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jeudi 27 septembre 2012

Quelque chose qui se termine...

C'était aujourd'hui le dernier rendez-vous chez l'oncologue.

Il y avait eu au paravant les examens radiologiques et échographiques habituels, examens que je redoute, mais qui curieusement se sont bien passés.

Une explication pour comprendre cela c'est que les examens se sont enchaînés très rapidement, que la mammographie a été peu douloureuse (ceci dit je préfère quand le technicien est une femme), et que j'ai passé les échographies abdominales et pelviennes avant l'échographie des seins. Il n'y a donc pas eu d'attente en cabine et les attentes en cabine, je n'aime pas. Trop d'attentes comme pour la radiothérapie.

Il y a eu un temps d'attente pour l'écho abdominale, mais la personne qui m'a installée a laissé la lumière allumée et je dois dire que cela change aussi beaucoup de choses. Car la première chose que fait le médecin en arrivant est de couper la lumière pour que l'écran de l'échographie puisse travailler dans de bonnes conditions et du coup je deviens l'objet à examiner, je ne me sens plus sujet. Et puis il est possible que attendre dans le noir renvoie aux bombardements (je n'en n'ai pas connu beaucoup) pendant la guerre, où on attendait dans une pièce mal éclairée que le temps passe. Je ne comprenais pas grand chose de ce qui se passait, mais l'angoisse de ma mère, était palpable. Bref, avoir pu attendre dans de bonnes conditions (et pour une fois il ne faisait pas froid) a certainement contribué à faire de cette matinée, une bonne matinée, à défaut d'une matinée agréable.

Pour son dernier rendez vous, il a fait assez fort le "monsieur oncologue": plus d'une heure de retard. J'ai occupé mon temps avec la respiration en comptant sur 5, aussi bien à l'inspiration qu'à l'expiration. Il y a eu pendant tout un temps, trois petites dames qui jacassaient à l'entrée de la salle d'attente. L'une d'entre elle "tenait le crachoir" comme on dit, et même si je ne suivais pas la conversation, c'était assez drôle d'entendre comme elle se mettait en valeur. Et puis, au lieu de pester contre lui, j'ai imaginé en respirant ainsi qu'il était peut être pris par une patiente qui allait mal dans son service d'oncologie et qu'il avait choisi de rester avec elle. Sa secrétaire est venue nous dire qu'il était en réunion, mais à la limite peu importe, je pouvais attendre en pensant aussi aux personnes en traitement dans cet hôpital.

Il a regardé les examens, dicté une lettre pour ma gynécologue, mon généraliste et le chirurgien qui m'a opérée il y a 5 ans maintenant. L'important pour moi est que je n'ai plus à faire toute cette batterie d'examens, il ne reste que la mammographie annuelle. J'espère que ma gynécologue sera d'accord.

Maintenant bien sûr que dans les statistiques, je fais partie de personnes guéries grâce au dépistage.

Mais comme j'ai déjà dû l'écrire ailleurs, cette maladie là on n'en guérit pas vraiment. Bien sûr il y a toujours la marque du tatouage qui se donne à voir tous les matins, il y a la décoloration du sein irradié, il y a toujours la douleur qui même si elle a énormément diminué demeure, mais surtout il y a la mort qui est là.

Chaque jour est un jour non pas gagné sur la mort, mais un jour donné. Quand je me réveille, il y a parfois cette pensée que oui, mon coeur ne s'est pas arrêté de battre pendant la nuit, que je suis vivante, que le jour qui vient est un jour donné, un jour que j'aimerai remplir, simplement en étant qui je suis. Bien sûr il ne s'agit pas de faire des choses qui sortent de l'ordinaire, non simplement faire les choses en les vivants le plus possible. il s'agit parfois de ralentir un geste (par exemple on peut laver une casserole en automatique, ou on peut simplement en ayant des gestes un tout petit moins rapides, de penser à ce que l'on fait, de se réjouir d'avoir de l'eau courante et surtout de l'eau chaude, bref être un peu dans ce qu'on fait).

Souvent pendant les vacances, je trouvais admirable d'avoir simplement un coeur qui bat, qui ne s'arrête pas, qui fait son travail de coeur. Parfois je me disais, là je suis en train de marcher, si mon coeur s'arrête que va t il se passer? Il s'agit là de pensées, mais cela permet de goûter le temps qui est le mien autrement et je pense que cela c'est plus lié au cancer qu'à l'âge.

Que dire d'autre? Que mes yeux voient bien, même s'ils se fatiguent parfois assez vite et que moi je me fatigue aussi nettement plus vite et que cela je n'aime pas trop. Pour notre mariage, j'avais reçu comme cadeau une table à repasser. Elle a donc presque 50 ans, et elle est lourde. La semaine dernière, pour la première fois de ma vie, j'ai eu du mal à la replier et surtout à la déplacer sur 3 mètres. Alors là, je n'ai pas aimé du tout du tout.

J'entame donc cette rentrée avec des yeux qui même s'ils se fatiguent et restent un peu sensibles à la lumière (ordinateur et téléviseur) voient bien et je continue à m'extasier devant la beauté des couleurs en espérant que dans l' Au delà, ce sera encore plus magnifique, quand il n'y aura plus les limitations liées à notre système visuel. Je sais que l'an prochain je n'aurais plus tous ces examens à faire et si ma gynéco les veut, je dirai non. J'ai aussi un médecin généraliste qui ne renvoie pas systématiquement sur un spécialiste.

Que sera cette année? On "verra" bien maintenant que j'ai des yeux presque neufs. Ce que je perçois c'est qu'il y a d'autres sens à développer comme l'odorat et le goût; goûter la vie autrement, sentir autrement.


 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel beau billet.
Oui je crois qu'il faut "frôler" la mort pour savoir apprécier la vie.
Je suis contente pour toi.
bisous
MC