvoir m'offrir ces séances.

Il a me semble-t-il travaillé sur la thyroïde, car il est resté un bon bout de temps sur la base de gorge, sur le foie, la rate le pancréas. Et surtout il a pu me dire qu'il y avait un gros problème au niveau du plexus brachial ce qui fait que j'ai adopté une posture complètement dissymétrique. Posture dont je suis consciente, car mon épaule gauche est souvent plus haute que la droite. J'ai bien senti quand la circulation s'est mise à reprendre dans la main gauche. Je ne sais trop s'il faut parler de flux, d'énergie, mais c'est comme si cela redevenait vivant et irrigué.


Les deux jours suivants ont été marqués par la fatigue, mais samedi, elle m'a semblé plus légère.

Dimanche nous avons pu partir comme prévu en Bretagne. Le voyage s'est passé "normalement" et j'ai été séduite par le cadre de l'hôtel où nous sommes pour une semaine. Il y a de l'eau à profusion, que ce soit celle d'un petit étang avec des canards ou la mer qui est en contre bas.

Aujourd'hui, une première promenade de prévue.

Mais vivre "normalement" que c'est bon.Ne plus ressentir de fatigue après le petit déjeuner ou un repas, c'est une petite joie, mais c'est bon à prendre.

On dit souvent que le cancer permet de prendre la conscience de chaque instant, de profiter du présent. En fait célébrer le temps au présent, à chaque instant.

Je pense que je dois m'attendre à de nouveaux coups de fatigue, mais avoir expérimenter que cela peut cesser, c'est un vrai cadeau.

mercredi 5 septembre 2007

Le prix de la guérison.



Pour soigner une maladie à potentiel létal, le corps médical utilise des traitements qui ont coût financier important, mais qui ont ausi un coût somatique et psychique pour le patient.

Ce que je vis en ce moment dans mon corps, qui est assailli par une fatigue importante, me semble être de cet ordre là. Ce n'est pas une critique, c'est un fait. Et de ce fait là, on ne parle pas ou peu.Peut-être a-t-on peur d'induire des effets secondaires, mais il me semblerait important d'en parler. C'est d'ailleurs ce "parler vrai" que j'ai essayé de pratiquer durant ma vie professionnelle en pédiatrie chirurgicale.

La guérison n'est pas de l'ordre du miracle, elle se paye dans le corps et dans le psychisme.

Même si je sais que cette fatigue est temporaire, quand elle se manifeste, c'est comme si je me sentais en train de m'effondrer. Je dois m'allonger presque immédiatement. Mon coeur se met un peu de la partie, il y parfois une sensation désagréable soit de chaleur, soit de froid, et la nausée qui se manifeste parfois à minima, augmente encore la sensation de vulnérabilité. Outre le fait que cette image de moi est pénible à assumer, il y a aussi réactivation de ces angoisses archaïques du bébé bien décrites par Winnicott: peur de tomber, peur de se morceler.

Ce n'est peut-être pas étonnant que les images que j'utilise tournent autant autour de l'eau... Régression mais aussi restauration car malgré tout, l'adulte reste (ou essaye de rester) aux commandes.

Autrefois quand l'hôpital d'enfants où je travaillais, recevait des enfants qui venaient d'Algérie et qui étaient porteurs de malformations graves, ils disaient tous y compris leurs parents, qu'ils venaient en France "pour être guéris". Ils acceptaient de quitter leur pays, leur langue, souvent leur famille, pour une sorte de miracle. Du coût à payer pour que la guérison ou la rémission soit là, il n'en n'était pas question..

J'ai vu il y a peu de temps un reportage sur le service orthopédique d'un grand hôpital parisien pour enfants. Il s'agissait d'un petit garçon africain, porteur d'une grave malformation des jambes. On lui a juste dit: "tu vas avoir un appareil pour que ta jambe soit redressée et après on s'occupera de l'autre. Ton papi avec un tournevis il permettra à ta jambe de se redresser petit à petit". J'espérais qu'on lui aurait montré les anneaux, les vis, les tiges avant l'intervention... Apparemment non, et la réaction de renfermement sur lui de ce petit garçon au réveil montrait bien l'intensité du traumatisme. Bien entendu un enfant a souvent en lui un potentiel de vie qui lui permet comme on dit de rebondir, mais je pense que des choses sont à dire, à montrer.

