Hier soir nous étions au concert de clôture de l'académie festival des Arcs, et le directeur artistique a terminé son discours en disant: à l'an prochain le 19 juillet 2009, autour d'un festival consacré en partie à Brahms.
J'aime Brahms et les quatuors, mais ma première réaction a été de me dire, où serais-je le 19 juillet 2009? Ma réponse: je n'en sais rien.
Certes j'espère être aux Arcs, mais je suis incapable de faire maintenant des projets à aussi long terme.
Je peux me réjouir de ce programme, mais je ne suis pas maître du temps et n'importe quoi peut arriver et bloquer ce projet.
Or je pense que ce changement est très lié à la pathologie du cancer.
Je veux dire que cette maladie est une maladie qui tue et que les statistiques de "rémission" à un, deux ou cinq ans, montrent bien qu'il s'agit d'une lutte contre la mort.
Que le cancer que j'ai eu, soit un cancer pour lequel le taux de rémission à 5 ans est de l'ordre de 95%, montre qu'en soi ce n'est pas ce cancer là qui se mettra à métastaser. Mais il est certain que mon rapport à la vie et à la mort a été modifié d'autant que malgré tout mon sein ne se laisse pas oublier, même s'il est moins gênant qu'avant la prise de l'antidépresseur.(1).
Chaque jour, avec parfois son lot de fatigue, de douleur qui me réveille dans la jambe gauche, (douleur que je pense un peu majorée par la prise du tamoxifène qui n'est pas génial pour la circulation), mais aussi de joie, joie d'être avec celui que j'aime, d'être avec ceux que j'aime, joie d'être dans ce pays magnifique, est un jour privilégié, un jour unique, comme chaque fleur de ce parc naturel de la vanoise est unique.
(1) Je prends du cymbalta 60 mg depuis maintenant 6 semaines, pas d'effets secondaires et j'en suis très contente.