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dimanche 15 novembre 2009

Réflexions sur la guérison.



Je suis souvent amenée à lire des articles ou des résumés d'articles qui donnent des méthodes pour "guérir du cancer" ou pour éviter qu'il ne vienne vous attaquer.

La place faite à l'alimentation est très importante. Parfois je me dis, presque trop. Nos ancêtres ne mangeaient pas comme nous et pourtant le cancer était bien là. Quant aux articles psychologiques, ils ont parfois tendance à faire croire à une toute puissance de la pensée et à nous faire oublier que nous sommes mortels. Qu'ils nous donnent des moyens pour nous sentir vivants et actifs et surtout prêts à ne pas nous vivre comme des morts en sursis, certes oui, mais sans oublier que la mort existe et que la maladie n'est qu'une de ses formes.

On finit pas avoir l'impression que ces méthodes permettent de soit de guérir de la maladie si elle est déjà là, soit d' éviter qu'elle ne récidive, soit encore de ne pas permettre qu'elle ne ne vous atteigne.

Je crois que cela a certainement du bon, car cela maintient de la vie, du tonique, du sujet, mais je ne crois pas que ce soit si simple.

Je crois profondément à l'importance de la pulsion de vie, mais j'ai vu tellement d'enfants ou d'adultes qui étaient toniques, tenaces souvent agressifs envers les soignants et qui ne s'en sont pas sortis. Doit on dire que ce sont des vaincus? Cela je ne peux pas l'entendre.

On pourrait presque dire pour schématiser qu'il y a les personnes qui s'en sortent et celles qui ne s'en sortent pas, celles qui meurent de cette maladie et qui je le crains sont les plus nombreuses et celles qui sont en rémission (mot que je préfère à guérison). Est ce à dire que ces personnes là ne se sont pas "bien" battues, et que d'une certaine manière c'est de leur faute si elles sont mortes?

Haut et fort, je dis NON. Et j'ai envie de prendre la défense de tous ceux et celles que j'ai connus, qui se sont battus et ont été vaincus. Je connais des personnes qui sont mortes d'un cancer mais que le cancer avait profondément changé et qui s'étaient découverts des potentialités insoupçonnées, des manières de penser radicalement nouvelles, une vision de leur vie et du monde autre.

Je sais aussi que les traitements sont beaucoup plus performants aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a 30 ans, que l'on n'hésite pas à proposer des opérations pour lutter contre des métastases osseuses, et que ainsi on prolonge considérablement l'espérance de vie, mais à quel prix. Mais est cela se battre contre le cancer? Cela c'est du médical.Je sais à quel point l'importance de la confiance dans le personnel soignant est importante et nécessaire. Mais parfois je me demande si les médecins soignent "une personne qui a un cancer" ou s'ils se battent "contre le cancer au travers de cette personne". Doit on soigner une personne de pus de 80 ans comme une personne de 30? Spontanément je dirai non. L'homme est mortel et peut être ne faut il pas l'oublier. La lutte contre la souffrance me parait parfois plus importante que la lutte contre la maladie.


Quand j'étais étudiante, bien sûr cela date maintenant, nous avions eu un cours sur le cancer des voies supérieures. L'enseignant avait dit que les 4/5 des personnes atteintes de ces cancers des voies respiratoires mourraient dans les deux ans et ce après une chirurgie souvent drastique (perte des cordes vocales) et une chimiothérapie non moins épouvantable. On peut bien sûr dire qu'une chirurgie aussi mutilante peut provoquer une telle atteinte de l'image de soi et donc un tel vécu dépressif qu'il n'est pas étonnant que la maladie soit demeure, soit récidive. Ces personnes sont elles des vaincues? Non elles ne le sont pas, mais on n'a pas encore les moyens de lutter contre toutes les formes de cancer.

Le cancer est une maladie qui même guérie, c'est à dire quand les cellules cancéreuses sont éradiquées, qui laisse des traces. Combien de mes amies qui ont eu un cancer du sein, doivent régulièrement voir une kinésithérapeute pour faire des drainages lymphatiques car l'ablation de la chaine ganglionnaire laisse des séquelles à vie.

