Ce journal veut être un instrument pour analyser mes ressentis, mes rages, mes colères, mes tristesses aussi devant cette maladie qui instrumentalise celui qui en est porteur.
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lundi 24 novembre 2008
Petites nouvelles.
Presque deux mois que je n'ai pas écrit. Ce qui veut dire pas grand chose de neuf, ou que tout va bien.
Pas grand chose de neuf oui. Tout va bien, oui et non. L'étiopathe qui me suit a su me dire que c'était normal que je me sente aussi fatiguée, parce que au niveau de mon ventre tout était bloqué. Il a commencé à remettre les choses un peu en l' état, au niveau du foie et surtout de l'intestin grêle. Je dois que depuis le deuxième rendez-vous, je vais mieux.
Il y a ce qui reste lié au traitement comme les bouffées de chaleur. Même si elles sont peu nombreuses, avoir d'un coup une couche de sueur sur le visage et dans la tête, le coeur qui cogne un peu, je trouve cela très désagréable. Ca ne dure pas longtemps, mais ça me pompe. En fait je dois faire très attention à ne pas me mettre dans un lieu où la température est un peu élevée. La difficulté c'est que au moment de l'endormissement sous la couette, il fait bon, et la bouffée explose. Mais grâce qux médicaments, une bouffée ou deux et dodo.
Il y a aussi mon sein et la zone qui l'entoure. Je ne peux plus dire que ce soit douloureux, de ce côté là, les choses ont bien évolué, mais j'ai deux seins très différents. Quand je me couche (changement de position) je ne peux pas ne pas avoir un ressenti de cette zone. Parfois c'est comme si une main le malaxait, bref, loin d'être terminé.
Et il y a toujours cette fatigue, mais je ne sais pas à quoi l'attribuer. Je sais que je ne m'aime beaucoup avec cette sensation qui me tombe dessus, alors que je n'ai pratiquement rien fait. Je ressens quelque chose au niveau des yeux (un peu comme lorsqu'on a envie de dormir le soir, les yeux qui brûlent) et l'envie d'arrêter ce que je suis en train de faire (en général je ne le fais pas, et cela me procure un certain contentement). Marcher sur la douleur me disait-on quand j'étais petite, marcher sur sa fatigue...
Autant j'accepte d'être fatiguée après un effort physique, comme tondre, travailler dans le jardin passer le karscher, autant je supporte mal cette impression de n'avoir aucune résistance. Se sentir fatiguée une demi heure après le réveil, ou lorsque je suis en train d'éplucher des légumes, cela ne passe pas du tout dans mon psychisme.
Et puis je sais qu'il y a tellement de personnes qui en ce moment se battent contre le cancer, qui ont des chimios, des métastases, que je me sens un peu ridicule avec ma petite fatigue.
A la fois je dois en tenir compte et à la fois je n'ai pas envie d'en tenir compte.Il y a une jolie phrase dans le livre des l'ecclésiaste qui dit; "viendront des jours dont tu diras, je ne les aime pas". Et ces jours où la fatigue est là, avec l'image de la vieillesse (ma grand-mère disait la vieillerie)sont des jours un peu durs à vivre et je ne les aime pas.
Je suppose aussi qu'il va me falloir apprendre à faire "ami ami" avec cette fatigue, car plus je la rejette et moins je la supporte.
Faire "ami ami", cela voudra dire apprendre à m'apprécier avec cette diminution, et la considérer comme bonne, voire nécessaire. Mais je n'en suis pas là.
J'attends avec impatience de repartir aux Arcs, j'ai soif d'une autre lumière, d'un autre paysage, et là je me dis que j'ai bien de la chance. Il y a aussi le fait que certains jours sont exempts de la présence de "madame fatigue" et ces jours là sont des jours qui chantent, des jours bénis.
je ne résiste pas au plaisir de vous montrer "la dame au chapeau blanc"..... Au fond, la mariée.
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