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lundi 4 juin 2007

Enfiler des perles

Catherine Lestang

Actuellement j'ai l'impression que ma vie s'organise d'un rendez vous à l'autre. Samedi, c'était le chirurgien. Je dois dire que je suis très mécontente de la cicatrice qu'il m'a infligée sous l'aiselle, là où il a retiré un ganglion "sain". Au fond de moi, je vis très mal ce que l'on appelle un "curetage"car je ne sais pas à quoi il sert. Et la cicarice aurait pu être plus fine, avec un surjet. Impression de ne pas être respectée dans ma féminité. Et puis je n'ai toujours pas le moindre compte rendu ni le moindre résultat.

Le prochain rendez vous c'est celui avec l'oncologue: le 15 juin. J'espère juste pouvoir partir profiter de la mer et du soleil (prendre des douches de soleil) avant de prendre des douches de rayons pendant les mois de vacances.

Entre temps il y a eu le phlébologue. Et là, alors que j'attendais qu'il se décide enfin à s'occuper de la jambe qui me fait mal avec les chaleurs, cela a été une fin de non recevoir:" avec le cancer, je ne prends pas de risques." Cette maladie là est tout le temps présente. Elle refuse de se laisser oublier et en cela elle est aussi assez dramatique, difficile à vivre.

J'ai aussi ou du moins j'aurais aussi un rendez vous chez un médecin généraliste, qui traite d'une manière plus globale le corps et lui permet de résister aux agressions et de l'anesthésie et des rayons. Et puis je vais voir "mon" étiopathe. Lui au moins même s'il se centre sur les points à problèmes,(mon cou, ma jambe, ma hanche) il reste dans une vision globale et cela est rassurant.

Ce corps en morceau, chaque spécialiste ayant son "bout" est un corps" objet" et de cette représentation nait pour moi une souffrance. Je ne sais si comme le dit Rimbaud, Je est un autre, mais ce que je sais c'est que je est Un.

Aujourd'hui, même si le nodule n'est plus là, la douleur résiduelle fait qu'il m'est impossible de me considérer comme un "porteur sain". Et de cette douleur personne n'a parlé. Elle doit être normale, mais qu'est ce qui est normal avec cette maladie qui ne l'est pas.

Qu'est ce que c'est que cette pathologie ou d'un coup une cellule ou du moins un ensemble de cellules décident de se prendre pour Dieu, d'être indestructibles, immortelles et pour cela de "coloniser" en le détruisant (mais cela elles ne le savent pas) des parties du corps nécessaires à leur croissance. Un peu comme si à l'interieur de moi, il y avait un jeu de Go.Comment défendre les territoires? C'est en fait une drôle de guerre avec une politique de la terre brûlée.

D'après ce que j'ai pu lire, les rayons c'est cela. Irradier donc brûler et détruire toutes les cellules, avec l'idée que seules les cellule snon cancéreuses se régénèreront.

Il est tout à fait possible comme le recommande Simonton de visualiser cela: une sorte de douche qui purifie au sens fort du terme. Ce qui permet de comprendre que la purification ce n'est pas juste prendre un bain qui vous rend propre; c'est passer par un creuset avec de la destruction pour que la vie puisse naïtre à nouveau.


Ce que je veux dire c'est que cela ne se fait pas sans douleur. Le métal que l'on chauffe pour le débarasser de ses scories, doit passer à l'état liquide, ce qui n'est pas sa forme "normale". Et tout changement nécessite de l'énergie et de la destruction.

Si on admet que Jésus "détruit" la mort liée dans notre inconscient au péché, seule la violence de la destruction pouvait permettre que la vie purifiée de cette scorie que l'on nomme péché ou cette persistance de la vie animale qui tend à détruire et à voler l'autre puisse enfin advenir.

Il est vrai que aujourd'hui, ce nodule avec sa forme bizarre, je le considère comme une énorme impureté presque une sorte de lèpre.

Et la question qui demeure reste celle du "comment" j'ai fait pour me fabriquer cela et pourquoi. Si le pour quoi ne pose pas trop de questions, le comment reste encore très aveugle. Qu'est ce qui a fait que les défense psychiques aient été comme balayées et n'ont pas protégé le corps. Et lui que dit-il dans cette histoire?

Souvent c'est bien après que ça s'éclaire. Alors enfiler les jours l'un après l'autre comme des perles sur un fil. Et en garder le poids et la rondeur au creux de la main. Cela c'est être vivant.

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