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samedi 29 septembre 2007

Un mois depuis la fin des rayons.

Cela fait juste un mois que les rayons sont terminés: 30 jours.

Le traitement anti-hormonal est commencé depuis 5 jours et pour le moment pas d'effets secondaires, ou si peu.

Depuis le début de cette semaine j'ai l'impression de redevenir "normale" avec une fatigue "normale" conséquence normale d'une vie normale.

Et puis voilà, depuis hier soir, la fatigue se rappelle à mon bon souvenir, comme si elle ne voulait pas lâcher prise. Hier soir c'était fugace, mais présent. Aujourd'hui c'est insistant. Je sais bien qu'elle doit se manifester, que ses apparitions ne seront pas de longue durée, mais voilà, elle me gâche la vie.

Aujourd'hui elle s'est manifestée dès la fin du petit déjeuner: manger c'est fatigant, soulever une tasse de café aussi. je suis allée me recoucher, mais cela n'a pas suffi.Quand j'ai l'impression d'être faible, pas solide sur mes jambes et que je n'ai qu'une envie: aller m'allonger, avec un petit vertige, je sais que la fatigue a retrouvé sa proie.



Cette photo, je l'ai faite il y a quelques jours et je me demandais si cette buse (ou busard ou épervier) pouvait symboliser pour moi le cancer, car on voit bien la proie entre les pattes. Aujourd'hui je la ressens plutôt comme une symbolisation de la fatigue qui fond sur moi et qui voudrait m'entraîner dans son aire.

Alors l'écriture est certainement un petit moyen de ne pas me laisser entraîner là où je ne veux pas, de freiner, de gagner du temps.

J'ai du travail à faire dans le jardin: planter des pensées et des cyclamens. Le temps humide sera une bonne excuse pour reporter à demain, mais j'ai bien l'intention de ne pas me laisser arrêter trop longtemps par cet oiseau de mauvais augure.

Mais peut-être devrais-je me soumettre pour un temps, écouter ce que dit mon corps, en tenir compte. Peut-être laisser glisser comme une peau sans utilité des obligations que je me suis mise sur le dos, les laisser se dissoudre, ne plus y attacher trop d'importance, car la fatigue si elle alourdit d'un côté peut certainement en me faisant lâcher prise ( juste l'inverse de ce que fait la buse dans mon jardin!), continuer le travail d'allègement qui se fait en moi.

mardi 25 septembre 2007

Une journée particulière: 24 septembre 2007

Ce 24 septembre, j'avais rendez vous en fin d'après-midi avec l'oncologue qui me suivra pour les 5 années à venir. Car maintenant c'est parti pour 5 ans.

Je dois dire que je redoutais un peu cette rencontre. J'avais téléphoné à sa secrétaire le matin pour savoir si le compte rendu de la radiothérapie était arrivé de manière à demander une photocopie pour moi. Et je savais donc qu'il était arrivé.

Ce que je redoutais c'était le morcellement du corps lié à ce traitement par hormonothérapie. Je veux dire que du fait de ce traitement, il faut faire un suivi gynécologique, un suivi oncologique, et je craignais qu'il y ait en plus un traitement rhumatologique, puisque malheureusement j'ai de l'ostéoporose.

Je dois cependant dire que cette journée du 24 a été la première où j'ai pu travailler normalement dans le jardin et y prendre du plaisir. Certes il y avait des choses à faire: ramassage de feuilles, mauvaises herbes, se débarrasser d'un genêt moribond, mais cela faisait des semaines que je ne mettais pas le nez dehors, pour ne pas voir.

L'automne est là, relativement précoce et il y a des choses que je peux faire à nouveau sans compter totalement sur le jardinier. Bien entendu mon corps rouspète, mais c'est une douleur normale. Il y a me semble-t-il un travail à faire pour remettre de l'huile dans les rouages.



Se retrouver au moins une fois sans cette fatigue que j'ai appris à connaître, quelle joie. Je n'ose crier victoire, parce que je sais que les réactions que certains effets secondaires de l'hormonothérapie,et l'action dans le temps des rayons, peuvent permettre à cette fatigue de prendre encore beaucoup de place.

Pour en revenir à ce traitement, compte tenu de l'ostéoporose, je vais prendre une molécule qui s'appelle tamoxifène, 20mg pendant les 5 années à venir.

Je ne peux pas prendre les anti-hormonaux nouvelle génération qui eux favorisent la décalcification. Ils sont inhibiteurs de l'aromatase (secrétée par les surrénales), ce qui entraîne le diminution de la synthèse des oestrogènes.

Les cellules qui se cancérisent dans la glande mammaire sont des récepteurs hormonaux. Le but de cette thérapie qui scientifiquement me plaît bien est de bloquer ces récepteurs et c'est donc valable pour les deux seins.

Comme je n'ai pas de problèmes de diabète et que je fume pas, les effets négatifs en particulier sur la formation de thromboses profondes devraient être peu importants voir nuls.

Par contre, cette molécule favorise, mais semble-t-il chez 1% de femmes prenant ce médicament, la possibilité d'anomalies endométriques (paroi utérine). Je cite les effets notés par le fabricant: atrophies pseudo-hyperplasiques, hypertrophies, polypes, cancer. De ce fait une surveillance gynécologique avec échographie pelvienne est indispensable. Par ailleurs sont citées aussi les bouffées de chaleur, et la reprise des inconvénients de la ménopause. Le positif pour moi est une action contre la décalcification.

J'ai rendez-vous dans trois mois avec mon oncologue, mais comme ce serait juste au moment de Noël, je vais fixer cela avant le 15, date de notre départ à la montagne. Il y a outre le rendez vous avec ma gynécologue, des examens de sang, en particulier pour les marqueurs; des radios: poumons et seins; des échographies. Bref de quoi analyser la "bête" que suis sous un certain nombre de coutures..

Par rapport à mon ressenti de cette consultation, il y a l'impression d'avoir quand même à quémander les informations autres que les informations standard délivrées par le praticien. J'avais préparé un petit aide mémoire le matin et je pense que c'était une bonne chose car on perd vite les pédales au cours de ce genre de consultation qui n'est pas une consultation de routine pour le patient.

J'ai quand même eu l'impression d'être "une glande mammaire", qu'on palpe pour être certain que tout est en ordre. Il m'a semblé que le médecin était surpris par le bon état de ma peau 3 semaines après la fin des rayons.Peut-être que la visualisation et le massage énergétique y sont pour beaucoup.

La longue marche pour 5 ans est commencée. Dans 5 ans, je me promets bien de boire le champagne.

Mais ce blog est loin d'être clos.

samedi 22 septembre 2007

" Des carapaces, une carapace".



Une amie m'a proposé de me faire un massage énergétique shiatsu. C'est un massage qui utilise les méridiens de l'acupuncture chinoise (et japonaise) et qui par des appuis et des pressions des doigts sur grand nombre de points, permet à l'énergie qui est bloquée de circuler.

Dès le début de cette séance elle m'a demandée si j'étais en colère... Question qui m'a un peu interloquée. Oui, il demeure en moi une certaine colère après ce traitement que je considère comme très invasif, et dont je supporte mal les effets secondaires. Non, car il me semble que le travail qui se fait en moi au fil des jours aurait quand même du atténuer cette émotion. Pourtant, ce qui demeure c'est la perception du corps morcelé, chaque praticien en ayant un petit morceau. Et cela me met réellement en colère car le sujet que je suis ou espère être, n'a pas d'existence. Alors cette colère qui finalement n'est pas massive mais présente de manière sous-jacente a bien sa raison d'être. Tout ce qui touche à l'identité est difficile à gérer.

Elle m'a ensuite dit qu'elle sentait (et c'est la où un thérapeute qui a une formation de kinésithérapeute est précieux, car les mains d'un kiné sont des mains qui savent toucher et ressentir) comme une carapace. Elle a suggéré que je prenais peut-être trop de choses sur les épaules et que pour encaisser, je faisais le dos rond. Comme malheureusement ceci, "le dos rond" correspond à une certaine attitude un peu voûtée (que je pense tenir de mon père) je pense qu'il y a quelque chose pour moi à entendre.

Pendant cette séance longue (une heure) où il y a eu un très long travail sur l'abdomen qui s'est mis à chanter, il s'est passé plusieurs choses.