On peut dire que c'est le prix à payer, mais là je ne parle que de ces drainages, qu'en est il des personnes qui ont des stomies à vie, ou des prothèses consécutives à une amputation?

Parce qu'ils se montrent "toniques" et vivants, on les dit "vainqueurs", "victorieux". J'ai beaucoup travaillé avec des entants porteurs d'un ostéosarcome des membres inférieurs. Même s'ils étaient en rémission, il fallait changer la prothèse tous les 5 ans. Il est possible que compte tenu des progrès techniques ce délais soit allongé considérablement,mais est il possible d'aimer cette jambe, certes presque comme l'autre, mais si différente et ce à jamais?

Peut-être vous demandez vous où je veux en venir?

Peut-être à l'idée suivante: on est vainqueur du cancer lorsque l'on devient capable de regarder avec amour la partie de soi qui a été transformée à tout jamais par cette maladie, surtout si cette partie ne le laisse pas oublier.

Peut-être que cela est vrai de toutes les maladies qui laissent des séquelles, mais pour ma part, contrairement à ce que l'on dit, je crois qu'il y a certains deuils qui sont pratiquement impossibles à faire.Je pense là à certains accidents de la route; mais ceci est une autre histoire.

Si je suis honnête avec moi, je dois reconnaître que cette atteinte cancéreuse m'a mise très en colère contre moi, contre ce sein qui avait fabriqué cela à un moment de ma vie. J'ai très mal accepté et vécu la radiothérapie; j'ai essayé par la visualisation de rester active durant les séances et je pense y être arrivée. Mais ce cancer je ne peux l'oublier.

Aujourd'hui quand je fais ma toilette, je vois ce point bleu bien visible, qui rappelle "le centrage" des rayons. Je vois un sein dont le mamelon est comme décoloré, je vois un sein qui est un peu plus volumineux que l'autre.Je sens quand je le touche un sein très différent de l'autre, un sein à la fois mort et vivant; mort parce qu'il ne fait pas vraiment partie de moi et vivant car il a ses propres réactions qui sont bien souvent des réactions douloureuses.

Alors ce sein si différent, a priori je ne l'aime pas.

Et je crois que le jour où je pourrais l'aimer, donc m'aimer moi avec lui, alors le cancer sera vraiment derrière.

D'un point de vue médical, je pense que je fais ou ferais partie des personnes diagnostiquées et guéries. Mais pour moi je serai guérie lorsque ce sein sera redevenu partie de moi.

Or aujourd'hui, quand il est douloureux, je n'ai pas encore su trouver de représentations visuelles pour m'aider à luttercontre ces sensations.

Peut-être des images d'eau ou d'huile qui viennent lubrifier, peut être une image de sève que j'irai chercher en moi ou à l'extérieur, quelque chose qui viendrait vivifier assouplir Peut être que ce sein il est un peu comme quelque chose qui s'est solidifié en moi. Il est de chair, mais il n'est plus de chair. Il est autre, bizarre, pas à moi.

Espérer que l'image de l'huile du dehors viendra pénétrer le dedans, Espérer que ce qui peut venir du dedans que ce soit de la chaleur ou de la fraîcheur vienne irriguer cette masse informe, je ne sais pas.

La seule chose positive que je peux faire puisque je 'ai pas trouvé d'image satisfaisante, sauf peut -être de l'eau qui vient de donner de la souplesse à de la glaise qui est en train de durcie, c'est juste de me dire que ce sein tel qu'il est, il est à moi, il est moi et que je l'aime et que la victoire sera au bout de ce chemin.

Je veux dire qu'actuellement le cancer a produit chez moi une sorte de clivage et que je ne pense pas que ce clivage soit une bonne chose. Tout ce qui peut aller dans le sens de l'unification ma parait bien préférable et me réunifier c'est faire de moi du vivant.

mardi 20 octobre 2009

En coup de vent...

J'ai eu mon rendez vous avec mon oncologue il y a une quinzaine de jours. Je le revois dans un an: ça c'est le plus.

