Ce journal veut être un instrument pour analyser mes ressentis, mes rages, mes colères, mes tristesses aussi devant cette maladie qui instrumentalise celui qui en est porteur.
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samedi 22 septembre 2007
" Des carapaces, une carapace".
Une amie m'a proposé de me faire un massage énergétique shiatsu. C'est un massage qui utilise les méridiens de l'acupuncture chinoise (et japonaise) et qui par des appuis et des pressions des doigts sur grand nombre de points, permet à l'énergie qui est bloquée de circuler.
Dès le début de cette séance elle m'a demandée si j'étais en colère... Question qui m'a un peu interloquée. Oui, il demeure en moi une certaine colère après ce traitement que je considère comme très invasif, et dont je supporte mal les effets secondaires. Non, car il me semble que le travail qui se fait en moi au fil des jours aurait quand même du atténuer cette émotion. Pourtant, ce qui demeure c'est la perception du corps morcelé, chaque praticien en ayant un petit morceau. Et cela me met réellement en colère car le sujet que je suis ou espère être, n'a pas d'existence. Alors cette colère qui finalement n'est pas massive mais présente de manière sous-jacente a bien sa raison d'être. Tout ce qui touche à l'identité est difficile à gérer.
Elle m'a ensuite dit qu'elle sentait (et c'est la où un thérapeute qui a une formation de kinésithérapeute est précieux, car les mains d'un kiné sont des mains qui savent toucher et ressentir) comme une carapace. Elle a suggéré que je prenais peut-être trop de choses sur les épaules et que pour encaisser, je faisais le dos rond. Comme malheureusement ceci, "le dos rond" correspond à une certaine attitude un peu voûtée (que je pense tenir de mon père) je pense qu'il y a quelque chose pour moi à entendre.
Pendant cette séance longue (une heure) où il y a eu un très long travail sur l'abdomen qui s'est mis à chanter, il s'est passé plusieurs choses.
Je me suis rendue compte que durant la durée des rayons je m'étais fabriqué (et je pense que c'est nécessaire) une carapace, mais que celle-ci n'avait plus sa raison d'être. Alors comme le lézard qui figure en liminaire de ce billet et que j'ai photographié en Bretagne, je pouvais muer, laisser de côté un vêtement qui n'avait peut-être plus sa raison d'être. J'ai senti glisser cette vieille peau, et et ceci m'a procuré une sensation d'allègement, allègement qui reste un de mes désirs.
Lors du travail sur le dos, le long de la colonne vertébrale, j'ai eu un peu mal. Pas beaucoup , mais quand même. Quand est venu le moment du deuxième passage, je me suis rendue compte que j'avais peur de cette douleur pourtant fugitive et qu'il fallait dune certaine manière déconnecter la peur (qui crée d'emblée une contraction) et la sensation en tant que telle. Je crois avoir appris quelque chose.
Le travail sur le visage avec des gestes très doux, a évoqué un travail en piscine, dans l'eau, les yeux fermés en se laissant diriger par une collègue psychomotricienne, et aussi la sensation du bébé lorsque sa mère a pour lui des gestes doux et rassurants au moment de la toilette.
Après le départ de mon amie, qui m'avait prévenue que je pourrais me sentir très fatiguée, j'ai pu dormir d'un bon sommeil.
C'est donc une expérience très positive pour moi.
Il y a eu la perception de carapaces multiples, dont certaines ne servaient plus et dont il fallait se débarasser, même si cela semble toujours un peu dangereux, car la mue est une période où tout peut arriver. Une certitude que des carapaces il y en aurait toujours, mais qu'il est possible d'en créer de nouvelles qui tout en donnant une certaine protection, ne rigidifient pas trop mouvement et qui peuvent avoir un beau dessin.
Lundi j'ai rendez-vous avec l'oncologue et je redoute cette visite. Normalement il doit me faire commencer l'hormonothérapie, mais peut-être aussi prescrire des examens, des radiographies et c'est la que ma peur du morcellement revient.
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