Je me suis rendue compte que durant la durée des rayons je m'étais fabriqué (et je pense que c'est nécessaire) une carapace, mais que celle-ci n'avait plus sa raison d'être. Alors comme le lézard qui figure en liminaire de ce billet et que j'ai photographié en Bretagne, je pouvais muer, laisser de côté un vêtement qui n'avait peut-être plus sa raison d'être. J'ai senti glisser cette vieille peau, et et ceci m'a procuré une sensation d'allègement, allègement qui reste un de mes désirs.


Lors du travail sur le dos, le long de la colonne vertébrale, j'ai eu un peu mal. Pas beaucoup , mais quand même. Quand est venu le moment du deuxième passage, je me suis rendue compte que j'avais peur de cette douleur pourtant fugitive et qu'il fallait dune certaine manière déconnecter la peur (qui crée d'emblée une contraction) et la sensation en tant que telle. Je crois avoir appris quelque chose.

Le travail sur le visage avec des gestes très doux, a évoqué un travail en piscine, dans l'eau, les yeux fermés en se laissant diriger par une collègue psychomotricienne, et aussi la sensation du bébé lorsque sa mère a pour lui des gestes doux et rassurants au moment de la toilette.

Après le départ de mon amie, qui m'avait prévenue que je pourrais me sentir très fatiguée, j'ai pu dormir d'un bon sommeil.

C'est donc une expérience très positive pour moi.

Il y a eu la perception de carapaces multiples, dont certaines ne servaient plus et dont il fallait se débarasser, même si cela semble toujours un peu dangereux, car la mue est une période où tout peut arriver. Une certitude que des carapaces il y en aurait toujours, mais qu'il est possible d'en créer de nouvelles qui tout en donnant une certaine protection, ne rigidifient pas trop mouvement et qui peuvent avoir un beau dessin.

Lundi j'ai rendez-vous avec l'oncologue et je redoute cette visite. Normalement il doit me faire commencer l'hormonothérapie, mais peut-être aussi prescrire des examens, des radiographies et c'est la que ma peur du morcellement revient.

jeudi 20 septembre 2007

"Aloès Vera" et autres médecines parallèles.

Un certain nombre d'amies m'ont proposé des médicaments dits "complémentaires" pour soit me remonter, soit éliminer les cellules cancéreuses.

Pour des raisons personnelles je n'ai pas utilisé la plupart de ces thérapeutiques, mais peut-être pourraient elles être utiles pour certains des lecteurs de ce blog.

Et c'est un moyen pour moi de remercier ces amies de leur sollicitude.

1- la méthode Beljanski www.beljanski.com/fran. produits américains achetés chez www.oronat.com
Un certain nombre de médecins dans chaque région pratiquent cette méthode.

2-L'Association solidarité pour le Soutien aux Malades qui propose une pharmacopée africaine ainsi qu'une écoute. Je n'ai pas pu trouver le gel à base de silicium organique recommandé par eux, mais un autre: l'arthrosilium qui pour moi a été d'une grande efficacité dès la fin du traitement., car il n'était pas question pour moi d'utiliser un produit qui aurait pu provoquer une allergie pendant le traitement.

L'adresse de cette association: solidaritemalades@wanadoo.fr. Une permanence téléphonique les mardi et vendredi de 8h30 à 10h: Dr Françoise Borras 05 56 49 68 44 ou 07 56 63 06 88

3- l'aloès vera.
Un des distributeur est forever living products.
Ses propriétés (entre autres car l'éventail semble très très large)
- L’aloès renouvelle les bonnes cellules
- Renforce le traitement médical
- Renforce le système immunitaire

L’aloès contient beaucoup de nutriments, dont la vitamine B12 qui augmente les globules rouges. C’est un excellent complément alimentaire.

Un des problèmes de ces médecines dites parallèles c'est qu'elles ont un coût non négligeable et que l'on se trouve avec une médecine à deux vitesses avec une sélection par l'argent, ce qui me dérange quand même énormément.

La crème au calendula prescrite par le médecin radiothérapeute étant un produit homéopathique n'est pas remboursé (ou alors je me suis mal débrouillée) mais le coût n'est pas anodin.