J'ai toujours du mal à comprendre l'utilité des radios des poumons, parce qu'il me semble que l'analyse de sang des marqueurs est plus précise, ou alors, c'est la crainte qu'un autre cancer ne vienne se greffer, parce que cela, c'est toujours possible.

J'ai juste une analyse de sang dans 6 mois, ce qui coïncidera à peu près avec la visite chez ma gynéco; puis dans un an, analyse de sang, écho pelvienne, radio des poumons et bien entendu mammographie.

Sinon, les bouffées de chaleur sont peut-être moins nombreuses mais toujours présentes.

Le sein irradié ne se fait pas oublier, comme cela je pense à lui plusieurs fois par jour parce qu'il demeure un peu douloureux. L'autre n'a pas cette chance (que je pense à lui), et j'espère bien qu'il ne l'aura jamais.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, mais pas question de fermer ce blog.

mercredi 16 septembre 2009

Evolution



Tout d'abord il y aurait un jour à marquer d'une pierre blanche, le 09/09/09: ce jour la a été un jour sans bouffées de chaleur. Malheureusement ce fut un jour unique, mais l'un dans l'autre il y a beaucoup moins de bouffées de chaleur donc je peux espérer une diminution.

La mammographie est normale ainsi que l'échographie mammaire. par contre je n'ai pas trop aimé l'examen radiologique pratiqué par un jeune technicien assez imbu de lui-même, mais bon. Je dois être une très vieille dame pour lui.

Les attentes en "cabine" et les examens eux mêmes restent difficiles, mais j'en parlerai dans un autre billet.

Enfin ce matin j'avais les échographies abdominale et pelvienne. J'ai changé de lieu et je dois dire que j'ai apprécié que l'examen soit fait directement par le médecin radiologue, sans passer par un premier examen fait par une technicienne. Globalement cela a été beaucoup plus rapide, et surtout pour l'examen de l'utérus j'ai pu mettre moi-même la sonde en place et ceci a été très positif pour moi. J'ai un peu perdu le statut de corps à analyser pour redevenir corps sujet de l'examen.

Le polype a disparu, la paroi est normale, donc je dois dire que je suis ravie. l'arrêt du tamoxifène a donc été une très bonne chose.

Il reste l'analyse de sang, mais ça ce n'est pas un examen que je redoute et la visite en octobre chez mon oncologue.

Voilà pour le suivi.




colchique dans les prés.... c'est la fin de l'été

dimanche 6 septembre 2009

Radiographies: une histoire de portes.


La semaine dernière, mammographie et radio des hanches. Je suis tombée sur un jeune homme assez imbu de lui même, de sa blouse blanche et de son savoir faire.

Bien sûr, j'aurais préféré que ce soit une manipulatrice, mais je n'ai pas attendu du tout, ce qui semble un petit record.

Résultats: mammographie et écho du sein: tout va bien. Quant à la radio des hanches si je n'avais pas demandé ou lu le compte rendu, rien, et pourtant l'arthrose est là.

Mais, ce dont j'ai envie de parler ce n'est pas tant de ces examens, d'autant que je retourne au même endroit dans une dizaine de jours pour faire des échographies abdominales (dont je ne comprends pas l'utilité sauf de faire rentrer de l'argent dans le service de radiologie et d'augmenter le déficit de la sécu) et pelvienne (celle là m'intéresse bien sur, car elle permettra de voir si l'arrêt du tamoxifène a eu une incidence sur la paroi de l'endomètre).

Mais je voudrais revenir à la difficulté que j'ai avec ces examens qui font que le même "guéri" le cancer reste présent.

Dans ces examens qui se passent dans un "cabinet" c'est à dire un lieu en principe petit et séparé, voir clos, il y a ces portes qui s'ouvrent dans un sens: entrer dans la cabine, se déshabiller, attendre que la porte qui conduit sur le lieu de l'examen s'ouvre.

Entrer dans ce lieu, devenir un objet à radiographier, à échographier ou à irradier, quitter ce lieu, repasser une porte, parfois se rhabiller, parfois pas. Attendre souvent qu'une autre porte ne s'ouvre pour aller parler avec le médecin. Se retrouver dans la cabine et enfin ressortir, redevenir soi, avec un examen de plus à son actif.