Et cela reste vrai pour les rayons. Les rayons tuent les noyaux des cellules cancéreuses et des cellules saines. Et il y a des réactions de l'organisme qui sont des réactions individuelles, selon l'histoire de chacun, mais qui devraient être évoquées.

Ma numération sanguine(NFS) pratiquée à ma demand eà la fin des séances de rayons, n'est pas "mauvaise", mais elle accuse des variations par rapport à celle effectuée 6 semaines après l'intervention chirurgicale. L'hémoglobine est en légère baisse, ainsi que les leucocytes, et les plaquettes. C'est loin d'être dramatique, cela n'a rien à voir avec les aplasies dues au chimiothérapies, mais je sais que chez moi, quand le taux de fer est un peu bas, je ressens une fatigue. Pourquoi a-t-il fallu que je demande moi-même une NFS? C'est si important de comprendre au moins un peu à quoi est due cette fatigue qui demeure si présente et si collante...

Le prix de la guérison.

lundi 3 septembre 2007

Fatigue.


Lac de Tibériade: la mer de Galilée

Le dernier billet date de samedi. La fatigue actuellement reste omniprésente. Je me contente de faire ce que j'ai l'habitude de faire chez moi, le minimum. Je me rends compte à quel point il est important d'être deux, car si j'étais seule je passerai ma journée au fond de mon lit.

Les médecins qui conseillent de partir en vacances dès la fin des rayons me paraissent un peu gonflés. J'aurais bien voulu partir dès vendredi, mais mon corps dit non et moi mon corps je l'écoute.

Je me rends compte à quel point ma difficulté habituelle à supporter le bruit est démultipliée. Envie de se boucher les oreilles comme les enfants autistes, envie de dire aux gens de contrôler leur voix.

Difficulté aussi à rester devant l'ordinateur. Aujourd'hui je m'oblige un peu à le faire, car l'écriture est importante pour moi et le "faire" permet de sentir un peu exister dans la normalité.

J'ai parlé de l'image de cette mer intérieure que j'ai trouvée en moi. Maintenant j'ai découvert (et cela m'aide à traverser ces "plages " de fatigue) autre chose.

Je me vois en train de plonger dans cette eau limpide. Je brasse lentement et chaque brasse m'écarte de la surface. La respiration n'est pas un problème, parfois il vaut mieux ne pas être trop réaliste. Et je finis par atteindre le fond, une grande étendue de sable. Je peux m'y allonger, regarder vers le haut et deviner à travers l'épaisseur de la mer le soleil qui éclaire, le vent qui agite la surface et le calme qui m'envahit.

J'ai l'idée qu'il y aura des grottes à explorer, mais aujourd'hui c'est juste le repos et une certaine paix.

samedi 1 septembre 2007

Les aspects "somatiques" ou "psychosomatiques" associés à ma radiothérapie.

Premier week-end après l'arrêt des rayons.

Meilleure journée qu'hier, fatigue un tout petit peu moins présente, mais je me laisse vivre au maximum à un rythme très lent.

Je sais qu'avec le temps beaucoup de sensations s'estompent, s'effacent et il bon qu'il en soit ainsi, même si de mon point de vue des traces persisteront, car comme le disait Canguilhem, "il n'y a pas d'innocence biologique", on ne revient jamais à l'état antérieur..

Le cancer que j'ai (eu) est un cancer sans propagation, et sensible à une hormonothérapie. Le traitement radiothérapeutique, je l'ai subi. Je l'ai mal accepté et de ce fait il est possible que certaines de mes réactions soient liées à ce refus.