Comme je l'ai déjà écrit, j'ai pour ma part pris du pollen 3 c. à café, avant le début des rayons, et pendant les 4 premières semaines.J'ai aussi consommé de la vitamine C. Mais cela n'a pas permis de lutter contre la fatigue provoquée par les rayons.

Je sais que certains hôpitaux travaillent avec "des passeurs de feu", mais peut-être qu'il y a des associations qui ont un fichier avec des adresses dans les différentes régions. Pour ma part, l'arrêt de la brûlure interne a été un énorme soulagement tant physique que psychique.

vendredi 14 septembre 2007

Sois sage ô ma fatigue et tiens toi plus tranquille...

16 jours depuis la fin des rayons.
Il reste toujours un rectangle assez rose là où il y a eu l'irradiation par les électrons. Le reste est bronzé.Il me semble que le volume du sein traité a un peu diminué, mais il reste quand même différent du sein droit et la texture me paraît étrange. Un peu comme si ce sein n'était pas, n'était plus le mien.

Depuis que nous sommes en Bretagne, je sens en moi deux fatigues. Il y a une fatigue de fond, qui s'est fait discrète jusqu'à aujourd'hui, et qui est liée au traitement. Il y a la fatigue physique que je ressens comme une bonne fatigue, une fatigue normale pour quelqu'un qui reprend la randonnée et dont les muscles ont le droit de protester.
Cette fatigue là, elle est un peu comme une amie, elle a sa raison d'être.

Mais aujourd'hui c'est la mauvaise fatigue qui s'est manifestée tout au long de la journée, fatigue à avoir envie de pleurer (et pourtant la promenade d'aujourd'hui valait la peine, d'autant qu'il y avait beaucoup d'oiseaux marins et que la côte était très belle), fatigue qui donne envie de se mettre au lit, et d'attendre que ça passe. En arrière plan il y a toujours ce fond nauséeux que je supporte mal car il est la signature de cette fatigue.

Plusieurs amies m'ont parlé de ces coups de pompe. Je trouve cela difficile à vivre, même si je sais que ces coups d'arrêt brutaux de ma petite vie de tous les jours devraient non pas disparaître mais être moins fréquents puisque les rayons "travaillent" encore.

Simplement la fatigue est là et actuellement elle n'est pas mon amie. Je voudrais tant qu'elle soit sage et qu'elle reste plus tranquille car cette fatigue est finalement comme l'écrit Baudelaire une sorte de douleur. Et cette douleur que je ressens est à la fois physique et psychique.

lundi 10 septembre 2007

10 jours après la fin du traitement.

La semaine qui a suivi l'arrêt des rayons a été une des plus épuisantes de ma vie. Une fatigue qui se traduit par une sensation d'épuisement ou l'impression d'avoir sur les épaules un sac trop lourd à traîner. L'envie de mettre le nez dehors, de profiter du jardin est comme morte, abolie, inexistante.

Durant cette période j'ai fait un rêve où je devais monter un escalier. Peu importe les théories Freudiennes ou Jungiennes qui sont derrière l'escalier. Pour Freud que je connais mieux, cela renvoie à la sexualité, et il faut bien reconnaître que les rayons ne sont pas un facteur favorisant la relation amoureuse.

En fait c'est chez moi une sorte de rêve récurrent. Une de mes jambes refuse le service que l'on attend d'elle. Elle ne marche pas, refuse de bouger. Je dois me servir de mes mains pour la soulever afin qu'elle se déplace et/ou se plie.

Là, c'était les deux jambes qui refusaient de marcher et je devais en fait me hisser avec la force des bras, ce qui est loin d'être évident et qui est épuisant. Ce rêve est comme la traduction de la paralysie induite par la fatigue.

J'ai écrit une thèse de psychologie dont le titre est "Alors ça marche?" consacrée aux enfants porteurs d'un handicap, congénital ou acquis, concernant la motricité des membres inférieurs. Ce rêve me plonge dans une situation où justement ça ne marche pas.

Ce même jour, j'ai du aller à Paris et à ma grande joie, les escaliers ne m'ont pas posé de problèmes, même si monter deux marches à la fois n'était pas évident...

J'ai eu une séance avec mon étiopathe. je dois dire que j'estime avoir beaucoup de chance et de le connaître et de pouvoir m'offrir ces séances.