Souvent il n' y a pas de lumière, juste celle de l'appareil, et le seul bruit est celui du ronronnement du dit appareil. Dans le cas de la radiothérapie, c'est un bruit assez violent. Voir ce qui se passe sur l'écran reste difficile. Moi j'aimerai que l'on me dise ce que l'on voit, ce que l'on cherche, bref que je puisse participer.

La structure de ce jeu de portes peut évoquer (ceci c'est ma problématique et mon fantasme, qui s'appuie sur le lien entre l'architecture et le corps), tout un jeu autour de être avalé, arriver dans une sorte d'antre dont on ne sait rien et qui est angoissante, ne pas savoir ce qui va s'y passer et heureusement être rejeté vers l'extérieur, ne pas être digéré par ces machines.;

Il y a donc tout ce jeu entre le dehors le dedans et le dehors. Le dedans et surtout l'échographie, car c'est un examen qui se passe dans une semi obscurité, un peu comme la radiothérapie, où souvent il fait froid (les appareils ne doivent pas chauffer) et où le corps est vraiment un objet, comme pendant la radiothérapie, objet d'examen et non de soin, un lieu pratiquement sans paroles, car le médecin ou le technicien "oeuvrent", un lieu qui pour moi réveille l'angoisse de la radiothérapie et du cancer. Si je n'avais pas eu cela, je ne serais pas là aujourd'hui.

Quand j'étais étudiante en psychologie, j'avais lu des travaux sur l'architecture et combien celle ci renvoie au corps, les portes et fenêtres étant des orifices, avec l'importance des couloirs. L'un des lieux où j'ai travaillé était assez effrayant à cet égard. Les personnes qui y étaient placées (c'étaient des débiles profonds selon la terminologie de cette époque) entraient par une porte une sorte de sas entre le dehors et l"intérieur et pour la plus part n'en sortaient que les pieds devant pour aller au cimetière qui était dans les lieux.

Quand je dois entrer dans ces cabines où l'on se dévêt avant les examens, il y a une porte d'entrée, et une porte qui donne sur un espace qui est celui de l'examen (radiologie). Etre devêtu c'est déjà être en position de faiblesse d'une certaine manière. Attendre dans cet espace que l'autre porte s'ouvre. Sortir dans un espace qui est un espace autre. Obéir aux injonctions: s'allonger, rester debout, respirer ne plus respirer respirer, attendre la vérification du cliché puis retourner dans sa petite cage, attendre... Attendre surtout la porte qui vous ramènera vers l'extérieur, vers la vie.

vendredi 24 juillet 2009

Echographie.


Me voilà rassurée, rien de visible à l'échographie. Mais quelle différence entre le sein irradié (douloureux pendant tout l'examen) et l'autre.

Radiologue très gentil, et qui me dit que la texture a été très modifiée par les rayons, que l'irrigation (veines) est aussi très différente.

Je ne sais donc pas ce qui a provoqué ces douleurs brûlures, je pense donc que cela peut revenir, mais au moins il n'y a pas de cause décelable pour le moment.

Je ferai tous les examens entre août et septembre. De gaieté de coeur sûrement pas; j'ai retrouvé un papier sur lequel il est noté que certaines consultations avec le remboursement à 100% sont A VIE. Je dois dire que cela fait quand même quelque chose.Je dois dire que ce A VIE me fait penser aux condamnations du style Prison A VIE.

Normalement je devrais prendre cela comme un cadeau: jusqu'à ma mort ces consultations là me seront remboursées intégralement, mais cela a résonné différemment. Cette pathologie là, on la porte en soi jusqu'à la mort, on est marqué par elle. Alors que signifie guérison, rémission si finalement il faut être en permanence sur ses gardes.



Qui sait?

En tous les cas, on n'en sort pas indemne et on prend une peine A VIE.

A suivre donc.

mardi 14 juillet 2009

Début de vacances




Je suis en vacances dans ma chère montagne et je me sens un peu comme ce petit hérisson...

