Je pensais me mettre à écrire hier, car cela aurait fait un compte rond: deux semaines après la reprise de l'intervention, seulement hier je n'avais pas envie de me forcer... Car pour une fois, écrire m'est difficile. Pas envie d'en parler, pas envie de raconter, pas envie...
Et puis il m'est revenu une phrase de mon père (un peu comme une malédiction) "nous on ne réussit jamais du premier coup, c'est à la deuxième fois que ça marche". Peut être disait il cela parce qu'il n'a pas été admis en hypotaupe à l'école des mines, qu'il s'était marié plusieurs fois, mais j'ai souvent eu cette impression que cette phrase dans laquelle il m'englobait n'était pas bonne. Toujours est il que là, c'est bien la deuxième fois et que je m'en serai bien passée.
je dois dire aussi et je pense que c'est la première fois que cela se passe au fond de moi, que la mort était présente avant cette intervention. Je veux dire que j'ai toujours été optimiste en allant me faire opérer, et ce quelle que soit l'opération. Cela est peut être dû à ma pratique professionnelle puisque je connais un peu le travail des anesthésistes réanimateurs, mais là là, du fait de l'échec de la première intervention il y avait une sorte de peur que "ça se passe mal" . Pas ne pas se réveiller, encore que... Bref une peur. De plus le médecin 'anesthésiste rencontré lors de la consultation m'avait prévenue que l'anesthésie générale pouvait avoir une incidence sur les neurones.. Il doit le dire, mais pas très agréable à entendre. Il m'avait aussi demandé de parler du vécu de l'intervention précédente et de ces tremblements si désagréables qui d'après lui auraient pu être évités si on m'avait mis une couverture chauffante pendant l'intervention et si j'avais été installée autrement (un oreiller et aussi de la musique). Il m'a parlé des médicaments qu'il me donnerait le matin de l'intervention pour que d'emblée la douleur soit moins intense et aussi de sa peur d'une possible infection, puisqu'il s'agit de réouvrir.
Alors que dire? Je me suis retrouvée à la clinique le mardi 6 Mais, dans une chambre à deux lits donc une grande chambre, mais sans douche. Me doucher les deux fois avec la bétadine ça a quand même été du sport, puisqu'il fallait aller tout au bout d'un couloir et comme ma jambe avait du mal à se soulever, pas facile de se mettre en pyjama. La nuit a été bonne, d'autant que devant être opérée à 10h40, je ne dépendais pas de l'équipe de nuit et j'ai donc pu pu dormir. Seulement il y a eu un petit changement... D'une part j'ai appris que au retour du bloc je retrouverai la chambre qui m'avait accueillie la première fois mais que je descendais tout de suite, c'est à dire vers 9h30. Du coup j'ai prévenu mon mari qu'il pourrait venir plutôt. J'aurais mieux fait de me taire...
Et me revoilà en salle de réveil à attendre.. Mais du coup le cathlon pour la perfusion n'est pas posé et le médicament "magique" n'est pas pris. Et voilà qu'un autre monsieur arrive, un monsieur âgé... Et là l'anesthésiste qui m'a reçue va le voir, parle des grosses difficultés cardiaques du dit monsieur, de l'intervention que a été différée et il lui demande de prendre position: soit on l'opère, soit il rentre chez lui avec sa fracture. Bref, cela veut dire que le monsieur passera avant moi. Et je me retrouve à attendre. j'essaye d'interpeller une des nombreuses personnes qui passent et repassent devant moi pour essayer de parler avec le réanimateur qui surveille la salle de réveil. Cela me permet d'obtenir la pose de la perfusion.. C'est déjà ça. Mais ça ne simplifie pas les choses au niveau de l'anxiété malgré la respiration de la cohérence cardiaque. Bref le temps passe, et on vient me chercher.