Il a me semble-t-il travaillé sur la thyroïde, car il est resté un bon bout de temps sur la base de gorge, sur le foie, la rate le pancréas. Et surtout il a pu me dire qu'il y avait un gros problème au niveau du plexus brachial ce qui fait que j'ai adopté une posture complètement dissymétrique. Posture dont je suis consciente, car mon épaule gauche est souvent plus haute que la droite. J'ai bien senti quand la circulation s'est mise à reprendre dans la main gauche. Je ne sais trop s'il faut parler de flux, d'énergie, mais c'est comme si cela redevenait vivant et irrigué.


Les deux jours suivants ont été marqués par la fatigue, mais samedi, elle m'a semblé plus légère.

Dimanche nous avons pu partir comme prévu en Bretagne. Le voyage s'est passé "normalement" et j'ai été séduite par le cadre de l'hôtel où nous sommes pour une semaine. Il y a de l'eau à profusion, que ce soit celle d'un petit étang avec des canards ou la mer qui est en contre bas.

Aujourd'hui, une première promenade de prévue.

Mais vivre "normalement" que c'est bon.Ne plus ressentir de fatigue après le petit déjeuner ou un repas, c'est une petite joie, mais c'est bon à prendre.

On dit souvent que le cancer permet de prendre la conscience de chaque instant, de profiter du présent. En fait célébrer le temps au présent, à chaque instant.

Je pense que je dois m'attendre à de nouveaux coups de fatigue, mais avoir expérimenter que cela peut cesser, c'est un vrai cadeau.

mercredi 5 septembre 2007

Le prix de la guérison.



Pour soigner une maladie à potentiel létal, le corps médical utilise des traitements qui ont coût financier important, mais qui ont ausi un coût somatique et psychique pour le patient.

Ce que je vis en ce moment dans mon corps, qui est assailli par une fatigue importante, me semble être de cet ordre là. Ce n'est pas une critique, c'est un fait. Et de ce fait là, on ne parle pas ou peu.Peut-être a-t-on peur d'induire des effets secondaires, mais il me semblerait important d'en parler. C'est d'ailleurs ce "parler vrai" que j'ai essayé de pratiquer durant ma vie professionnelle en pédiatrie chirurgicale.

La guérison n'est pas de l'ordre du miracle, elle se paye dans le corps et dans le psychisme.

Même si je sais que cette fatigue est temporaire, quand elle se manifeste, c'est comme si je me sentais en train de m'effondrer. Je dois m'allonger presque immédiatement. Mon coeur se met un peu de la partie, il y parfois une sensation désagréable soit de chaleur, soit de froid, et la nausée qui se manifeste parfois à minima, augmente encore la sensation de vulnérabilité. Outre le fait que cette image de moi est pénible à assumer, il y a aussi réactivation de ces angoisses archaïques du bébé bien décrites par Winnicott: peur de tomber, peur de se morceler.

Ce n'est peut-être pas étonnant que les images que j'utilise tournent autant autour de l'eau... Régression mais aussi restauration car malgré tout, l'adulte reste (ou essaye de rester) aux commandes.

Autrefois quand l'hôpital d'enfants où je travaillais, recevait des enfants qui venaient d'Algérie et qui étaient porteurs de malformations graves, ils disaient tous y compris leurs parents, qu'ils venaient en France "pour être guéris". Ils acceptaient de quitter leur pays, leur langue, souvent leur famille, pour une sorte de miracle. Du coût à payer pour que la guérison ou la rémission soit là, il n'en n'était pas question..

J'ai vu il y a peu de temps un reportage sur le service orthopédique d'un grand hôpital parisien pour enfants. Il s'agissait d'un petit garçon africain, porteur d'une grave malformation des jambes. On lui a juste dit: "tu vas avoir un appareil pour que ta jambe soit redressée et après on s'occupera de l'autre. Ton papi avec un tournevis il permettra à ta jambe de se redresser petit à petit". J'espérais qu'on lui aurait montré les anneaux, les vis, les tiges avant l'intervention... Apparemment non, et la réaction de renfermement sur lui de ce petit garçon au réveil montrait bien l'intensité du traumatisme. Bien entendu un enfant a souvent en lui un potentiel de vie qui lui permet comme on dit de rebondir, mais je pense que des choses sont à dire, à montrer.