Il y a deux ans, j'attendais avec impatience la date du début des rayons, et ça ne venait pas. Aujourd'hui, j'ai des sensations de brûlures dans le sein irradié, et je n'aime pas du tout. C'est ponctuel, donc un peu comme les bouffées de chaleur, ça arrive n'importe quand, ça ne dure pas très longtemps, mais c'est douloureux et un peu inquiétant. Je ne sais pas si c'est normal, ni ce que je dois faire; j'ai envoyé un mel à mon oncologue, et j'espère que s'il n'y a pas de réponses c'est qu'il faut juste prendre mon mal en patience. Mais que j'aimerai parfois pouvoir oublier que mes seins sont différents, que le sein gauche a des réactions qui lui sont propres et qu'il ne se passe pas une journée sans que je puisse oublier.

Le médecin dermatologue que j'ai vu récemment parlait de douleur "membre fantôme". Pour elle les douleurs liées à la pression quand je me couche ou quand je change de position sont liées à la chirurgie et surtout à l'ablation du ganglion sentinelle. Pourtant le sein il est là et bien là, mais parfois j'aimerai qu'il soit comme l'autre, parfaitement intégré dans mon cerveau et ne se faisant pas remarquer. En fait il y a de l'absent qui demeure présent et se manifeste. Etonnant non?

J'ai quand même vérifié qu'il y a un labo de radiologie à Bourg. Sait-on jamais et cela pourrait peut-être me rassurer si ces sensations perdurent.

Et puis, le début de la reprise de la rando ne s'est pas du tout passé comme je l'avais imaginé. Comme le ski se passe bien, je supposais qu'il en serait de même pour la marche, mais non. Pourtant on a commencé par quelque chose de très facile, sans surprise et là pendant la descente mon genou a commencé à avoir ses réactions très désagréables.

Le lendemain, descente peut-être un peu plus longue, mais pas difficile et rebelotte. Chaque pas devient problématique, douloureux; comme si j'avais une espèce d'élongation. Sauf que je n'ai fait aucun faux mouvement. Mais que ça fait mal. La hanche s'est aussi mise de la partie, mais pour moi c'est presque normal (pas nouveau).Enfin vivent les anti inflammatoires et les pommades diverses et variées, dont l'huile d'arnica.

Donc repos pendant 48 heures. Pas facile de vieillir.

Je dois aussi reconnaître que les bâtons de rando,
c'est une bien bonne chose; utiliser 2 bâtons ça ne me plaît pas (on a quand même sa petit fierté) mais ça simplifie bien les choses.

Et pourtant hier malgré les bâtons, malgré un rythme peu soutenu, pourquoi d'un coup mon corps a-t-il décidé de se mettre hors circuit? Et qui plus est, à moins d'un kilomètre de chez nous? Pourquoi m' a t il obligé à m'asseoir, à m'allonger, jusqu'à ce que les éblouissements disparaissent? Pourquoi mettre un pied devant l'autre est il devenu une épreuve? Cela je n'en sais rien. Je sais juste que ce corps qui est le mien d'un coup m'échappe complètement. Vivre l'instant présent est loin d'être facile, peut-être est ce un nouvel apprentissage à faire.





Heureusement la journée d'hier m'a un peu réconciliée avec moi même.

petites gentianes et violettes des Alpes.

lundi 15 juin 2009

Bonne nouvelle.


J'ai vu ma gynécologue il y a quelque temps maintenant. Elle m'a expliquée que le tamoxifène avait été arrêté parce que le polype est très vascularisé, et que le médicament favorise l'extension et donc le risque de cancérisation. J'aime bien les explications faciles à comprendre.

Elle pense que maintenant le polype devrait s'assécher de lui-même, les examens de septembre (j'ai rendez vous le 7 octobre avec mon cancérologue) permettront donc de voir ce qui se passe au niveau de l'utérus.

J'ai reçu les résultats du frottis ce samedi et il n'y a rien de suspect ni surtout de trace de sang. Je dois dire que je me sens très soulagée. C'est vraiment pour moi un plus.

