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samedi 22 décembre 2007

"Une semaine à la montagne".

Je viens de passer une semaine à Arcs 1800, en espérant bien m'y refaire des globules rouges et une santé. 

Je dois dire que j'aime ce pays et que les paysages m'enchantent.

Le temps a été magnifique et j'ai pu faire du ski tous les jours, ou presque. 
Le "presque" est du à une chute arrivée l'avant dernier jour. Il y a deux ans je m'étais fracturé le poignet droit, une mauvaise fracture qui m'a handicapée un bon bout de temps . Cette fois ci, c'est le poignet gauche(http://giboulee.blogspot.com/2006/04/poignet-cass-fvrier-avril-2006.html).
Je suis tombée à l'entrée d'une piste que je connais bien, mais ayant fait des pistes nouvelles (ce dont je suis très contente) je me sentais fatiguée et j'aurais peut-être du ne pas rentrer par là. J'ai pu me relever (presque) sans efforts, utiliser quand même mon poignet et malgré la douleur et le choc que j'avais ressenti lors de la chute, je ne voulais pas envisager l'hypothèse d'une fracture. Ceci pour dire que j'ai hésité avant d'aller voir un médecin. 

Il a eu du mal à identifier la fracture qui est une fracture par tassement, mais je me suis quand même retrouvée avec un plâtre et une énorme envie de râler. Il a souhaité que je vois un orthopédiste dans une dizaine de jours.

Le soir, la douleur était là, bien présente. Certes je pouvais utiliser le clavier de l'ordinateur, mais pas le soulever pour le déplacer. J'avais l'impression d'avoir une main molle, incapable de faire quoique ce soit. C'est une impression presque désespérante: avoir une main en cire qui ne vous obéit pas, qui se dérobe et qui vous fait mal. Les gestes habituels sont devenus 
problématiques, que ce soit dévisser un bouchon, tenir un objet, et même manger.

Comme je l'ai déjà écrit, la douleur ce n'est pas mon truc, alors j'ai pris ce qu'il fallait et pour ne pas avoir mal et pour dormir.

Le jeudi, je dois dire que l'idée de ne pas skier et d'être privée de ce sport pendant un mois, m'a été douloureuse. Mon mari a eu l'idée d'une promenade en forêt et ce fut un vrai régal.
 


En surface la neige était recouverte de lamelles cristallisées; je n'avais jamais vu cela.

Quitter les Arcs m'a été un peu difficile. 

En rentrant chez nous, j'ai décidé de prendre un rendez vous en urgence avec l'orthopédiste, spécialiste de la main, sans attendre le moindre délais. J'ai pu avoir un rendez vous pour le samedi.

En rentrant chez moi, il y avait aussi une autre bonne nouvelle, les résultats des examens de sang consécutifs à l'anémie trouvé le 26 novembre. D'une part tous les indicateurs sont bons, mais surtout en l'espace de 15 jours la numération est redevenue normale. Je doute fort que le ferograd ait pu remonter le taux hémoglobine de manière aussi spectaculaire. J'ai du mal à admettre une faute de mon laboratoire habituel, alors je ne comprends pas et il y a là comme un petit miracle qui s'est produit et qui correspond un peu à la sensation que le cancer était enfin derrière.

Aujourd'hui j'ai donc eu mon rendez vous. Le chirurgien n'est pas certain qu'il y ait une fracture et me propose de revenir dans 15 jours avec une nouvelle radiographie et l'ablation du plâtre. S'il retrouve la fracture, il me mettre une attelle, si elle n'y est pas, rien du tout. Je dois dire que cela c'est un super cadeau de Noël, d'autant que ma main est un peu moins sensible et un peu plus vivante.

Je crois, et c'est important pour moi de le dire, que si j'apprécie autant ce médecin, c'est que depuis que je le connais, j'ai toujours eu l'impression d'être "unique" pour lui, et pourtant Dieu sait qu'il en a vu des choses et des patients depuis qu'il pratique ce métier.
   


Il reste toujours la question des angiomes de mon foie, mais la normalisation de la formule sanguine est pour moi une sorte de petit miracle (je n'ai pas d'explication) qui me donne beaucoup de joie.


jeudi 13 décembre 2007

"Anémie suite".

J'avais donc rendez-vous lundi avec mon oncologue. Le patient qui avait rendez vous avant moi n'était pas encore passé, et le temps s'écoulait assez lentement. Avec un livre c'est un peu plus facile, mais quand même. Comme il manquait un résultat pour ce monsieur j'ai pu avoir sa place, donc mon retard a été relativement léger. Mais quand même de l'ordre de la demi heure. 

Un certain nombre de réponses m'ont été données: 
- la taille de mon sein (plus gros que l'autre) et la douleur dans le bras:normal. Irradiation et chirurgie. 
- les cellules inflammatoires et hémorragiques dans les frottis: normal aussi: tamoxyfène.
- la fatigue: pas normale mais peut -être liée à l'anémie.
- l''anémie: pas normale. Ce n'est pas une anémie par carence de fer, donc il faut chercher ailleurs. Une analyse de sang plus poussée pourrait donner des pistes. Cela a été fait tout de suite après la consultation, mais les résutats ne me seront communiqués qu'au début de la semaine prochaine et moi, la semaine prochaine je suis à la montagne (pour me refaire des globules rouges).