Et cela reste vrai pour les rayons. Les rayons tuent les noyaux des cellules cancéreuses et des cellules saines. Et il y a des réactions de l'organisme qui sont des réactions individuelles, selon l'histoire de chacun, mais qui devraient être évoquées.

Ma numération sanguine(NFS) pratiquée à ma demand eà la fin des séances de rayons, n'est pas "mauvaise", mais elle accuse des variations par rapport à celle effectuée 6 semaines après l'intervention chirurgicale. L'hémoglobine est en légère baisse, ainsi que les leucocytes, et les plaquettes. C'est loin d'être dramatique, cela n'a rien à voir avec les aplasies dues au chimiothérapies, mais je sais que chez moi, quand le taux de fer est un peu bas, je ressens une fatigue. Pourquoi a-t-il fallu que je demande moi-même une NFS? C'est si important de comprendre au moins un peu à quoi est due cette fatigue qui demeure si présente et si collante...

Le prix de la guérison.

lundi 3 septembre 2007

Fatigue.


Lac de Tibériade: la mer de Galilée

Le dernier billet date de samedi. La fatigue actuellement reste omniprésente. Je me contente de faire ce que j'ai l'habitude de faire chez moi, le minimum. Je me rends compte à quel point il est important d'être deux, car si j'étais seule je passerai ma journée au fond de mon lit.

Les médecins qui conseillent de partir en vacances dès la fin des rayons me paraissent un peu gonflés. J'aurais bien voulu partir dès vendredi, mais mon corps dit non et moi mon corps je l'écoute.

Je me rends compte à quel point ma difficulté habituelle à supporter le bruit est démultipliée. Envie de se boucher les oreilles comme les enfants autistes, envie de dire aux gens de contrôler leur voix.

Difficulté aussi à rester devant l'ordinateur. Aujourd'hui je m'oblige un peu à le faire, car l'écriture est importante pour moi et le "faire" permet de sentir un peu exister dans la normalité.

J'ai parlé de l'image de cette mer intérieure que j'ai trouvée en moi. Maintenant j'ai découvert (et cela m'aide à traverser ces "plages " de fatigue) autre chose.

Je me vois en train de plonger dans cette eau limpide. Je brasse lentement et chaque brasse m'écarte de la surface. La respiration n'est pas un problème, parfois il vaut mieux ne pas être trop réaliste. Et je finis par atteindre le fond, une grande étendue de sable. Je peux m'y allonger, regarder vers le haut et deviner à travers l'épaisseur de la mer le soleil qui éclaire, le vent qui agite la surface et le calme qui m'envahit.

J'ai l'idée qu'il y aura des grottes à explorer, mais aujourd'hui c'est juste le repos et une certaine paix.

samedi 1 septembre 2007

Les aspects "somatiques" ou "psychosomatiques" associés à ma radiothérapie.

Premier week-end après l'arrêt des rayons.

Meilleure journée qu'hier, fatigue un tout petit peu moins présente, mais je me laisse vivre au maximum à un rythme très lent.

Je sais qu'avec le temps beaucoup de sensations s'estompent, s'effacent et il bon qu'il en soit ainsi, même si de mon point de vue des traces persisteront, car comme le disait Canguilhem, "il n'y a pas d'innocence biologique", on ne revient jamais à l'état antérieur..

Le cancer que j'ai (eu) est un cancer sans propagation, et sensible à une hormonothérapie. Le traitement radiothérapeutique, je l'ai subi. Je l'ai mal accepté et de ce fait il est possible que certaines de mes réactions soient liées à ce refus.

Je vais donc essayer de lister (peut-être dans le désordre) ce que moi, une femme de 67 ans, avec un cancer hormono dépendant, j'ai vécu au cours de ces 7 semaines comme effets "secondaires" de ce traitement.

1- sensation de brûlure dans le sein.
Dès le début des rayons, j'ai eu une sensation de brûlure à l'intérieur du sein (à la deuxième séance) ce qui paraît-il n'est pas normal, mais qui s'est amplifié au fil des séances alors que la peau n'avait pas encore rosi. Au bout de deux semaines il y avait une inflammation de toute la glande mammaire (échographie). Ceci étant très douloureux. Ce phénomène a disparu (homéopathie Apis 5CH et passeur de feu) mais a réapparu en fin de traitement par les photons (appareil Orion). J'ai pris de manière régulière mais à doses variables un antalgique classe 2 et certains jours un anti-inflammatoire, de manière à anticiper la douleur et à la réduire au maximum.