Je vais donc essayer de lister (peut-être dans le désordre) ce que moi, une femme de 67 ans, avec un cancer hormono dépendant, j'ai vécu au cours de ces 7 semaines comme effets "secondaires" de ce traitement.

1- sensation de brûlure dans le sein.
Dès le début des rayons, j'ai eu une sensation de brûlure à l'intérieur du sein (à la deuxième séance) ce qui paraît-il n'est pas normal, mais qui s'est amplifié au fil des séances alors que la peau n'avait pas encore rosi. Au bout de deux semaines il y avait une inflammation de toute la glande mammaire (échographie). Ceci étant très douloureux. Ce phénomène a disparu (homéopathie Apis 5CH et passeur de feu) mais a réapparu en fin de traitement par les photons (appareil Orion). J'ai pris de manière régulière mais à doses variables un antalgique classe 2 et certains jours un anti-inflammatoire, de manière à anticiper la douleur et à la réduire au maximum.

2- La peau.
Globalement je sais que m'en tire bien. Mais je regrette que la technicienne rencontrée avant le début des rayons n'ait parlé que de la crème hydratante uniquement pour le sein. Comme les rayons dessinent un carré de presque 20 cm de côté, il faut hydrater toute la zone autour du sein, en particulier les zones sous l'aisselle et sous le pli du sein. J'ai parfois très mal dans le bras gauche, comme si le muscle pectoral avait souffert de cette brûlure.

Je pense qu'il faudrait aussi suggérer de sécher l'aisselle avec un mouchoir en papier pour éviter toute trace de transpiration.

3- Le mal des rayons.
On dit bien "mal de mer", "mal de l'air". Ce terme "mal des rayons", je l'ai vu quelquefois sur le net et qui pour moi renvoie à cet état nauséeux que j'ai encore aujourd'hui. Cela ne va pas jusqu'au vomissement, loin de là, c'et plutôt comme la sensation désagréable que l'on peut avoir en voiture quand la suspension est trop douce ou quand la route tourne un peu trop.
Je me souviens que les enfants qui étaient traités par chimiothérapie à l'Institut Gustave Roussy (IGR), et qui vomissaient beaucoup au cours du traitement, commencaient à être malades dès qu'ils montaient dans l'ambulance. Je me pose la question de savoir si ma réaction est de cet ordre. Je ne le pense pas, mais...Cela a commencé dès le retour de la deuxième séance (ce qui m'avait étonnée) et a perduré et perdure encore aujourd'hui. Cette sensation très désagréable qui me semble- t-il est comme associée à la fatigue et en est un signe supplémentaire, arrive n'importe quand, que ce soit au cours d'un repas, d'une promenade ou en voiture..

3- La perte de l'appétit.
D'une part l'envie ou le plaisir de manger est parti. Je peux rester à côté d'une tarte que pourtant j'aime sans avoir envie de me servir. D'autre part, manger me fatigue et du coup je mange moins en quantité. J'ai perdu un peu de poids, mais si l'hormothérapie doit me faire grossir, alors tant mieux.

4- Un petit phénomène de constipation.
Le médecin m'a posé cette question lors de la dernière consultation. J'avais bien remarqué quelque chose, mais pas dramatique du tout. Peut-être faudrait-il boire un peu plus que je ne bois. Pourtant je bois beaucoup plus qu'en temps normal. Mais depuis la fin du traitement il me semble que tout est rentré dans l'ordre..

5- La fatigue.
J'en ai beaucoup parlé. Elle est là.
Et je ne suis pas au bout de mes peines avec cette "dame" qui s'invite chez moi, sans y être invitée. Elle m'enlève une certaine joie de vivre, elle me renvoie une image de moi assez négative. Je peux me réjouir de pouvoir cependant faire les choses courantes de la vie quotidienne. Ayant perdu mon chat juste avant de commencer cette thérapie, j'avais commencé à prendre des antidépresseurs et je pense avoir bien fait, car cette fatigue provoque par elle-même un vécu de dépression.