Une autre piste possible: les angiomes "géants" de mon foie qui ont augmenté de taille depuis le mois de mai et qui pourraient provoquer une hémolyse du sang. Donc IRM en janvier et nouvelle consultation le 7 janvier.

Moi qui espérais bravement que le ferrograd réglerait la question de l'anémie, je suis un peu déçue et un peu perplexe, parce que ce qui touche au foie je n'aime pas trop. J'ai connu dans ma pratique à l'hôpital des enfants porteurs d'angiomes internes et les traitements étaient très difficiles avec des phases d'alimentation très complexes. Mais je doute fort que ce soit mon cas. 

Il est possible que cette augmentation soit liée au tamoxyfène. Dans ce cas ce médicament ne serait plus bénéfique et devrait être arrêté. Comme je ne peux pas prendre l'autre molécule qui déminéralise les os, cela pourrait signifier que je ne prendrai plus rien... Après tout le nodule ne mesurait que 7mm a dit le cancérologue et si le remède doit être pire que le mal alors il faut réfléchir avant d'agir.  

Mais ce je trouve très curieux c'est que dans ma tête, malgré cette fatigue qui perdure et m'attaque comme je l'ai déjà écrit, le cancer est enfin derrière. Une étape est franchie: j'ai eu un nodule cancéreux, j'ai été soignée pour cela et maintenant je vais bien.

Comme je l'ai dit, je ne peux pas employer le terme de guérison (peut-être un reste de superstition enfantine) , mais en moi, quelque chose a été nettoyé, purifié si je puis dire. 

Je ne sais pas ce que vont donner les investigations du foie, malgré l'utilisation du mot nodule qui est employé dans le compte rendu des radiologues. J'ai juste l'intention de profiter de la semaine à la montagne et des fêtes de Noël. 

angiome: malformation vasculaire circonscrite, le plus souvent d'origine congénitale, constituée par une agglomération de vaisseaux sanguins (hémangiome) ou lymphatiques (lymphangiome)




jeudi 6 décembre 2007

"Encore un dragon".


Le dernier billet"brisement" traduisait un état que je peux qualifier d'un peu dépressif. Pour schématiser, je me sens attaquée en profondeur tant par le cancer que par les traitements. Il ne s'agit pas d'un raisonnement rationnel, mais d'une réaction affective, émotionnelle.

Lundi j'ai eu des examens radiologiques: poumons, seins et des échographies abdominales et pelviennes. Je dois dire que je me demandais ce qu'on allait encore trouver comme dysfonctionnement de mon pauvre corps.

Pour ces examens il fallait que je sois complètement à jeun (pas de boisson) pour l'échographie du foie et la vessie pleine pour l'échographie pelvienne. Je n'était pas de très bonne humeur à cause de ces deux contraintes.

L'échographie du foie a pris un certain temps car il semble que les angiomes géants excitent la curiosité des radiologues. Ceci dit on verra bien si d'autres examens sont à faire. Le foie est pour certains un organe symbolisant la colère.

Celle de l'utérus est bonne me semble-t-il. L'endomètre (puisque c'est lui qui est sensible à l'action du tamoxyfène) est normal actuellement, ce qui est le principal pour moi.

La manipulatrice radio était amicale et attentive à mon confort, ce que j'ai apprécié.

L'un dans l'autre ces examens ont quand même pris deux heures.

En rentrant chez nous, j'ai eu comme des envies destructrices: cracher du feu sur tout le monde, écraser tout ce qui était sur mon passage (ou celui de notre voiture) bref être tout sauf quelqu'un de civilisé. Et je m'imaginais en dragon crachant du feu par petites bouffées.

Cela peut tout à fait s'entendre comme une bascule de l'état dépressif à un état un peu hypomaniaque, mais je dois reconnaître que cela fait du bien. Cela me permet (parce que je suis bâtie comme cela) de m'imaginer en animal mythique et mythologique, capable de voler, de dominer (enfin) de détruire, mais aussi comme me l'a appris un de mes petits patients de ronronner en cas de bien être.

Alors j'ai un peu oscillé entre des moments où le feu sortait et des moments où le ronronnement interne me calmait.

Un massage "shiatsu" était prévu pour mardi et je dois dire que je l'attendais avec une certaine impatience.

Ma thérapeute n'a pas trouvé le foie volumineux, ce qui est un peu rassurant. Par contre elle a trouvé que l'émotionnel était vide. Il s'est fait un travail sur le bras gauche qui est le bras du sein opéré. Ce bras est douloureux depuis un certain temps. Et lors du travail sur les méridiens qui sont dans ce bras j'ai ressenti un moment de profonde détente de grand bien-être. J'ai eu beaucoup moins froid cette fois ci que lors du massage précédent. D'une fois sur l'autre, en fonction de l'état dans lequel on est, les sensations sont très différentes.