2- La peau.
Globalement je sais que m'en tire bien. Mais je regrette que la technicienne rencontrée avant le début des rayons n'ait parlé que de la crème hydratante uniquement pour le sein. Comme les rayons dessinent un carré de presque 20 cm de côté, il faut hydrater toute la zone autour du sein, en particulier les zones sous l'aisselle et sous le pli du sein. J'ai parfois très mal dans le bras gauche, comme si le muscle pectoral avait souffert de cette brûlure.

Je pense qu'il faudrait aussi suggérer de sécher l'aisselle avec un mouchoir en papier pour éviter toute trace de transpiration.

3- Le mal des rayons.
On dit bien "mal de mer", "mal de l'air". Ce terme "mal des rayons", je l'ai vu quelquefois sur le net et qui pour moi renvoie à cet état nauséeux que j'ai encore aujourd'hui. Cela ne va pas jusqu'au vomissement, loin de là, c'et plutôt comme la sensation désagréable que l'on peut avoir en voiture quand la suspension est trop douce ou quand la route tourne un peu trop.
Je me souviens que les enfants qui étaient traités par chimiothérapie à l'Institut Gustave Roussy (IGR), et qui vomissaient beaucoup au cours du traitement, commencaient à être malades dès qu'ils montaient dans l'ambulance. Je me pose la question de savoir si ma réaction est de cet ordre. Je ne le pense pas, mais...Cela a commencé dès le retour de la deuxième séance (ce qui m'avait étonnée) et a perduré et perdure encore aujourd'hui. Cette sensation très désagréable qui me semble- t-il est comme associée à la fatigue et en est un signe supplémentaire, arrive n'importe quand, que ce soit au cours d'un repas, d'une promenade ou en voiture..

3- La perte de l'appétit.
D'une part l'envie ou le plaisir de manger est parti. Je peux rester à côté d'une tarte que pourtant j'aime sans avoir envie de me servir. D'autre part, manger me fatigue et du coup je mange moins en quantité. J'ai perdu un peu de poids, mais si l'hormothérapie doit me faire grossir, alors tant mieux.

4- Un petit phénomène de constipation.
Le médecin m'a posé cette question lors de la dernière consultation. J'avais bien remarqué quelque chose, mais pas dramatique du tout. Peut-être faudrait-il boire un peu plus que je ne bois. Pourtant je bois beaucoup plus qu'en temps normal. Mais depuis la fin du traitement il me semble que tout est rentré dans l'ordre..

5- La fatigue.
J'en ai beaucoup parlé. Elle est là.
Et je ne suis pas au bout de mes peines avec cette "dame" qui s'invite chez moi, sans y être invitée. Elle m'enlève une certaine joie de vivre, elle me renvoie une image de moi assez négative. Je peux me réjouir de pouvoir cependant faire les choses courantes de la vie quotidienne. Ayant perdu mon chat juste avant de commencer cette thérapie, j'avais commencé à prendre des antidépresseurs et je pense avoir bien fait, car cette fatigue provoque par elle-même un vécu de dépression.

Je sais que ce que j'ai vécu est mon vécu et que le vécu de chacun est autre. Mais parfois je me suis posé la question du normal. Chaque fois qu'une amie passée par là a pu me dire qu'elle aussi avait vécu cela, cela m'a réconfortée. Je comprends bien qu'il ne faut pas charger les rayons de tous les maux, mais il ne faut non plus minimiser les effets secondaires et dire qu'ils sont dus au stress.

Dire cela revient à dire à mots couverts que c'est dans la tête que ça se passe, ce qui n'est jamais agréable à entendre. Si on était moins tendu, moins fragile psychiquement, ces effets secondaires n'existeraient pas. Donc une partie de soi en est responsable, ce qui fragilise un peu plus une représentation de soi déjà affectée par le cancer en tant que tel, et le traitement avec ses contraintes horaires.