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lundi 20 juin 2011

Déjà quatre ans ou seulement quatre ans?



j'ai trouvé il y a 4 ans ce beau bouquet en revenant de l'hospitalisation pour l'exérèse du petit nodule cancéreux qui était venu se mettre dans mon sein. 




De ce bouquet il reste un unique bambou, qui a fait de superbes racines et qui par les pousses est pour moi un symbole de vie.


bambou
Ce billet anniversaire est aujourd'hui pour moi une sorte de moyen de faire le point 4 ans après, (dans un an il faudra refaire une demande pour le 100%) mais aussi de tenir compte du temps qui passe, car l'échéance des 70 ans est très différente de celle des 60. N'y a t-il pas un psaume qui dit: le temps de nos années, quelque 70 ans, 80 pour les plus robustes" Ps90, 10

Ceci pour dire que cela fait 4 ans que le nodule cancéreux a été enlevé et deux ans que le traitement "anti récidive" a été stoppé. Certes il m'est impossible de faire comme si ce cancer n'avait pas existé parce que le sein opéré et rayonné se fait sentir chaque fois que je me couche, que je m'appuie ou non sur lui. Si je m'appuie dessus cela fait réellement mal mais c'est une douleur brève, par contre dans d'autres positions c'est un  peu comme si quelque chose à l'intérieur le malaxait ce qui n'est pas vraiment douloureux,  mais très désagréable. Ceci dit il me semble que la douleur est beaucoup moins forte maintenant qu'elle ne l'a été alors peut-être qu'un jour lointain cela sera totalement atténué. C'est une question, le temps seul y répondra.
Si je me considère comme "guérie" de ce cancer, je ne peux pas faire comme si cela n'était pas arrivé, car tous les jours "il" reste présent. En fait quand je dis "guérie" c'est parler un peu vite, car la moindre douleur à un endroit inhabituel provoque la peur d'une métastase. Comme quoi ce n'est pas si simple. Il y a le rationnel et le reste.

Il reste aussi les bouffées de chaleur, qui même si elles sont devenues beaucoup plus rares perdurent. Je les attribue au traitement tamoxifène et à son arrêt. Les aurais-je eu de toutes les manières? Je ne sais. Même si parfois j'essaye de leur donner un sens de purification (mettre dehors le mauvais du dedans, comme la fatigue par exemple),  je trouve cela très pénible et usant. Mais là encore il y a un mieux, mais elles existent toujours et donc l'oubli est impossible car pour moi elles ne sont pas associées à la ménopause mais au cancer.

 Un des autres désagréments lié au cancer a été la fatigue. Aujourd'hui il m'est par contre difficile de savoir si la fatigue que je vis au quotidien est liée ou non à la maladie.

Curieusement il y a pour moi plusieurs types de fatigue. Il y en a une très spécifique pour moi qui est liée aux rayons et qui se traduisait par une sorte de mal de coeur, de besoin de tout laisser pour s'allonger, elle est devenue rarissime, mais elle existe toujours. Je l'appelle "la mauvaise fatigue" et en ce moment elle a tendance à se réactiver ce que je n'apprécie pas. Car il y a une petite partie de moi qui se dit et si cette fatigue était le signe de quelque chose qui va me tomber dessus.

Il y a la fatigue liée à un certain effort et celle la, même si elle m'ennuie un peu, je l'aime bien parce que j'en connais l'origine. Simplement elle arrive beaucoup plus vite que par le passé, et du coup elle me dit que l'âge est là, qu'il y a des choses qu'un jour je ne pourrais plus faire, qu'il faudra demander de l'aide et ça je n'aime pas. Elle est alors signe d'un deuil à faire. Mais heureusement en général je récupère vite et même si je ne reprends pas l'action entreprise, comme par exemple tailler les haies ou griffer la terre. Les efforts qui me demandent de mettre les bras en l'air, je les supporte de plus en plus mal, fini les plafonds et autres choses de ce style, et pourtant les araignées tissent leur toiles...