J'entre dans la salle d'opération vers 11h15, l'anesthésiste qui m'a reçue me met une couverture chauffante, me demande ce que je veux comme musique (mon chois de musique classique semble le déconcerter un peu) et je me sens partir.. J'aurais aimé qu'il me diss qu'il commençait à injecter les produits. Je me suis réveillée vers 16h. Si comme je le suppose l'intervention a durer une heure, ce temps en salle de réveil a été très long. Ce qui est certain c'est que pour être extubée il fallait que je sois suffisamment consciente pour répondre à des questions, mais aucun souvenir. Curieusement j'ai l'impression qu'on m'a volé du temps de ma vie.
J'ai regagné ma chambre vers 17H. J'avais demandé à ce que mon mari soit prévenu du fait qu'il y aurait un retard au bloc, mais ça n'a pas suivi donc il était là depuis des heures. Installation, perfusion, antibiotiques, anti inflammatoires, et reparti pour un tour.
J'ai passé la jour suivant l'intervention sans me lever. j'ai apprécié une aide soignante qui est venue pour ma toilette et qui chantait... "la marseillaise" qu'elle a appris à ses enfants. La kiné est passée pour mobiliser ma jambe et mettre les bas de contention (ce coup ci, je prévois).
J'ai pu marcher rapidement avec une seule canne, mais le "protocole" reste le même... Marche avec déambulateur, puis avec une canne dans la chambre, puis dans le couloir, puis les escaliers.
Coté repas, cela m'a semblé mieux, mais c'est très subjectif.
Le chirurgien me dit avoir mis une tige deux tailles au dessus de la tige initiale, et même si à l'oeil les jambes n'ont pas la même longueur, debout c'est stable et ça c'est gagné, sauf que dans ma tête ça ne l'est pas. La peur que ça ne tienne pas, est quasi permanente. Mais ça je me le garde pour moi.
Bien que le redon ait beaucoup moins donné que la fois précédente, l'hémoglobine chute comme la fois dernière. Elle est à 7.4, ce qui comme l'autre fois me vaut 2 perfusions de fer, mais cette fois ci, ça a fait des dégâts dans les veines; j'ai bien senti que ça brulait. En rentrant chez moi je me suis rendue compte que les veines étaient dures comme du bois. D'après l'infirmière qui vient faire les pansements à domicile, ça va rentrer dans l'ordre, mais actuellement cela comprime des nerfs et provoque des sensations de brûlures intenses dans le pouce et dans le haut du bras. Et comme c'est le bras qui tient la béquille, ce n'est pas toujours facile.
Depuis mon retour, la fatigue est là. J'ai une jeune fille qui vient faire le ménage (j'ai droit à 8 heures), je me ménage, je ne fais que la cuisine, j'utilise beaucoup la canne tellement j'ai peur que quelque chose ne lâche. J'ai beau me dire que je me fais du cinéma, toute douleur me pose question. Et pourtant il y a des mouvements que je ne pouvais pratiquement pas faire avec l'ancienne prothèse qui se font facilement maintenant.
La cicatrice a fait des siennes: il y a eu un phlyctène (une cloque) de près de 5 centimètres qu'il a fallu traiter (et ça fait mal) avec de l'éosine et du tulle gras. Maintenant c'est à dire 15 jours après, c'est rentré dans l'ordre.
Je m'écoute, je ne fais pas grand chose, même la kiné me fait un peu peur, comme si ça allait se décrocher de nouveau. Alors pour le moment, je reste "dedans" (le temps avec la pluie de donne pas envie d'aller dans le jardin et pourtant les mauvaises herbes poussent).
La semaine prochaine on enlève les agrafes. J'espère que cela pourra se faire en une seule fois. Je revois le chirurgien le 2 juin. Je donnerai peut être des nouvelles à ce moment là.
Ceci dit, je suis droite quand je marche, mais il y a des douleurs et ces douleurs me font peur.. Et si, et si... Du coup le vécu dépressif a tendance à se manifester, mais je me dis qu'il est majoré par l"anémie (qui diminue heureusement), et que je ne veux pas prendre de médicaments.. J'en ai bien assez pour le moment. Alors attendre, laisser du temps au temps, s'écouter.
C'est peut être cela que j'aurais appris (un peu) au cours de ces mois. Ceci dit, il semble bien que mon cas soit rarissime, mais j'aurais bien aimé que ça ne tombe pas sur moi.