J'ai ressenti dès le début du massage une grande chaleur dans l'abdomen. Cette chaleur n'est pas induite par la chaleur des mains du thérapeute, même si elle est induite par le mouvement des mains. C'est une chaleur difficile à décrire, car à la fois c'est brûlant, mais en même temps doux. Quelque chose se remet à circuler. je ne sais comment ce quelque chose doit s'appeler. Il y a le terme d'énergie, mais pour moi c'est un peu un mot valise dans lequel on mettre des masses de significations.

Peut-être qu'il s'agit de rétablir le courant, comme si l'eau de la source était bloqué partiellement par un éboulis de pierres et que le fait de déplacer une seule pierre (parfois il suffit de peu de choses) permet à l'eau de sourdre puis d'irriguer ce qui doit être irrigué.



Aujourd'hui? L'euphorie est un peu passée, la fatigue est présente. A mon phlébologue qui me disait "c'est derrière" j'ai simplement rétorqué: non cette maladie là, elle ne se met pas derrière si facilement.

dimanche 2 décembre 2007

"Brisement".



Amandes dans leur coques d'un vert tendre, amandes de mon enfance.


Un de mes amis me disait il y a quelques jours que pour certains pères du désert des premiers temps du christianisme, les épreuves pouvaient s'entendre en terme de "brisement". Briser ce n'est pas écraser. Pour manger l'amande qui est le coeur, il faut bien briser la coque, la briser, ce qui nécessite finalement une certaine habileté. Mais en ce moment ce que je vis est plus de l'ordre de la destruction que de la brisure et c'est là où aujourd'hui le bât blesse.

Alors pourquoi ce préambule? Simplement parce que différents résultats d'examens (sang et frottis) me posent des questions et que l'examen radiologique de demain me fait peur.

J'aurais pu attendre demain pour rédiger ce billet, mais c'est aujourd'hui que quelque chose me taraude.

Ce que je ressens aujourd'hui c'est une espèce de destruction de ce que j'étais depuis le début des rayons et la prise du tamoxyfène (l'anti-hormone utile pour traiter mon cancer).

Je n'ai pas ressenti cela après la chirurgie. Mais il y a bien un avant les rayons et un après les rayons, un avant le tamoxyfène et un après. Je supporte mal ces petites atteintes que je pense liées aux rayons et aux médicaments: petite diminution de l'hémoglobine, présence de cellules peu inflammatoires et de cellules hémorragiques dans les frottis (ce qui n'avait jamais été le cas). J'ai l'impression d'avoir été quelqu'un de sain sans gros problèmes avant la détection de ce nodule cancéreux et de basculer dans une espèce de dégradation.

Il faut dire que l'idée d'une possible atteinte de la paroi utérine me fait peur. Si cette partie de moi devait être enlevée, je sais que je le vivrais très mal, même si je fais la fière (à mon âge, je n'en ai plus besoin).

Ce matin j'ai fait un rêve un peu étonnant: nous avions décidé mon mari et moi-même de faire une courte promenade en bord de mer. Nous voulions aller jusqu'à un promontoire et faire demi-tour ensuite. De fait arrivés à cet endroit, le chemin changeait complètement d'allure: il se mettait à grimper en longeant une sorte de cuvette assez grande, remplie d'eau noirâtre. Dans cette cuvette qu'il fallait soigneusement contourner il y avait une sorte d'énorme crabe (un peu comme celui décrit par Kipling dans les "histoires comme ça": le crabe qui jouait avec la mer). Nous avons fait demi tour sans trop nous poser de question en essayant de rester hors d'atteinte. Nous ne sommes pas tombés dans la mare, nous n'avons pas été saisis par les pattes, mais il fallait faire vite, se dépêcher et d'une certaine manière lutter contre le temps car la nuit tombait.

Le positif de ce rêve c'est que mes deux jambes fonctionnaient ce qui est loin d'être le cas dans d'autres rêves ou il m'est impossible de franchir la moindre côte ou le moindre escalier (belle représentation de la maladie qui paralyse).

Mais l'association crabe et cancer est la première qui vient, et là le crabe était assez monstrueux, ce qui montre je le crois à quel point, cette maladie est vécue par moi comme quelque chose de potentiellement très destructeur.




Les rayons en détruisant des cellules cancéreuses (?) m'ont détruite d'une certaine manière.Il y a ce que j'étais avant et ce que je suis aujourd'hui, ne sachant pas ce que je deviendrai dans les années à venir.

Qu'il y ait en moi de la colère, c'est certain. Que cela altère d'une certaine manière la confiance que je pouvais avoir en moi, c'est certain également. C'est ne plus pouvoir compter sur son corps. C'est faire entrer une certaine représentation de la mort en soi. C'est en tous les cas reconnaître sa fragilité.

Mais la question qui est pour moi importante c'est de vivre ce que j'ai à vivre, non comme un écrasement, mais comme un brisement pour que le coeur qui est dans la coque puisse être révélé.

Pas facile du moins aujourd'hui.