Par contre il y a une autre forme de fatigue qui se profile aujourd'hui, un peu sans raison et celle là je ne l'aime pas du tout. Il est difficile de la décrire, c'est une sorte d'état général et il faut que je me pousse un peu (au cul) pour faire ce que j'ai à faire. Je mettrais sur elle le mot de lassitude, plus envie de faire certaines choses, envie de m'occuper plus de moi, de passer plus de temps ) écouter de la musique et à lire (à condition de trouver un livre qui m'intéresse vraiment). C'est un peu comme si cette fatigue me disait que j'en ai trop fait, que je n'ai pas su me protéger, mais me protéger de quoi? Je dirai aujourd'hui parce que je réfléchis à la fois sur un sens possible mais aussi à une manière de trouver un moyen d'en faire une alliée et non pas une ennemie que je dois changer quelque chose dans ma manière d'être en relation avec les autres.

bouclier en améthyste
J'ai d'abord eu une image de miroir protecteur: l'angoisse de l'autre (ou ce qu'il porte en lui) au lieu de transiter par moi pour être métabolisé, doit en fait être directement réfléchi en dehors de moi, aller dans un ailleurs qui s'occupera justement de cette transformation. Ce serait une sorte de bouclier.

Puis une autre image est venue, c'est celle de la réfraction. Quand un rayon lumineux touche la surface de l'eau, une grande partie est réfléchie (ce qui renvoie à l'image précédente) et seule une partie est réfractée, je dirai passe par moi pour être ensuite transformée, mais au lieu de tout prendre de plein fouet, cela permet une diminution importante de l'impact.

Compte tenu de cette fatigue qui me donne envie de me mettre dans un cocon protecteur, je suis allée voir la thérapeute qui fait des massages énergétiques. Il s'est passé pas mal de choses durant cette séance. J'ai ressenti que  quelque chose était différent chez elle, j'ai mis le mot de douceur sur cette sensation et elle m'a dit avoir eu envie de me donner de la douceur. Je dois dire que lorsque cette sorte de symbiose peut se faire, sans aucun risque de fusion ou d'engloutissement c'est très satisfaisant. J'ai aussi pu me relier tant à mon analyste qu'à ma mère, car l'un et l'autre travaillaient au niveau du corpsavec leurs mains puisque René  Philibert pratiquait de la relaxation analytique et que ma mère faisait des massages. Maintenant dans la mesure où je me permets parfois de "toucher", je pense être dans une filiation. Je peux être dans une transmission, mais en faisant quelque chose de différent qui est à moi.

D'après elle, mes reins étaient vidés. Or les reins dans la bible cela renvoie à la force. Je pense effectivement avoir présumé de mes forces. Il va falloir au moins pendant un certain me "ménager".

Pour en revenir à la fatigue, je ne trop quoi en dire. je ne la ressens pas comme dépression parce que tout le reste va bien. je la ressens comme le signe d'un changement, donc je dois en tenir compte, l'apprivoiser. Je sais aussi que la fatigue peut être une alliée dans la mesure où certaines défenses peuvent s'abaisser  et permettre peut être qu'un travail "spirituel" se fasse.

Le temps de la Pentecôte est un temps un peu magique pour cela. Il est quand même curieux que j'ai vécu pendant presque une semaine avec des brûlures sur ma langue, quand on sait que des langues de feu sont entrées dans les apôtres. Peut être que j'ai appris que ce que Lytta Basset appelle "le coup de foudre" n'est pas de l'ordre du calin...  Je pense avoir eu mon coup de foudre en ce dimanche de Pentecôte. Maintenant que quelque chose est advenu, mais cela reste dans le secret de mon intime, peut être que la fatigue va se transformer en autre chose.

En 4 ans j'ai changé. On ne sort pas intact de cette maladie qui d'une certaine manière vous montre que malgré tout le travail que vous avez pu faire sur vous, il reste des tas de zones en soi qui sont puissantes et qui travaillent et peuvent aller vers la destruction. Alors peut-être que cette lassitude  peut permettre de continuer à éroder les restes de toute puissance infantile, et ... Et Dieu vit que cela était "bon". A moi de faire du bon avec ce que je vis dans mon corps. 

Prochain billet prévu: septembre 2011: rendez vous chez l'oncologue.