Ce journal veut être un instrument pour analyser mes ressentis, mes rages, mes colères, mes tristesses aussi devant cette maladie qui instrumentalise celui qui en est porteur.
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dimanche 21 octobre 2007
le moulin à eau (ou à vent).
Au fur et à mesure des jours je me rends compte - et cela ne me plait guère - que beaucoup de faits qui touchent à mon corps (ce que je pourrais appeler des bobos, des douleurs) ou à mon rythme de vie (comment vais-je réagir si je fais telle ou telle chose, si j'en fais plus, si j'en fais trop-mais le trop c'est quoi?-) m'inquiètent.
Les bouffées de chaleur qui m'assaillent surtout le soir, me sont très pénibles. Impression que le corps veut d'un coup évacuer quelque chose, se débarrasser de quelque chose, mais de quoi? Cette chaleur, c'est une mauvaise chaleur. J'ai parfois l'impression qu'elle est lié à de l'émotionnel, bouffée de colère, bouffée d'impuissance? Il y a cette transpiration fine qui m'envahit de la tête aux pieds, l'impression presque de brûler, d'avoir trop chaud, et il n'y a pas de raisons, sauf bien sûr le médicament que je prends depuis un mois maintenant et que l'un dans l'autre je supporte très bien.
Que ce soit purement "mécanique" je veux bien, mais en fait à ces moments là, je vis une dessaisie complète de mon corps. Il faut que j'attende que ça passe et même si ce n'est pas très long (il y en 3 ou 5 par soirées) j'aimerais trouver ce qui provoque ce phénomène. Est ce lié à la digestion, à la fatigue du soir?
Ce qui est certain c'est que ces "attaques" de chaud ne me permettent pas d'évacuer la peur insidieuse de cancer et peut-être de ma mort.
Quand je passe du temps pour moi, à laisser mon corps respirer à son rythme ou au rythme d'une phrase, je me rends compte que la zone du foie est chaude, alors que je m'attends à trouver de la chaleur beaucoup plus au centre de mon ventre. A-t-il besoin d'une aide pour évacuer les effets résiduels des rayons et l'effet du tamoxifène? Peut-être bien.
Lors du massage Shiatsu, la praticienne, qui est une amie, m'a dit plusieurs choses et j'ai une grande confiance dans ce que peuvent percevoir les mains d'une kiné. Elle n'a pas retrouvé la carapace défensive de la première séance, ce qui montre bien que quelque chose est réellement advenu.
Ma colère est beaucoup moins intense, elle se serait transformée en rancune. Moi, je dirai plutôt rancoeur, parce que cette maladie, je peux dire qu'elle me pompe l'air. Car maintenant il y a en moi une vilaine petite voix qui sussure: si ce cancer là est stoppé, momentanément, qu'est ce qui prouve que d'autres cellules ailleurs ne vont pas faire la même chose?
Car je continue à croire que le cancer n'est pas uniquement lié au vieillissement ou à la biologie, mais aussi à l'impact de certains événements qui peuvent être vécus comme traumatiques. Des traumatismes liés à la vie "normale", personne n'est à l'abri et j'ai appris maintenant que toute psy que je sois, avec mon habileté à mettre assez rapidement des mots sur les événements qui ont un fort impact émotionnel, mon corps peut fort bien se mettre à dysfonctionner. J'ai peut-être perdu une espèce de croyance en une toute puissance de la pensée.
Si c'est un fruit de cette atteinte, alors je dois reconnaître que c'est un très bon fruit, même si mon narcissisme doit un peu en souffrir.
Le foie et la vésicule seraient les lieux de "la colère", et chez moi elle a senti qu'il y avait un gros travail à faire de ce côté là. Elle a eu une phrase curieuse: cette zone appelle de la chaleur. Comme si la circulation était bloquée ou comme si elle consommait plus d'énergie que mon corps n'est capable de lui donner ou de créer.
Cette idée là me plaît bien: participer à fournir l'énergie dont un organe a besoin. je ne sais pas comment, à part apporter de la chaleur soit avec mes mains, soit avec une bouillotte, mais je sais que c'est un travail qui me plait beaucoup d'inventer mes propres représentations.
Peut-être l'image d'un moulin à eau, un gros moulin qui a besoin de beaucoup d'eau pour moudre. Et le courant a faibli, il se ralentit, mais si on lui apporte toujours du blé et encore du blé, alors ça va bouchonner et se boucher. Il faut apprendre à donner moins de grains et aussi à draîner le cours d'eau sur lequel le moulin est installé
Lors de ce massage, du fait que j'avais déjà eu un premier contact, les sensations ont été très différentes. Il y a certainement une élimination importante car mon alliance, tourne beaucoup plus facilement autour de mon index, mes doigts ne sont plus gonflés. Il y a eu des gargouillis dans l'abdomen en soi agréables car sensation de détente ou plus exactement d'organes qui se retrouvent à la bonne place, sans tension. La sensation de froid peut-être plus intense cette fois ci. J'ai aussi été surprise par le contact des doigts que j'ai ressenti comme très rugueux. Des doigts qui savent ce qu'ils veulent, une sorte de volonté puissante de l'autre. Se laisser agir.
La place aussi faite à la parole. Pour moi qui suis habituée à écouter, parler à une autre professionnelle est une expérience très positive et très importante. Mais je crois que la fatigue qui a été presque plus intense et surtout plus lente à se dissiper est aussi liée à certaines de mes paroles. Parfois on peut nommer les choses, parler du ressenti et puis ceci fait, cela redescend en arrière fond. Le remettre au premier plan réveille d'autres affects, d'autres images et la métabolisation prend toujours un certain temps et consomme également de l'énergie.
Je crois que cette lente et profonde fatigue est actuellement quelque chose qui me mine un peu. Peur du lendemain!
J'ai assisté cette semaine à une conférence passionnante mais en soirée sur le livre d'Esther. Cela a nécessité de moi un effort d'attention considérable donc une fatigue assez intense le jour suivant.
Il se trouve que cette conférence s'est passée dans la ville où j'ai "subi" la radiothérapie, et je crois que cette route qui m'est très désagréable a aussi un impact sur mon "émotionnel" donc sur ma fatigue.
Je crois que j'espérais que le Shiatsu m'aiderait un peu magiquement à vaincre cette fatigue, mais elle a persisté et c'est là l'autre peur: comment récupérer? Comment prévoir qui je serai et comment je serais d'un jour sur l'autre.
J'ai participé ce week-end sur les psaumes. Je suis rentrée dormir chez moi et le matin je n'arrivais qu'au début de la session. La fatigue n'a pas été une gêne réelle. Le soir, malgré une petite peur du lendemain, je me suis sentie bien comme si mon organisme avait eu besoin de beaucoup de temps pour se remettre en phase.
Il est aussi possible que outre l'âge, parce que je dois bien en tenir compte, le drôle d'automne que nous avons eu jusqu'à maintenant, avec la reprise d'une végétation presque printanière (il y a des pâquerettes un peu partout) joue aussi en déréglant mes mécanismes internes.
Ce matin, après une bonne nuit, j'ai enfin nettoyé l'aération de la cuisine. C'est un bon point. Du coup l'état du plafond reste un peu inquiétant, mais là chaque chose en son temps, ne pas donner à moudre du grain qui ne peut être moulu sous peine de bourrage et d'arrêt.
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