Les douleurs persistantes du sein m'ont amenée à rencontrer le médecin qui me suit au centre de radiothérapie. D'après les techniciennes ces douleurs sont sans rapport avec les rayons. Elles attribuent cela au remodelage chirurgical. Je veux bien , mais ayant eu une plastie des seins, je n'avais ressenti aucune douleur à plus de deux mois de la chirurgie. Je doute donc un peu de cette interprétation qui exonère les rayons de tout effet secondaire.
Je trouve curieux cette volonté de faire comme si les rayons n'avaient pas d'incidence sur la structure interne du sein, car les cellules détruites sont nombreuses et la fatigue est une fatigue autre que celle générée par les transports ( ce qui m'avait été dit lors de la consultation d'accueil préalable au marquage).
J'ai donc été très gentiment reçue en consultation non prévue. Il faut, ce qui me semble évident, augmenter l'hydratation des seins (donc deux fois par jour), prendre du doliprane (merci, ça j'avais trouvé toute seule) et faire quand même une échographie (cela je m'en serai bien passée).
J'ai eu la chance de pouvoir être prise ce matin en tout début de matinée. La technicienne, très gentille, a été surprise par la densité de la glande mammaire.Le sein est gonflé et dur. Mais à part cela tout est normal. Le médecin radiologue attribue cela aux effets "secondaires "des rayons. Pour lui, il se fait une sorte de diffraction des rayons qui pénètrent dans la peau, ce qui provoquerait les brûlures. On ne peut pas tout contrôler, dit-il et je dois dire que je préfère entendre ce type de discours. Pour lui, la fatigue est aussi un effet secondaire non négligeable.
Alors je reviens à mon interrogation, pourquoi faire comme si ce traitement était presque "anodin"?
La première explication qui vient est que si on annonce d'emblée les effets secondaires, ceux-ci risquent d'être majorés (ce qui renvoie à une conception un peu hystérique des femmes) et provoquer une sorte d'exaltation de ces effets. Cela je peux l'entendre. Je sais qu'il y a des personnes qui lorsqu'elles lisent la notice des effets secondaires d'un médicament présentent presque tous les symptômes ou refusent de le prendre, alors que cela ne concerne que très peu de patients. A priori je ne suis pas assez hystérique pour ça. Par ailleurs on peut trouver des informations sur le net et minorer ce qui peut faire peur peut aussi s'entendre.Car dans les forums on rencontre essentiellement les personnes qui ont des problèmes avec le traitement proposé ce qui ne facilite pas la confiance.
Mais par contre ce que l'on peut aussi entendre dans cette sorte de négation c'est: si vous réagissez ainsi, ce n'est pas normal (même si d'autres ont les mêmes symptômes que vous), ce qui veut dire que vous n'êtes "pas bonne". Et une image négative se greffe sur cette autre image de soi déjà abîmée par cette maladie et la renforce. Et je ne suis pas sûre que ce soit bon. Bien entendu il est important de ne pas se laisser aller, de ne pas trop s'écouter, mais quand le corps dit qu'il faut faire un break, il faut pouvoir l'entendre sans se sentir trop coupable.
Car dans mon cas, irradier tout le sein, veut dire que l'on pense qu'il existe ailleurs des cellules qui pourraient devenir des cancers, donc que d'une certaine manière tout le sein est potentiellement mauvais Pas facile à se vivre comme cela, avec une bombe à l'état latent. Sauf que je pense que cette probabilité est très faible et qu'il s'agit d'un principe de précaution.
En psychosociologie, on m'avait appris que lorsqu'un individu est confronté à tout un groupe qui a un avis contraire au sien, il lui est très difficile de lutter contre le groupe. Là il y a des moments où je dois presque me faire violence pour me dire que mon sein n'est pas tout mauvais, qu'il y a eu juste un nodule et que tout a été fait à temps.
Je me suis acheté de la vitamine C 1000 qui pour moi a toujours été plus efficace que le sargénor. Je hais cette fatigue qui me rend par moment presque grabataire. Mais plus que 4 semaines et ce sera le bout du tunnel.
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