A part cela, les bouffées de chaleur sont toujours présentes. J'essaye de ne pas les vivre comme une sorte d'empoisonnement de ma vie, parce que la transpiration qui envahit tout, c'est quand même fort désagréable, mais comme quelque chose de positif: il y a des choses qui sont entraînées par la transpiration et cela peut-être une sorte de purification, qu'elle soit somatique ou psychique.


samedi 25 avril 2009

J'avais oublié.

J'avais oublié que la fatigue pouvait revenir. Des amies m'avaient parlé de ces "coups de pompe" qui peuvent arriver dans les deux ans qui suivent les rayons, mais heureusement je ne vis pas dans la terreur de ce qui peut arriver.

Cela dure depuis presque 10 jours, et je n'aime pas, mais pas du tout.

Ce n'est pas dépressif, parce que je suis heureuse de voir le soleil se lever et envahir ma chambre (ceci quand je me lève de bonne heure), je suis heureuse de voir les tulipes de cette année grandir, je suis heureuse de voir cette explosion de la nature.


Je suis heureuse d'avoir un intellect qui fonctionne et qui me permet de lire sans problème.

Mais mon corps est fatigué, il se sent usé. Un effort un peu soutenu provoque une espèce de nausée et le désir intense de s'allonger (même si je ne le fais pas).

Il y a toujours ce sein qui me fait quand même mal, qui est sensible à toute pression.

Est ce que l'arrêt de tamoxifène y est pour quelque chose? Je ne sais. Mais les bouffées de chaleur perdurent quand même.

Bref, pas vraiment terrible. Du coup la mort possible se reprofile, mais cela me semble réaliste,pas dépressif.

En même temps, la partie optimiste de moi, me dit que cette fatigue a un sens, qu'elle va peut-être permettre un assouplissement psychique et spirituel, puisque le spirituel est pour moi très important. La fatigue d'une certaine manière oblige à lâcher, à abandonner, à s'abandonner. L'important est de ne pas s'en vouloir.

Hier je repensais à la petite fille que j'avais été et au plaisir que j'avais pu avoir à être portée sur les épaules. Encore que je ne suis pas sûre de cela, puisque c'est un "travail" de père et que le mien n'était pas présent dans ma petite enfance.Mais il y a des photos de moi dans les bras de ma mère.



Et je pensais à cette représentation de Jésus en berger, qui va chercher la brebis qui s'est égarée. Et moi, je me sentais à la fois la brebis vieillissante qui se traîne un peu et qui aimerait bien qu'on la prenne sur les épaules (image classique du bon berger) parce qu'elle est fatiguée et en même temps de l'agnelette qui quand elle voit le berger, a envie de sauter direct sur ses épaules, parce qu'elle sait que là elle sera bien.

Cette envie de me faire porter,et d'y prendre du plaisir, elle est nouvelle et je pense que en cela elle est bonne.

mercredi 1 avril 2009

Heureuse et perplexe.



Depuis le dernier billet, Il y a eu d'autres vacances aux Arcs, il y a eu le plaisir de skier mieux, de regarder autrement la piste, je veux dire d'avoir un regard autre sur le dessin de la piste, avec l'impression que ce changement de regard, cette sorte d'ouverture avait une incidence sur ma manière d'être. Peut-être moins s'occuper des détails pour avoir une vue plus globale. Ce qui est certaine c'est que regarder largement devant est pour moi source de joie.

Il y a eu les examens: prise de sang et échographie.La prise de sang est bonne sauf pour les hématies et les leucocytes: un peu faiblard, mais comme je ne me sens pas vraiment fatiguée, pas un problème. Juste un peu déçue, comme si je m'attendais à ce que les séjours à la montagne fassent des miracles.

L'échographie pelvienne, qui est quand même un examen assez long, qui mobilise deux personnes différentes: une gentille technicienne et ensuite le médecin échographiste, je ne le vis pas bien. La sonde m'a fait mal et un certain silence aussi. J'aimerai tant comprendre ce que l'on voit. Cet examen, qui se passe dans une salle un peu sombre, je le vis toujours aussi mal, comme s'il réactivait le vécu des rayons et aussi la mise en place de cet sorte de hameçon qui a été posé la veille de l'intervention chirurgicale. Les souvenirs cela reste bien vivace.

