Premier week-end après l'arrêt des rayons.
Meilleure journée qu'hier, fatigue un tout petit peu moins présente, mais je me laisse vivre au maximum à un rythme très lent.
Je sais qu'avec le temps beaucoup de sensations s'estompent, s'effacent et il bon qu'il en soit ainsi, même si de mon point de vue des traces persisteront, car comme le disait Canguilhem, "il n'y a pas d'innocence biologique", on ne revient jamais à l'état antérieur..
Le cancer que j'ai (eu) est un cancer sans propagation, et sensible à une hormonothérapie. Le traitement radiothérapeutique, je l'ai subi. Je l'ai mal accepté et de ce fait il est possible que certaines de mes réactions soient liées à ce refus.
Je vais donc essayer de lister (peut-être dans le désordre) ce que moi, une femme de 67 ans, avec un cancer hormono dépendant, j'ai vécu au cours de ces 7 semaines comme effets "secondaires" de ce traitement.
1- sensation de brûlure dans le sein.
Dès le début des rayons, j'ai eu une sensation de brûlure à l'intérieur du sein (à la deuxième séance) ce qui paraît-il n'est pas normal, mais qui s'est amplifié au fil des séances alors que la peau n'avait pas encore rosi. Au bout de deux semaines il y avait une inflammation de toute la glande mammaire (échographie). Ceci étant très douloureux. Ce phénomène a disparu (homéopathie Apis 5CH et passeur de feu) mais a réapparu en fin de traitement par les photons (appareil Orion). J'ai pris de manière régulière mais à doses variables un antalgique classe 2 et certains jours un anti-inflammatoire, de manière à anticiper la douleur et à la réduire au maximum.
2- La peau.
Globalement je sais que m'en tire bien. Mais je regrette que la technicienne rencontrée avant le début des rayons n'ait parlé que de la crème hydratante uniquement pour le sein. Comme les rayons dessinent un carré de presque 20 cm de côté, il faut hydrater toute la zone autour du sein, en particulier les zones sous l'aisselle et sous le pli du sein. J'ai parfois très mal dans le bras gauche, comme si le muscle pectoral avait souffert de cette brûlure.
Je pense qu'il faudrait aussi suggérer de sécher l'aisselle avec un mouchoir en papier pour éviter toute trace de transpiration.
3- Le mal des rayons.
On dit bien "mal de mer", "mal de l'air". Ce terme "mal des rayons", je l'ai vu quelquefois sur le net et qui pour moi renvoie à cet état nauséeux que j'ai encore aujourd'hui. Cela ne va pas jusqu'au vomissement, loin de là, c'et plutôt comme la sensation désagréable que l'on peut avoir en voiture quand la suspension est trop douce ou quand la route tourne un peu trop.
Je me souviens que les enfants qui étaient traités par chimiothérapie à l'Institut Gustave Roussy (IGR), et qui vomissaient beaucoup au cours du traitement, commencaient à être malades dès qu'ils montaient dans l'ambulance. Je me pose la question de savoir si ma réaction est de cet ordre. Je ne le pense pas, mais...Cela a commencé dès le retour de la deuxième séance (ce qui m'avait étonnée) et a perduré et perdure encore aujourd'hui. Cette sensation très désagréable qui me semble- t-il est comme associée à la fatigue et en est un signe supplémentaire, arrive n'importe quand, que ce soit au cours d'un repas, d'une promenade ou en voiture..
3- La perte de l'appétit.
D'une part l'envie ou le plaisir de manger est parti. Je peux rester à côté d'une tarte que pourtant j'aime sans avoir envie de me servir. D'autre part, manger me fatigue et du coup je mange moins en quantité. J'ai perdu un peu de poids, mais si l'hormothérapie doit me faire grossir, alors tant mieux.
4- Un petit phénomène de constipation.
Le médecin m'a posé cette question lors de la dernière consultation. J'avais bien remarqué quelque chose, mais pas dramatique du tout. Peut-être faudrait-il boire un peu plus que je ne bois. Pourtant je bois beaucoup plus qu'en temps normal. Mais depuis la fin du traitement il me semble que tout est rentré dans l'ordre..
5- La fatigue.
J'en ai beaucoup parlé. Elle est là.
Et je ne suis pas au bout de mes peines avec cette "dame" qui s'invite chez moi, sans y être invitée. Elle m'enlève une certaine joie de vivre, elle me renvoie une image de moi assez négative. Je peux me réjouir de pouvoir cependant faire les choses courantes de la vie quotidienne. Ayant perdu mon chat juste avant de commencer cette thérapie, j'avais commencé à prendre des antidépresseurs et je pense avoir bien fait, car cette fatigue provoque par elle-même un vécu de dépression.
Je sais que ce que j'ai vécu est mon vécu et que le vécu de chacun est autre. Mais parfois je me suis posé la question du normal. Chaque fois qu'une amie passée par là a pu me dire qu'elle aussi avait vécu cela, cela m'a réconfortée. Je comprends bien qu'il ne faut pas charger les rayons de tous les maux, mais il ne faut non plus minimiser les effets secondaires et dire qu'ils sont dus au stress.
Dire cela revient à dire à mots couverts que c'est dans la tête que ça se passe, ce qui n'est jamais agréable à entendre. Si on était moins tendu, moins fragile psychiquement, ces effets secondaires n'existeraient pas. Donc une partie de soi en est responsable, ce qui fragilise un peu plus une représentation de soi déjà affectée par le cancer en tant que tel, et le traitement avec ses contraintes horaires.
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