Je sais que ce que j'ai vécu est mon vécu et que le vécu de chacun est autre. Mais parfois je me suis posé la question du normal. Chaque fois qu'une amie passée par là a pu me dire qu'elle aussi avait vécu cela, cela m'a réconfortée. Je comprends bien qu'il ne faut pas charger les rayons de tous les maux, mais il ne faut non plus minimiser les effets secondaires et dire qu'ils sont dus au stress.

Dire cela revient à dire à mots couverts que c'est dans la tête que ça se passe, ce qui n'est jamais agréable à entendre. Si on était moins tendu, moins fragile psychiquement, ces effets secondaires n'existeraient pas. Donc une partie de soi en est responsable, ce qui fragilise un peu plus une représentation de soi déjà affectée par le cancer en tant que tel, et le traitement avec ses contraintes horaires.

vendredi 31 août 2007

Dernière séance de radiothérapie.


Pour cette dernière séance l'attente a été longue. Le technicien s'en est excusé ce que j'ai apprécié.

Une image assez différente m'est venue juste avant que l'appareil ne se mette en marche. Je ne sais si vous avez déjà assisté au dégel des ruisseaux en montagne. Pour ma part, j'en garde un merveilleux souvenir. Car sous la neige les fleurs (essentiellement des crocus et des perce-neige) commencent à pointer leur nez. Sous la glace, on entend le murmure du ruisseau qui reprend vie.

Alors j'ai eu la représentation d'une bonne couche de glace, qui protégeait le lit de ma rivière intérieure. A la fois elle arrêtait les rayons, mais ceux qui passaient contribuaient à faire fondre la glace et à donner de la force et de la vie au ruisseau dormant et ainsi à évacuer le mauvais sans faire de mal à la nature environnante.

Cette représentation m'a bien occupée et le temps m'a semblé court.

Ensuite l'attente a repris pour la consultation, en principe la dernière. Le médecin est toujours aussi charmante et attentive.

J'ai parlé de la fatigue qui m'est tombée dessus depuis mercredi. C'est une fatigue bien proche de la fatigue que l'on vit quand on fait une dépression. Une seule envie: se coucher et attendre que ça passe, avec des idées un peu noires. Maintenant en fin de traitement, cette fatigue est considérée comme normale et due aux rayons et aux trajets.

Là je continue à avoir du mal à accepter cela comme une cause de fatigue. Mais je peux admettre que outre le transport, il y a surtout cette obligation de venir tous les jours, 5 jours par semaine, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il y ait ou non des embouteillages.

Il suffirait de dormir (faire la sieste et ne pas veiller) pour que ça se dissipe. Espérons.
Mais pour le moment la fatigue est telle que je me sens incapable de partir en vacances dès demain.

Le médecin a trouvé que ma peau était peu abîmée. Il faut dire que depuis l'arrêt des photons, elle a commencé à brunir et la seule zone rouge (bien rouge) est le rectangle du bombardement des électrons. Il y a deux petites zones axillaires qui sont à traiter à l'éosine et à la biafine.

Bien entendu pas d'exposition au soleil et en cas de bain de mer se doucher dès la sortie de l'eau.

Retour à la maison, fatigue très présente et état un peu nauséeux.

Ce n'est qu'à la fin du repas du soir que j'ai pleinement réalisé que c'était fini, que demain serait un jour "normal" et que la vie, ma vie, notre vie, reprenait son cours. Deux heures pour que ça fasse le tour des neurones...

Dans trois semaines j'ai rendez vous avec l'oncologue. En principe je dois retourner voir le médecin radiologue dans un mois, mais j'espère ne pas avoir besoin de la rencontrer et que l'oncologue de l'hôpital où j'ai été opérée prescrira les examens à faire sans avoir besoin de retourner dans ce centre d'oncologie radiologie que je ne suis pas arrivée à investir de manière très positive.

Hier soir, j'ai enfin effacé la croix verte qui servait au centrage des dernières séances et là encore j'ai eu l'impression de reprendre une autre vie.