Je veux dire aussi que les temps d'attente, la solitude dans la pièce, et cette sensation d'être un "corps" sont difficiles à vivre pour moi. A cela s'ajoute le peu d'informations que j'ai pu glaner, et je dois reconnaître qu'une compte rendu d'échographie, cela reste difficile à interpréter pour moi. Je sais que le polype a un peu augmenté, mais un peu qu'est ce que cela veut dire?

Il y a la vie de tous les jours et l'impression de vivre avec deux seins radicalement différents; Un sein "normal" vivant qui se laisse oublier, je dirais qui est parfaitement intégré dans mon schéma corporel et l'autre le gauche qui a des sensations étonnantes, brûlures, petites douleurs, poids. Normalement je devrais penser que s'il y a des sensations c'est qu'il est vivant. Or plus le temps passe, et plus pour moi ce sein a été comme stérilisé par les rayons, et je le vis comme un sein mort.

Ceci veut dire aussi qu'il n'y a pas une journée où ces sensations qui sont intenses au moment du coucher, où je puisse oublier que j'ai eu un cancer du sein, et que la mort est là, même si je vais bien.

Il y a une phrase de l'Evangile de Jean qui m'est revenue d'un coup: Jn 7, 37: "Qu'il vienne a moi celui qui a soif et des fleuves d'eau vive se déverseront de son sein"; Certaines traductions remplacent sein par coeur, mais pour moi, c'est bien le mot sein qui joue.

Curieusement je suis de plus en plus amenée à centrer la relation d'aide sur une écoute plus spirituelle, et mon sein stérile (parce que je le vus réellement comme cela) peut-il devenir source d'eau vive (pas la mienne bien entendu, mais celle de la source qui est en moi) pour d'autres? Mystère de la mort et de la vie, ou de la vie et de la mort.

Mais cela malgré le printemps qui revient, rappelle que le corps est appelé à disparaître.

Hier j'avais rendez vous avec mon oncologue; Il semble avoir été surpris par le fait que j'étais souriante. Il est vrai que je vais bien, mais j'ai une certaine peur de ces rendez vous.

Alors la bonne nouvelle, c'est l'arrêt du tamoxifène, car compte tenu de la croissance du polype, le bilan final risque d'être plus négatif que positif. Là je dois dire que je l'aurais bien embrassé. Hier j'étais sur un petit nuage, envie presque de boire du champagne pour célébrer la fin du traitement;

Et puis après, une certaine peur, une certaine perplexité. Cette hormone, certes elle a des effets secondaires, mais pour moi elle a toujours été la gage d'une non récidive, en tous les cas au niveau de l'autre sein, celui qui est pour moi est bien vivant. Est ce que 18 mois auront été suffisants?

D'où cette sorte de perplexité qui est la mienne. A la fois du contentement, et une petite inquiétude, car le cancer ça tue.

Pourquoi cette image du désert de sable? Je ne sais pas, peut-être à cause des couleurs de l'ocre, peut-être à cause du mouvement du sable, peut-être à cause de l'aridité de ce lieu, qui doit être traversé pour mener à la vie.

lundi 2 février 2009

Troisième année.


Oui, j'entre dans la troisième année. Il y a deux ans, le nodule était là, mais je ne le savais pas. Aujourd'hui, il n'est plus là, mais je vis quand même avec sa présence "fantôme".

Je veux dire que j'aimerai tellement pouvoir me coucher sans sentir cette différence entre les deux seins, oublier qu'il y a eu une opération, qu'il y a eu une irradiation, mais les sensations ne le permettent pas.

Elles ne sont pas douloureuses, mais elles sont là. Cela pourrait se dire en terme de ressenti de pincement, de tiraillement de lourdeur, de petites douleurs quand je me couche sur le côté gauche. Cela ne dure pas très longtemps, mais ma droite et ma gauche sont deux parties distinctes.

Maintenant comme cela a quand même beaucoup diminué du moins en ce qui concerne la douleur, alors il y a une partie de moi qui espère qu'un jour ça sera complètement derrière.