Ce journal veut être un instrument pour analyser mes ressentis, mes rages, mes colères, mes tristesses aussi devant cette maladie qui instrumentalise celui qui en est porteur.
Rechercher dans ce blog
dimanche 6 septembre 2009
Radiographies: une histoire de portes.
La semaine dernière, mammographie et radio des hanches. Je suis tombée sur un jeune homme assez imbu de lui même, de sa blouse blanche et de son savoir faire.
Bien sûr, j'aurais préféré que ce soit une manipulatrice, mais je n'ai pas attendu du tout, ce qui semble un petit record.
Résultats: mammographie et écho du sein: tout va bien. Quant à la radio des hanches si je n'avais pas demandé ou lu le compte rendu, rien, et pourtant l'arthrose est là.
Mais, ce dont j'ai envie de parler ce n'est pas tant de ces examens, d'autant que je retourne au même endroit dans une dizaine de jours pour faire des échographies abdominales (dont je ne comprends pas l'utilité sauf de faire rentrer de l'argent dans le service de radiologie et d'augmenter le déficit de la sécu) et pelvienne (celle là m'intéresse bien sur, car elle permettra de voir si l'arrêt du tamoxifène a eu une incidence sur la paroi de l'endomètre).
Mais je voudrais revenir à la difficulté que j'ai avec ces examens qui font que le même "guéri" le cancer reste présent.
Dans ces examens qui se passent dans un "cabinet" c'est à dire un lieu en principe petit et séparé, voir clos, il y a ces portes qui s'ouvrent dans un sens: entrer dans la cabine, se déshabiller, attendre que la porte qui conduit sur le lieu de l'examen s'ouvre.
Entrer dans ce lieu, devenir un objet à radiographier, à échographier ou à irradier, quitter ce lieu, repasser une porte, parfois se rhabiller, parfois pas. Attendre souvent qu'une autre porte ne s'ouvre pour aller parler avec le médecin. Se retrouver dans la cabine et enfin ressortir, redevenir soi, avec un examen de plus à son actif.
Souvent il n' y a pas de lumière, juste celle de l'appareil, et le seul bruit est celui du ronronnement du dit appareil. Dans le cas de la radiothérapie, c'est un bruit assez violent. Voir ce qui se passe sur l'écran reste difficile. Moi j'aimerai que l'on me dise ce que l'on voit, ce que l'on cherche, bref que je puisse participer.
La structure de ce jeu de portes peut évoquer (ceci c'est ma problématique et mon fantasme, qui s'appuie sur le lien entre l'architecture et le corps), tout un jeu autour de être avalé, arriver dans une sorte d'antre dont on ne sait rien et qui est angoissante, ne pas savoir ce qui va s'y passer et heureusement être rejeté vers l'extérieur, ne pas être digéré par ces machines.;
Il y a donc tout ce jeu entre le dehors le dedans et le dehors. Le dedans et surtout l'échographie, car c'est un examen qui se passe dans une semi obscurité, un peu comme la radiothérapie, où souvent il fait froid (les appareils ne doivent pas chauffer) et où le corps est vraiment un objet, comme pendant la radiothérapie, objet d'examen et non de soin, un lieu pratiquement sans paroles, car le médecin ou le technicien "oeuvrent", un lieu qui pour moi réveille l'angoisse de la radiothérapie et du cancer. Si je n'avais pas eu cela, je ne serais pas là aujourd'hui.
Quand j'étais étudiante en psychologie, j'avais lu des travaux sur l'architecture et combien celle ci renvoie au corps, les portes et fenêtres étant des orifices, avec l'importance des couloirs. L'un des lieux où j'ai travaillé était assez effrayant à cet égard. Les personnes qui y étaient placées (c'étaient des débiles profonds selon la terminologie de cette époque) entraient par une porte une sorte de sas entre le dehors et l"intérieur et pour la plus part n'en sortaient que les pieds devant pour aller au cimetière qui était dans les lieux.
Quand je dois entrer dans ces cabines où l'on se dévêt avant les examens, il y a une porte d'entrée, et une porte qui donne sur un espace qui est celui de l'examen (radiologie). Etre devêtu c'est déjà être en position de faiblesse d'une certaine manière. Attendre dans cet espace que l'autre porte s'ouvre. Sortir dans un espace qui est un espace autre. Obéir aux injonctions: s'allonger, rester debout, respirer ne plus respirer respirer, attendre la vérification du cliché puis retourner dans sa petite cage, attendre... Attendre surtout la porte qui vous ramènera vers l'extérieur, vers la vie.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire