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mardi 5 août 2008

" Cancer et rapport au temps"

Je ne pensais pas que le cancer avait introduit dans ma vie un tel rapport avec la mort...

Hier soir nous étions au concert de clôture de l'académie festival des Arcs, et le directeur artistique a terminé son discours en disant: à l'an prochain le 19 juillet 2009, autour d'un festival consacré en partie à Brahms.

J'aime Brahms et les quatuors, mais ma première réaction a été de me dire, où serais-je le 19 juillet 2009? Ma réponse: je n'en sais rien. 

Certes j'espère être aux Arcs, mais je suis incapable de faire maintenant des projets à aussi long terme. 

Je peux me réjouir de ce programme, mais je ne suis pas maître du temps et n'importe quoi peut arriver et bloquer ce projet. 

Or je pense que ce changement est très lié à la pathologie du cancer. 

Je veux dire que cette maladie est une maladie qui tue et que les statistiques de "rémission" à un, deux ou cinq ans, montrent bien qu'il s'agit d'une lutte contre la mort. 

Que le cancer que j'ai eu, soit un cancer pour lequel le taux de rémission à 5 ans est de l'ordre de 95%, montre qu'en soi ce n'est pas ce cancer là qui se mettra à métastaser. Mais il est certain que mon rapport à la vie et à la mort a été modifié d'autant que malgré tout mon sein ne se laisse pas oublier, même s'il est moins gênant qu'avant la prise de l'antidépresseur.(1).

Chaque jour, avec parfois son lot de fatigue, de douleur qui me réveille dans la jambe gauche, (douleur que je pense un peu majorée par la prise du tamoxifène qui n'est pas génial pour la circulation), mais aussi de joie, joie d'être avec celui que j'aime, d'être avec ceux que j'aime, joie d'être dans ce pays magnifique, est un jour privilégié, un jour unique, comme chaque fleur de ce parc naturel de la vanoise est unique.  

Les fleurs oranges à plusieurs têtes ne sont pas des crépides orangées mais peut-être des séneçons tétard ou des épervières orangées. Si quelqu'un a une idée, elle sera la bien venue. Quant aux fleurs blanches cotonneuses je ne connais pas leur nom.. Bien entendu la petite fleur bleue est une gentiane. Il y en a énormément cette année.

(1) Je prends du cymbalta 60 mg depuis maintenant 6 semaines, pas d'effets secondaires et j'en suis très contente.

vendredi 1 août 2008

"La grande casse"


Nous sommes passés il y a de nombreuses années par le col de la Grande Casse et le souvenir que j'en ai est celui de caillasse à perte de vue. Le nom par lui même est très évocateur de concassage, de mise au rebut. 

Les images que j'ai pu trouver sont des images de neige et ne renvoient pas à mon souvenir. 

Pourquoi ce titre? C'est en grande partie parce que après trois semaines passées ici, alors que tout devrait aller pour le mieux, j'ai renoué (heureusement pas tout le temps) avec ce que j'appelle ma "mauvaise fatigue" celle qui porte au coeur, et que j'ai eu l'impression que je devais être mise à la casse, comme une voiture usagée et que ce n'est pas un sentiment très agréable. 

Pourtant, objectivement je marche mieux et j'espère bien me refabriquer des muscles pour les pistes. Il est vrai que descendre à ski au lieu de monter, cela n'a rien à voir. Mais pourquoi cet espèce de coup de grisou, cela je ne sais pas. 

j'ai des amies, qui comme moi ont eu des rayons et qui parlent de coups de fatigue, où l'on a qu'une envie, à savoir de se coucher en attendant que ça passe. Alors suite des rayons, question de mon âge, je ne sais pas, mais c'est bien pénible à vivre. Et pourtant que ce pays est beau. 

A chaque promenade je découvre des variétés de fleurs que je ne connaissais pas, et cette beauté et surtout cette prodigalité de la nature est extraordinaire. 

Hier nous étions sur une route pleine de cailloux certains très foncés , d'autres très rouillés, qui se chevauchaient les uns les autres et donnaient une impression d'aridité. Et bien, malgré cela, il y avait par ci, par là des petites touffes de renoncules, de campanules, de petites fleurs blanches en étoile, qui étaient arrivées à s'accrocher malgré l'aridité du terrain, malgré l'eau qui dévale, malgré les rocs qui se délitent. Et cela est une sorte d'espoir, même là où ça semble sans espoir, la vie peut jaillir.

Il est possible aussi que les coups de fatigue soient liés à la chaleur, mais c'est difficile à vivre, car cette fatigue là est pour moi une mauvaise fatigue. 

Je dois dire aussi que se plaindre de cette fatigue, me gêne un peu. En fait je n'aime pas me plaindre, je n'ai pas été "formatée" pour ça, mais pourtant le fait de dire ce qui se passe dans mon corps est quand même important, même si c'est une expérience singulière.

A suivre...